par le Docteur Abdelhak BAKHAT
Dans notre précédente édition, nous nous étions engagés à revenir sur le sujet du 31émé Sommet de la Ligue des Etats Arabes, tenu en Algérie les 1ers et 2 novembre courant, afin de tirer les conclusions des travaux de cette rencontre, et établir les succès ou les échecs qui ont marqué l’événement.
Les travaux ont pris fin dans l’après-midi du mercredi 2 novembre, après plusieurs heures de débats sur différentes questions régionales et internationales.
Le sommet a été sanctionné par la « Déclaration d’Alger », qui a énuméré l’ensemble des points abordés et sur lesquels les participants se sont mis d’accord.
Tout en désignant le pays qui devra accueillir la 32eme édition du Sommet de l’organisation panarabe, en l’occurrence l’Arabie Saoudite, les participants ont insisté sur la « nécessité de participer à l’élaboration des contours du nouvel ordre mondial après l’épidémie de Covid-19 et la guerre en Ukraine ».
La déclaration a, d’autre part, dénoncé «l’ingérence étrangère, sous toutes ses formes, dans les affaires intérieures des pays arabes », ce qui constitue un véritable clin d’œil à l’Algérie vis-à-vis du Royaume du Maroc.
On privilégie également le « principe des solutions arabes aux problèmes arabes », à travers « le renforcement du rôle de la Ligue des États arabes dans la prévention et le règlement des crises par des moyens pacifiques ».
Les signataires de cette Déclaration ont aussi affiché leur soutien aux «efforts déployés par de nombreux pays arabes, en particulier l’État du Koweït, dans le but de réaliser la solidarité arabe et du Golfe ».
La Déclaration a consacré une grosse part à la question palestinienne, en réaffirmant le « soutien absolu des pays arabes aux droits inaliénables du peuple palestinien, y compris son droit à la liberté et à l’autodétermination » parlant d’un « État indépendant et pleinement souverain de Palestine sur la base des frontières du 4 juin 1967, avec Jérusalem-Est comme capitale ».
Tout en réaffirmant « l’adhésion à l’initiative de paix arabe de 2002 », le sommet de la ligue arabe exige « la levée du blocus sur la Bande de Gaza » et condamne « l’usage de la force par la puissance occupante contre les Palestiniens, et toutes les pratiques barbares, y compris les assassinats et les arrestations arbitraires, et demande la libération de tous les prisonniers et détenus, en particulier les enfants, les femmes, les malades et les personnes âgées ».
Contre le vœu de la délégation algérienne, le texte a reconnu le rôle du Comité Al Qods, que préside le Roi Mohammed VI, dans la défense de la Ville Sainte face aux plans israéliens visant sa judaïsation et «le soutien apporté à la résistance de ses habitants». Il a porté, aussi, une mention spéciale aux actions de Bayt Mal Alqods Acharif, dont le siège est à Rabat, essentiellement financé par le Maroc.
La Déclaration a, d’autre part, insisté aussi sur la nécessité de «renforcer l’action arabe commune pour sauvegarder la sécurité nationale arabe dans son concept global et dans toutes ses dimensions politique, économique, alimentaire, énergétique, hydrique et environnementale ».
Le document a souligné, dans ce sens, la nécessité de contribuer « à résoudre et à mettre fin aux crises que connaissent certains pays arabes, de manière à préserver l’unité des États membres, l’intégrité de leurs territoires et leur souveraineté sur leurs ressources naturelles » (Autre clin d’œil à l’Algérie vis-à-vis du Maroc).
Les signataires insistent sur l’importance de soutenir les « efforts visant à mettre fin à la crise libyenne par une solution libyenne, en vue d’aller vers l’organisation des élections dans les plus brefs délais».
Le sommet a également, encouragé le soutien à la démarche visant à aller vers une solution politique au Yémen et en Syrie, tout en faisant part de solidarité avec le Liban, la Somalie et Djibouti.
Par complaisance et pour répondre au vœu discret mais persistant du pays hôte du Sommet, l’Algérie, la «Déclaration d’Alger» a évité d’être explicite sur la question de l’appui armé de l’Iran à des milices séparatistes dans les pays arabes. Elle a exprimé son « rejet de l’ingérence étrangère sous toutes ses formes dans les affaires intérieures des pays arabes».L’allusion est claire, mais il fallait ménager les hôtes..
Et pourtant, la délégation marocaine, présidée par Nasser Bourita, ministre des Affaires étrangères, a présenté, samedi 29 octobre, lors la réunion à huis-clos des ministres des Affaires étrangères, un projet de résolution condamnant l’appui armé de l’Iran au polisario. Le représentant permanent du Maroc auprès de la Ligue Arabe, l’ambassadeur Ahmed Tazi, a souligné dans ce sens que la délégation marocaine, appuyée par de nombreux pays arabes, a appelé à la « condamnation de l’ingérence iranienne visant la déstabilisation des pays arabes ». C’est dire que l’Algérie a tout fait, d’abord pour empêcher d’inclure l’Iran dans l’ordre du jour de ce Sommet et quand elle n’a pas réussi à le faire, elle s’est évertuée pour qu’il n’y ait pas de condamnations claires qui feraient allusion au régime iranien et à ses ingérences belliqueuses et à ses velléités de semer la zizanie et de déstabiliser nombre de pays arabo-musulmans.
Chacun sait que Téhéran et son allié le Hezbollah libanais mènent une guerre contre tous les pays arabes, hormis, bien entendu, l’Algérie, la Syrie et le Liban. Cette entente algérienne douteuse avec le régime chiite de l’Iran décrédibilise le pouvoir militaire algérien, qui prétendait, lors de ce sommet arabe, chercher à unifier les rangs des Nations Arabes (sic).
D’une manière générale, les travaux de ce Sommet se sont déroulés selon l’agenda tracé par le Secrétariat général de la Ligue des Etats Arabes, avec quelques interférences déplacées de responsables algériens qui avaient de la peine à discerner entre leur rôle de simples hôtes et non pas d’organisateurs de la rencontre
D’autre part, le fait marquant qui a failli faire culbuter le Sommet est celui de l’absence de plusieurs Chefs d’Etat Arabes qui ont décliné l’invitation pour diverses raisons, ou par principe.
Il faut dire que l’Algérie, avec ses bourdes, ses maladresses, ses manigances, et son ignorance manifeste des règles conventionnelles de la diplomatie, aura tout fait pour que ce Sommet capote. Cela a été évité de justesse … !