Par Docteur Ali ID HAMMOU Laboratoire Franco-Marocain D’analyses Médicales
H.pylori est un bacille gram négatif qui colonise exclusivement la muqueuse gastrique et dont la transmission est interhumaine. La contamination se fait généralement pendant l’enfance, mais l’infection persiste toute la vie tant qu’il n’y a pas d’éradication. L’infection à H. pylori entraîne une gastrite d’abord aiguë puis chronique, le plus souvent asymptomatique.
C’est une cause majeure de l’ulcère gastroduodénal (95 % des ulcères duodénaux et 70 % des ulcères gastriques seraient associés à une infection à H. pylori). Elle a également un rôle dans la carcinogénèse du cancer de l’estomac (adénocarcinome à plus de 90 %, lymphome gastrique du tissu lymphoïde associé aux muqueuses dit lymphome du Malt gastrique). L’adénocarcinome gastrique résulte principalement d’une évolution lente et prolongée de la gastrite chronique vers des lésions prénéoplasiques, la gastrite chronique atrophique, la métaplasie intestinale puis la dysplasie pour aboutir au cancer. On estime qu’un malade infecté sur 100 développera un adénocarcinome gastrique après plusieurs décennies.
Le traitement de l’infection a montré son efficacité sur la cicatrisation de l’ulcère duodénal et la prévention des récidives d’ulcères gastriques et duodénaux. Il est également efficace sur la prévention des cancers gastriques, surtout s’il est initié avant l’apparition des lésions précancéreuses.
Chez l’adulte, dans quelles situations la recherche d’une infection et son traitement sont-ils indiqués ?
– Ulcère gastrique ou duodénal
– Avant prise d’anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) ou d’aspirine à faible dose en cas d’antécédent d’ulcère gastrique ou duodénal ;
– Dyspepsie chronique.
– Anémie par carence en fer sans cause retrouvée ou résistante à un traitement oral par fer ;
– Carence en vitamine B12 sans cause retrouvée ;
– Facteurs de risque de cancer gastrique :
* Personne apparentée à un patient ayant eu un cancer de l’estomac (parents, frères/sœurs, enfants) ;
* Patient ayant un syndrome de prédisposition aux cancers digestifs
* Patient ayant eu une gastrectomie partielle ou un traitement endoscopique de lésions cancéreuses gastriques
– Lymphome gastrique du Malt ;
– Patient devant avoir une intervention bariatrique, isolant une partie de l’estomac ;
– Purpura thrombopénique immunologique de l’adulte (ecchymoses)
Comment faire le diagnostic de l’infection ?
La sérologie, le test respiratoire à l’urée marquée au carbone 13 et la recherche d’antigène dans les selles sont pérformants pour le diagnostic de H. pylori.
La sérologie n’est pas indiquée pour contrôler l’éradication, les anticorps pouvant persister des mois, voire des années après éradication de la bactérie. Il est inutile de répéter un test sérologique.
La gastroscopie avec biopsies permet de rechercher une infection à H. pylori mais aussi de détecter des lésions prénéoplasiques lors de l’examen anatomo-pathologique. Elle permet également de réaliser l’examen bactériologique et l’évaluation de la sensibilité de la bactérie aux antibiotiques, s’ils sont réalisables.
Quels traitements contre l’infection à H. pylori ?
Le traitement n’est pas à administrer en urgence. Et en cas de grossesse ou d’allaitement, par exemple, il doit être différé.
Le traitement dépend de la connaissance que l’on a de la sensibilité de la bactérie aux antibiotiques, notamment à la clarithromycine.
Les tests d’amplification génique ( PCR ) offrent la possibilité de détecter les mutations responsables de la résistance à la clarithromycine.
En l’absence d’évaluation de la sensibilité aux antibiotiques, le traitement sera probabiliste. Dans ce cas, il est recommandé une quadrithérapie associant un IPP ( Omeprazole….) et trois antibactériens pendant 10 ou 14 jours.
Le contrôle d’éradication de l’infection doit être systématique après chaque ligne de traitement car celui-ci n’est pas efficace à 100 %.
Le test respiratoire à l’urée marquée est une méthode performante pour contrôler l’efficacité de l’éradication, à condition d’être réalisé au moins 4 semaines après l’arrêt des antibiotiques et au moins 2 semaines après l’arrêt des IPP.
La recherche d’antigène fécal est une alternative au test respiratoire.
Quelles sont les conditions de succès du traitement ?
Le succès du traitement repose sur la qualité de l’information du patient. Il est essentiel qu’il comprenne l’intérêt de l’éradication, la nécessité de bien prendre le traitement jusqu’à son terme pour une meilleure efficacité et l’importance du contrôle d’éradication.