Villas, immeubles, rochers un peu trop encombrants : les bulldozers détruisent toutes les emprises illégales sur le domaine mairitime public. Entamé dans d’autres régions du pays, notamment à Agadir, cette opération de grand ménage d’hiver s’intensifie. Et elle semble loin de connaitre son épilogue.
Le domaine maritime public appartient à l’Etat qui à la lourde charge de protéger le patrimoine naturel et humain qui s’y trouve. Mais le problème qui se pose, c’est que depuis plusieurs années voire des décennies, des particuliers en ont fait leur terrain de jeu et d’investissement. Ainsi, des constructions manifestement illégales ont été construites sur ce domaine, contraignant aujourd’hui les autorités à chauffer les moteurs des bulldozers.
Lorsque le Samedi 27 janvier de hauts responsables des services décentralisés du ministère de l’Intérieur, parés de treillis et d’habits d’apparat, accompagnés de représentants des collectivités territoriales et des Forces auxiliaires, se sont rassemblés avec solennité à Chefchaouen, Il n’était pas possible pour certains de connaitre l’objet de cette mobilisation. C’est lorsque les bulldozers se sont avancés à marche forcée vers les villages côtiers de la commune de Bni Bzoura que l’objet de cette mobilisation a parue évidente. Leur dessein était d’initier l’opération de démolition des édifications illicites qui avaient pullulé sur le domaine public maritime.
En collaboration avec la commune de Bouhmad, les autorités ont donc commencé à démolir des maisons et des villas érigées le long des côtes dans le village d’Arkoub. Dans le lot, certaines ont été construites récemment tandis que d’autres ont près de 40 ans d’existence, font savoir des sources locales
Les autorités ont lancé l’opération de démolition après avoir sommé les résidents et propriétaires de ces immeubles de vider les lieux dans un délai de 3 jours, précisent les mêmes sources, ajoutant que ces derniers, ainsi que les habitants du village, n’ont pas manqué d’exprimer leur mécontentement suite à l’exécution de cette décision.
Cette opération devrait s’étendre dans d’autres villages côtiers tels que Chmaâla, Stehat et Jnan Niche, où des villas de luxe construites sur le domaine public seront également rasées.
Chefchaouen Martil et Nador, des opérations encadrées par les autorités.
À Chefchaouen, les autorités locales ont mobilisé les forces de sécurité pour encadrer ces opérations de démolition et gérer des cas éventuels de protestation.
À Martil, les autorités compétentes se sont mobilisées pour soutenir les personnes vulnérables, victimes de ces opérations de démolition, en leur trouvant un logement provisoire.
A Nador, La plage d’Arekmane, Ras El Ma, et Beni Ensar sont concernés par ces opérations qui visent à libérer le domaine public maritime de toutes formes d’occupation et d’habitation illégales.
Ces opérations de démolition se mènent par étapes. Dans un premier temps, les comités mixtes vont sur le terrain pour détecter les cas de violation et recenser le nombre de constructions à démolir. Ensuite, vient la phase de démolition proprement dite, après décision du Wali, en coordination avec le parquet compétent, les forces de sécurité, la Gendarmerie royale, les forces auxiliaires et les services de la protection civile.
La baie de Tanger, une cible potentielle des bulldozer ?
Jusqu’ici la baie de Tanger a été épargnée par cette opération de libération de l’espace maritime public. Mais on se demande bien si les nombreuses constructions qui, manifestement, empiètent sur le domaine maritime public connaitront le même sort ? Pour l’instant la perle du détroit retient son souffle, sous le regard impuissant de Ksar Seghir, et d’autres lieux souvent envahis par des constructions illégales.
Enquête du ministère de l’intérieur
Face à l’ampleur du phénomène, le ministère de l’Intérieur a ordonné l’ouverture d’une enquête pour situer les responsabilités au sujet des constructions érigées sur le domaine public maritime, objet de démolitions dans plusieurs villes du royaume
L’enquête viserait à connaître les responsables qui ont facilité les procédures administratives aux propriétaires de ces maisons et villas, ou qui ont fait preuve de négligence en laissant les concernés s’installer sur le domaine public maritime. Plusieurs observateurs ont applaudi et encouragé la démolition des maisons et villas de luxe érigées sur les plages à Tétouan, Martil, Chefchaouen et dans d’autres villes marocaines, appelant à une application stricte de la loi, rappelle-t-on.