Le Maroc ne prévoit pas d’ouvrir les douanes de Ceuta et Melilla à court ou moyen terme, invoquant des obstacles « techniques » depuis leur fermeture en 2018. Le ministère des Affaires étrangères marocain lie ce refus aux récentes annulations d’accords de pêche et agricoles par la justice européenne, soulignant que Rabat n’a pas l’accord du Sahara Occidental pour négocier en son nom. Le Maroc conditionne également la réouverture des douanes à la reconnaissance par l’UE du Sahara Occidental. Les implications de cette réouverture dépassent les enjeux économiques pour les deux villes autonomes.
l’ouverture de postes douaniers implique une reconnaissance de la souveraineté d’un territoire d’un autre pays, ce qui est particulièrement complexe pour Rabat en ce qui concerne Ceuta et Melilla.
Selon des sources diplomatiques, l’ouverture de douanes commerciales marque un tournant dans les revendications territoriales du Maroc sur Ceuta et Melilla, comme constaté par la Moncloa et les Affaires étrangères. Les Affaires étrangères espagnoles ont été informées par Rabat que le retard du projet est dû à la colère du Maroc et du Roi Mohammed VI, face à une décision de la Cour de justice de l’Union européenne. Le Maroc n’a pas l’intention de reconnaître Ceuta et Melilla comme des territoires espagnols ou européens, tant que les problèmes liés à la pêche et à l’agriculture ne sont pas résolus, et il attend un engagement de l’Espagne concernant la reconnaissance des produits du Sahara occidental.
Le ministre de l’Agriculture, de la Pêche et de l’Alimentation, Luis Planas, a indiqué cette semaine que le gouvernement espagnol souhaite « approfondir les relations stratégiques » avec le Maroc, malgré le fait que la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE) ait annulé les accords commerciaux. L’agriculture et la pêche, car il considère que le pays africain n’a pas le consentement du peuple du Sahara Occidental .
La Cour a donc mis fin aux litiges relatifs aux accords de pêche et d’agriculture, reconnaissant au peuple sahraoui des droits que le président du gouvernement, Pedro Sánchez, ne reconnaît pas en cédant le contrôle du ciel de la région à Mohamed VI.
« Nous respecterons la décision, mais nous sommes très intéressés par l’approfondissement des relations stratégiques avec le Maroc », a déclaré Planas aux médias à Luxembourg avant la réunion des ministres européens de l’Agriculture et de la Pêche.
Le revers de Sánchez à Rabat ! Pedro Sánchez, président du gouvernement, était revenu en Espagne de sa visite au Maroc en février dernier sans résoudre l’un des problèmes que la Moncloa essayait de mettre fin depuis des années : l’ouverture des douanes à Ceuta et Melilla. Mohamed VI a reporté à nouveau ce projet qui avait déjà été préparé et qui a nécessité plus de temps. D’après des sources diplomatiques marocaines consultées à l’époque, les douanes ne devraient pas être opérationnelles avant la fin de l’année 2024. Les échanges entre les villes autonomes et les autres localités marocaines seraient officiellement ouverts, ce qui impliquerait un accord implicite. Rabat reconnaît la souveraineté espagnole à Ceuta et Melilla.
Sánchez avait mené la délégation espagnole devant la presse dans un état d’insatisfaction manifesté à la suite de la rencontre avec Mohamed VI. Le gouvernement a jugé que le voyage de Sánchez et du ministre des Affaires étrangères José Manuel Albares n’avait pas répondu aux attentes. Le Maroc a continué de bloquer la mise en œuvre de l’accord, même si le ministère des Affaires étrangères prétendait que tout était prêt, y compris les tests nécessaires.
Pendant des années, Sánchez a discuté avec lui de l’ouverture des douanes à Ceuta et Melilla, une priorité pour son gouvernement. Néanmoins, après avoir rencontré Mohamed VI, la question reste en suspens, même si l’on s’attendait à ce que ce voyage soit décisif et que les Affaires étrangères annoncent l’accord attendu.
L’importance de cette action ne se limitait pas à l’ouverture des douanes, mais plutôt à sa signification. L’ouverture d’une route commerciale officielle entre Ceuta, Melilla et le Maroc aurait peu d’incidence économique – même si elle est intéressante pour les villes autonomes – mais était d’une importance stratégique et nationale. Le Maroc reconnaîtrait de fait la souveraineté espagnole sur les deux territoires, ce qui pourrait être décisif en cas de conflit sur la souveraineté de Ceuta et Melilla. La symbolique de l’ouverture serait comparable à la création d’une ambassade.
Bien que les deux gouvernements aient convenu il y a deux ans d’ouvrir ces postes frontières, coïncidant avec l’amélioration des relations entre l’Espagne et le Maroc et la reconnaissance par l’Espagne du plan marocain pour le Sahara, Rabat a fait valoir qu’il leur fallait encore procéder à des tests supplémentaires avant de mettre en place la douane en cours. Bien que trois tests pilotes aient déjà été réalisés, le Gouvernement marocain retardait la conclusion de l’accord depuis des mois.