Sous le Haut Patronage du Roi Mohammed VI, Tanger a vibré, trois jours durant, du 7 au 9 juin courant, au rythme des travaux de la deuxième édition du congrès de la Technologie et de l’Innovation « Cyfy Africa 2019 ».
Les débats de ce congrès qui a pris fin dimanche, étaient focalisés sur des sujets relatifs à l’impact de la technologie et de l’innovation et l’influence des réseaux sociaux sur les sociétés, sur les décisions politiques et sur la relation entre les nations et les peuples, développés par quelque 200 intervenants venus de 64 pays dont l’ancien Premier ministre espagnol, Luis Rodriguez Zapatero, de la secrétaire généraledu Club de Madrid des anciens chefs d’Etats et de gouvernements, Elena Agüero, et du ministre de l’Industrie, du commerce et de l’économie numérique, Moulay Hafid Elalamy.
Le congrès s’est arrêté sur la contribution de la technologie aux changements, l’émergence de détracteurs des réseaux sociaux, et la manière dont les grandes entreprises traitent le déficit culturel grandissant, ainsi que le rôle des gouvernements dans le façonnement de l’avenir et le besoin de nouveaux cadres pour accompagner les mutations profondes qui s’opèrent aujourd’hui.
Dans cette même optique, CyFy Africa 2019 a examiné les moyens de lutter contre la propagation de la violence sur les réseaux sociaux, et la manière dont les gouvernements et les organisations internationales interviennent auprès des familles, des dirigeants et des éducateurs pour créer des communautés prévenues face aux dangers de l’utilisation de la technologie.
Parallèlement, le congrès a consacré un de ses panels à l’avenir du journalisme dans le monde au vu des transformations technologiques grandissantes, au processus électoral de vote et à la lutte contre le piratage qui influence souvent le résultat final d’un vote, ou encore l’avenir des femmes dans le monde des affaires, de la finance et de l’économie.
Dans son intervention, l’ancien chef du gouvernement espagnol, José Luis Rodríguez Zapatero, a souhaité une réglementation adéquate répondant à l’éthique de l’information et de la communication de manière réguler la vague de digitalisation qui façonne le monde d’aujourd’hui.
« Il s’agit de mettre en place des freins au développement sauvage des grandes compagnies et légiférer l’usage et le stockage des données personnelles, a-t-il préconisé, recommandant la rédaction d’un pacte des droits numériques des citoyens pour permettre un accès de toute l’humanité à Internet et à l’économie du savoir.
« C’est la seule manière de garantir aux pays en croissance de rattraper le retard en matière de développement avec leurs aînés occidentaux et de permettre une égalité des chances » estime M. Zapatero.
Pour sa part, le ministre de l’industrie, du commerce, de l’investissement et de l’économie numérique, Moulay Hafid Elalamy, indique que la digitalisation qui est, selon lui, une déferlante qui n’a pas que des points positifs, a tout de même, permis au Maroc et à l’Afrique de gagner en compétitivité
« La digitalisation avec la réalité augmentée, par exemple, permet aux techniciens marocains d’être plus performants et d’acquérir plus d’expertise. C’est le cas avec l’impression 3D qui permet d’imprimer des pièces extrêmement complexes, impossibles à réaliser auparavant. Le digital permet aussi au Maroc de monter une véritable industrie aéronautique avec la fabrication de pièces nobles comme celles des réacteurs d’avion », explique Moulay Hafid Elalamy, ajoutant : « Plus de 2000 techniciens et ingénieurs travaillent grâce à la digitalisation à la réalisation de pièces et de modèles avec des équipes mondiales, et le Maroc a pleinement travaillé pour y arriver en mettant en place des infrastructures de connexion adéquates comme des réseaux de fibre optique et de téléphonie sans fil en 4G à même d’améliorer la connectivité du pays et de là son attractivité pour les investisseurs et d’aider par la même occasion à maintenir les ressources humaines et les talents marocains sur place ».
Abordant ensuite la réglementation de l’e-commerce en provenance des pays de l’extrême orient, le ministre y voit une concurrence directe du commerce de proximité.
« Le développement de l’e-commerce, surtout à partir de l’étranger, risque de peser lourd sur le commerce de proximité, sachant que l’e-commerce est en train de devenir une mode qui dicte les nouvelles tendances en matière de consommation avec une augmentation de 50% en volume de transactions et 13 millions de consommateurs en 2018 », explique Elalami, ajoutant, toutefois, que l’e-commerce est aussi en train de modifier de manière conséquente les modalités de consommation et de rompre l’équilibre des relations commerciales avec l’étranger , avec tous les risques que cela représente pour le commerce de proximité qui constitue une véritable base de l’économie locale, d’où une réflexion qui s’impose pour savoir s’il faut continuer sur cette voie », souligne le ministre marocain, donnant l’exemple «des jeunes qui n’achètent plus de clé USB localement ; ils se la font livrer directement de Chine ».