Un scandale urbain secoue actuellement la ville de Fnideq, où une opération de démolition a eu lieu la semaine dernière dans le projet touristique « Al Mina » a mis le feu aux poudres. Des appartements légalement acquis, habités depuis plus de sept ans, ont été ciblés par les autorités locales sans décision judiciaire préalable, déclenchant une vive onde de choc dans cette paisible commune côtière.
Mais ce qui suscite encore plus de colère parmi les résidents et la société civile, c’est le soupçon de pressions exercées par certains cercles influents pour « libérer » ces plages convoitées que l’on dit déjà privatisées de manière informelle par des personnalités fortunées lieux de Casablanca et de Rabat.
Selon les habitants, l’intervention des autorités de la préfecture de M’diq-Fnideq s’est faite sans qu’aucune décision de justice ne vienne l’ordonner. Le premier appartement démoli appartenait à un résident marocain à l’étranger. Et pourtant, les étages supérieurs sont encore occupés par des familles qui y vivent légalement. La coupure brutale de l’eau et de l’électricité dans l’ensemble du bâtiment, la mobilisation des bulldozers et l’encerclement de la zone par les forces de l’ordre ont transformé cette opération en cauchemar humanitaire pour les résidents. En bref, des démolitions jugées illégales
« C’est une violation pure et simple de nos droits constitutionnels. » Nous avons des titres fonciers, des actes notariés. « Tout a été fait dans les règles », s’indigne l’un des propriétaires.
Le projet « Al Mina », un projet légal… sacrifié ? Il avait pourtant été autorisé depuis 2007. Les appartements ont été achetés auprès de la société « Omar Mustapha pour la promotion immobilière », et les ventes n’ont eu lieu qu’après la délivrance du certificat de conformité final. Un arrêté de démolition de 2018 existait, mais il ne visait que la société promotrice, et non les acquéreurs, qui ont depuis régularisé leur situation.
Pourtant, ce sont bien les propriétaires actuels, non la société, qui subissent aujourd’hui les conséquences de décisions opaques.
Ce que beaucoup murmurent, les habitants n’ont désormais plus peur de dire : la pression viendrait de certains « grands noms » qui lorgnent sur la zone. « Ces terrains valent de l’or. On veut dégager les classes moyennes pour que l’élite s’approprie la côte. « C’est un projet socialement violent, habillé d’une légalité douteuse », dénonce un avocat proche du dossier.
L’accusation est grave : si la démolition à Fnideq fait autant de bruit, c’est aussi parce qu’elle résonne comme le symptôme d’un mal plus profond dans la gestion urbaine du royaume. Derrière l’ordre apparent, des intérêts privés pourraient manipuler les décisions publiques au détriment des citoyens ordinaires. Dérives et favoritisme en toile de fond.
Les résidents appellent à une réaction urgente des ministères de l’Intérieur, de la Justice et de l’Habitat, un appel à une intervention nationale. Ils exigent l’arrêt immédiat des démolitions, l’ouverture d’une enquête indépendante et la sanction de toute entorse à la loi. Leur mot d’ordre : pas de départ sans jugement, pas de justice à deux vitesses.
L’affaire de Fnideq n’est peut-être qu’une minuscule partie d’un géant fléau urbain. Elle interpelle le pouvoir exécutif sur l’urgence de réguler les conflits fonciers et de garantir l’équité des procédures judiciaires. Et surtout, elle soulève une question brûlante : le droit au logement au Maroc est-il devenu un privilège réservé à ceux qui détiennent le pouvoir et l’argent ?