Après plusieurs retards au démarrage et une mise en quarantaine prolongée suite à la propagation planétaire de la pandémie du Coronavirus, le stratégique et très ambitieux projet de création de la « Cité Tanger Tech », revient, par intermittences au-devant de la scène, avant de sombrer de nouveau.
Le projet de création de ce pôle industriel et économique, futuriste, écologique, connecté aux technologies nouvelles et symbole d’une Afrique ouverte sur le monde dans la périphérie de Tanger, à l’orée du complexe portuaire de Tanger Med, constituait une étape importante dans la coopération sino-marocaine.
La Cité est une ville intelligente (smart city) étendue sur plus de 2000 hectares qui abritera des industries, des multinationales, un espace de vie et bien d’autres commodités. Voulue comme un trait d’union entre la Chine et l’Afrique, ce projet devrait, selon ses initiateurs, permettre à terme la création de 100.000 nouveaux emplois et l’installation d’entreprises chinoises de renom opérant dans différents secteurs ouvrant des opportunités sur un marché africain de plus de 1,2 milliard de consommateurs.
La signature de plusieurs accords de partenariat a permis de franchir une étape décisive dans la concrétisation de ce projet. entre la « China communications construction company (CCCC)/China road and bridge corporation (CRBC), reliant CCCC/CRBC à Pékin » ; la Région Tanger-Tétouan-Al Hoceima et l’Agence Spéciale Tanger Méditerranée (TMSA) à Tanger, ainsi que Bank Of Africa (BMCE) à Casablanca.
A travers ces accords, CCCC/CRBC formalise son entrée dans le capital de la Société d’aménagement de Tanger Tech (SATT), à hauteur de 35%, aux côtés de BMCE Bank, la Région Tanger-Tétouan-Al Hoceima et TMSA, consolidant ainsi le tour de table de la SATT, fait savoir un communiqué du Groupe Bank Of Africa.
Le protocole d’investissement et le pacte d’actionnaires ont été signés d’un côté par CCCC et CRBC, représentés respectivement par leurs Vice-présidents, MM. Liang Qingshan et Sun Yaoguo, et de l’autre côté par BMCE Bank, représentée par son Président directeur général, M. Othman Benjelloun, TMSA représenté par son Président, M. Fouad Brini, et la Région Tanger-TétouanAl Hoceima, représentée par sa Présidente, Mme Fatima El Hassani.
Lors de cette cérémonie de signature, la société AEOLON, l’un des premiers fabricants mondiaux de pales éoliennes, avait d’ores et déjà annoncé son intention de s’installer dans la Cité Tanger Tech avec un investissement de 140 millions US Dollars et la création de plus de 2000 emplois.
Quelles seraient donc les causes derrière le retard que connaît le démarrage du projet ?
La réponse nous vient d’un expert marocain qui était proche du dossier : « Au départ, le Maroc et la Chine avait un intérêt commun dans la construction de ce projet, néanmoins, il fallait qu’il soit porté par des entreprises publiques et par les Etats eux-mêmes. Or, notre partenaire chinois était une entreprise du secteur privé, qui était très petite par rapport aux ambitions de la Chine pour le Maroc et l’Afrique. Ainsi, les Chinois nous ont dirigés vers un nouveau partenaire, l’une des plus grandes entreprises publiques de la Chine : « China communications construction company (CCCC)». Donc, ce changement de partenaire a fait que la procédure ait pris plus de temps pour être concrétisée, surtout en termes de négociation et de mise en place des éléments incitatifs pour attirer les investisseurs ».
A la deuxième question : « Comment évaluez-vous le choix de la Chine pour le Maroc, comme partenaire ? », l’exprt répond : « Le choix du Maroc s’est fait sur plusieurs critères, notamment la stabilité politique et financière, sans oublier la position géographique exceptionnelle de notre pays qui lui permet d’être un hub économique international, offrant aux investisseurs un pont vers les différents marchés mondiaux. Il s’agit donc d’un partenariat gagnant/gagnant bénéficiant aux deux parties : le Maroc va gagner le savoir-faire, les rentrées en devise grâce à l’export, la création d’emploi et la confiance des partenaires. Quant à la Chine, elle va pouvoir consolider sa nouvelle route de la soie, qui implique l’Asie, l’Europe, l’Afrique et même au-delà.
En septembre 2019, l’annonce avait été faite que la Cité Tanger Tech était prête et qu’elle pouvait accueilli,r dès fin octobre de la même année, les premières firmes. « Le site peut accueillir, dans un mois au maximum les premières entreprises qui souhaitent s’y installer», avait annoncé Mohammed Agoumi, Directeur général délégué, en charge de la Coordination de l’international de BMCE Bank of Africa, précisant que « le hors-site était quasiment fini et que le in-site était, sur les 500 premiers hectares, très bien avancé ».
La suite, on la connaît : cet élan dynamique a été stoppé net par la pandémie du Coronavirus qui avait démarré en Chine.
Alors qu’on le croyait compromis suite à la défection au printemps 2019 du groupe chinois Haite qui devait en être la cheville ouvrière, le projet de la Cité Tanger Tech connaît un sursaut la même année. Le vendredi 26 avril à Pékin, en marge de la participation marocaine au 2ème forum sur l’initiative Ceinture et Route de la Soie, un mémorandum d’entente (MoU) est signé entre la Société d’aménagement de Tanger Tech (SATT) et l’Entreprise chinoise China Construction Communication Company (CCCC) portant sur la relance de l’aménagement et du développement de cette cité intelligente. La signature de ce MoU par le Président de la SATT, Othmane Benjelloun, et Weng Gang, Vice-Président de la CCCC, s’était faite en présence de Mohcine Jazouli, ministre délégué chargé de la Coopération Africaine.
Depuis, on est toujours sous le joug de la pandémie du Covid 19 et on attend des jours meilleurs… !