Qu’est donc allé faire Staffan Mistura à Pretoria ? Quelle mouche a bien pu lui piquer ? La ministre sud-africaine des Affaires étrangères, Naledi Pandor, qui l’a invité et reçu le 31 janvier 2024, a qualifié l’entretien d’ « utile ». Mais elle a aussi fait état d’« approches » et de «propositions» qui ont été présentées par de Mistura sur la question du Sahara marocain, précisant que Pretoria aura «besoin de temps» pour donner sa réponse.
Quelles «approches» et quelles « propositions» a bien pu faire l’envoyé personnel et pourquoi les a-t-il faites précisément à un pays, l’Afrique du Sud, qui, vu du Maroc, est le dernier à devoir être sollicité sur la question ? À quel titre Pretoria est-il mêlé ? L’Afrique du Sud n’est pas une partie concernée ou intéressée et ne figure pas dans le groupe des pays amis du Sahara à l’ONU. Au contraire, ce pays reconnaît la « fantomatique république des sables », affiche ouvertement son hostilité au Maroc et milite activement contre les intérêts du Royaume.
Le plus grave dans cette histoire incompréhensible, c’est Mistura en allant à Pretoria n’a, en aucun moment, consulté ni informé le Maroc. Une attitude bien étrangère pour une diplomate aguerrie.
Le porte-parole du secrétaire général de l’ONU, Stéphane Dujarric, a déclaré à propos de Mistura : « Son mandat consiste également à parler à qui il pense devoir s’adresser, aux États membres et à d’autres, afin de faire avancer le processus.» Il a ajouté des propos sibyllins : « Bien sûr, certaines choses […] doivent être engagées dans une diplomatie discrète. »
Entre une ministre sud-africaine qui veut prendre son temps pour répondre aux propositions de l’ONU et Stéphane Dujarric qui évoque la nécessité d’une « diplomatie discrète», tout donne à penser que de grandes manœuvres ont lieu dans les coulisses. Mais une chose est certaine, si ces manœuvres vont à l’encontre des interets de notre pays elles sont vouées à l’échec, car sur la question de notre Sahara, le principe est clair, sans ambiguïté et non négociable : toute réflexion, « propositions » doivent s’inscrire dans le cadre de la souveraineté inaliénable du Royaume du Maroc.
Omar AL Hilale, s’interroge et enfonce le clou de l’inopportunité de cette visite
Dans une interview accordée à la Map en rapport avec cette visite inopportune, l’ambassadeur permanent du Maroc auprès des Nations Unies, M. Omar Hilale a démontré avec brio, le caractère inopportun de cette visite. Voici dans son intégralité ces propos :
MAP- L’Envoyé personnel du Secrétaire général pour le Sahara marocain, Staffan de Mistura, a visité l’Afrique du Sud mercredi dernier, à l’invitation du gouvernement de ce pays. Le Maroc a-t-il été consulté ?
Le Maroc n’a, à aucun moment, été consulté, ni même informé. Bien au contraire, dès que nous avons pris connaissance de ce projet de visite, il y a plusieurs semaines, nous avons directement exprimé à M. de Mistura, ainsi qu’au secrétariat de l’ONU, l’opposition catégorique du Maroc à un tel déplacement, ainsi que notre rejet de toute interaction avec Pretoria au sujet de la question du Sahara marocain, en excipant des raisons légitimes et objectives. J’ose espérer qu’il ne s’agit pas d’une défiance au Maroc de la part de M. de Mistura, mais d’une simple erreur d’appréciation sur la véritable posture de l’Afrique du Sud. Quoi qu’il en soit, le Maroc l’a clairement averti sur les conséquences de son voyage sur le processus politique.
MAP-Quelles sont ces raisons légitimes et objectives du Maroc contre son voyage à Pretoria ?
Le Maroc a rappelé à l’Envoyé personnel les fondamentaux de son mandat, qui sont sa lettre de nomination par le Secrétaire général de l’ONU, qui spécifie qu’il devra travailler exclusivement avec les quatre parties prenantes au processus politique, ainsi que les résolutions du Conseil de sécurité depuis 2007, dont la 2703, du 30 octobre dernier.
Ces résolutions ne font nullement référence à l’Afrique du Sud, et encore moins à un prétendu rôle ou contribution de ce pays au processus politique. Enumérant à l’Envoyé personnel les multiples éléments disqualifiant l’Afrique du Sud de toute interférence dans le dossier du Sahara marocain, je me limiterais à rappeler que ce pays reconnait l’entité chimérique et appuie le « polisario » politiquement, diplomatiquement, médiatiquement et militairement.
Pour toutes ces raisons, le Maroc ne permettra jamais à l’Afrique du Sud, d’avoir un quelconque rôle dans le dossier du Sahara marocain. Pretoria a été et demeure toxique pour la question du Sahara marocain.
MAP-Dans son point de presse après sa rencontre avec l’Envoyé personnel, la MAE sud-africaine a déclaré qu’il l’a briefée sur les approches actuellement discutées aux Nations Unies. A quelles approches se réfère-t-elle ?
Je suis très surpris, car je ne sais pas de quoi la MAE sud-africaine parle. Le Maroc n’est pas au courant d’une quelconque approche. Et si approches il y a, c’est avec le Maroc et les autres parties qu’elles doivent être discutées et nullement avec l’Afrique du Sud.
Pour le Royaume, il n’y a qu’une seule et unique approche. C’est celle des tables rondes, avec la participation exclusive du Maroc, l’Algérie, la Mauritanie et le « polisario », tel que préconisé par les résolutions successives du Conseil de sécurité. C’est pourquoi le Maroc formule le vœu que M. de Mistura consacre ses efforts davantage à convaincre l’Algérie à reprendre sa place à la Table ronde, comme en 2018 et 2019.
Il a un mandat clair et fort du Conseil de sécurité en vue de faciliter une solution politique, réaliste, pragmatique, durable et de compromis à ce différend régional.
A cet effet, Sa Majesté le Roi a tracé la voie pour le règlement définitif de ce différend régional à travers l’Initiative marocaine d’autonomie, dans le cadre de la souveraineté et l’intégrité territoriale du Royaume.
La Vision de notre Auguste Souverain puise sa force dans le droit international, et sa légalité dans sa conformité aux paramètres édictés par les résolutions du Conseil de sécurité. Les larges reconnaissances et soutiens internationaux de la marocanité du Sahara et de l’Initiative d’autonomie confortent au quotidien la Vision Royale pour nos chères provinces sahariennes, définitivement et éternellement marocaines.
La réponse du groupe des amis du Maroc
Dans des déclarations à la presse à l’issue de leurs entretiens avec le ministre des Affaires étrangères, de la Coopération africaine et des Marocains résidant à l’étranger, Nasser Bourita, les membres d’une délégation du Groupe se sont félicités du développement économique majeur dans les provinces du sud sous le leadership clairvoyant de Sa Majesté le Roi Mohammed VI.
Dans ce sens, l’ambassadeur représentant permanent des Comores à Genève, Sultan Chouzour, a indiqué avoir eu « la grande chance de constater de visu les grandes avancées enregistrées en si peu de temps dans ces régions », réitérant le soutien du Groupe à la souveraineté du Maroc sur son Sahara.
Il a, dans ce contexte, mis en avant l’engagement Royal en faveur de l’amélioration de la qualité de vie des habitants des provinces du sud, ainsi que la volonté affichée par le Maroc pour s’ériger en trait d’union entre le Nord et le Sud.
De son côté, le représentant permanent auprès de l’Office des Nations unies, le Bahreïni Hasan Moosa Ghulam Shafaei, a rappelé qu’une délégation d’ambassadeurs accrédités auprès des Nations unies à Genève a effectué une visite dans les villes de Dakhla et Laâyoune, marquée par des rencontres avec les responsables locaux, les représentants de la société civile, les organisations des droits de l’Homme et les citoyens.
Cette visite a permis de constater de près non seulement l’ampleur des progrès réalisés dans les provinces du Sud, à la faveur des efforts consentis et des projets ambitieux de développement concrétisés sur le terrain, mais aussi la stabilité et la paix dont jouissent les habitants dans la région, a-t-il expliqué.
L’ambassadeur représentant permanent de la Gambie à Genève, Muhammadou M.O.Kah, a pour sa part affirmé que le progrès en cours dans les provinces du sud témoigne de la clairvoyance de la vision de SM le Roi Mohammed VI pour le développement de cette partie du territoire marocain.
« La région du sud du Royaume n’est pas différente des autres régions du Maroc », a-t-il soutenu, faisant observer qu’il s’agit d’une région marquée par un développement significatif et jouissant d’une stabilité et d’une qualité de vie répondant aux aspirations des citoyens.
Les provinces sahariennes du Maroc se positionnent également comme une porte d’accès vers le continent africain, a-t-il fait remarquer, estimant que cette région est prédestinée à un avenir très prometteur.