Dans le cadre du programme de réhabilitation des quartiers sous-équipés à Tanger, l’Agence pour la promotion et le développement du Nord (APDN), en partenariat avec la commune de Tanger et la Wilaya de la région Tanger-Tétouan-Al Hoceïma, a lancé en avril dernier un appel d’offres pour la réalisation de six terrains de Padel. Un projet dont le coût est estimé à 2,18 millions de dirhams et qui suscite depuis de vives interrogations au sein de la population tangéroise.
Si le Padel connaît une montée en popularité dans certaines grandes villes marocaines, il reste néanmoins un sport onéreux et peu accessible aux jeunes issus des quartiers populaires, où le pouvoir d’achat limite déjà l’accès à des loisirs sportifs plus basiques. Les frais liés à la location des terrains, à l’achat de l’équipement et aux éventuelles cotisations rendent cette discipline encore marginale et perçue comme une activité de niche, réservée à une clientèle aisée.
Selon les informations rendues publiques, les six terrains de Padel seront répartis sur trois sites :
- Deux terrains à la zone Marchan
- Deux terrains sur la corniche de Tanger
- Deux terrains sur la place de l’école 9 avril
Dans ce contexte, nombre d’acteurs locaux s’interrogent sur la pertinence de mobiliser plus de 2 millions de dirhams pour des terrains qui ne profiteront qu’à une minorité, alors même que plusieurs terrains de proximité souffrent d’un manque criant d’entretien et que certains clubs amateurs n’ont toujours pas accès à des infrastructures sportives adaptées.
Au-delà de la question du coût et de l’accessibilité, des voix s’élèvent pour dénoncer le choix de dédier ces espaces à une activité encore peu répandue, alors que les besoins en infrastructures de proximité pour les enfants et les jeunes demeurent largement insatisfaits. Beaucoup estiment que ces terrains auraient pu être aménagés en espaces polyvalents accessibles à tous : terrains de football, de basket-ball, aires de jeux ou centres d’animation socioculturelle, des équipements essentiels dans une ville où les quartiers populaires manquent cruellement de lieux de loisirs.
Dans plusieurs zones, les enfants jouent encore dans des terrains dégradés sans vestiaires ni sanitaires, et des clubs locaux peinent à organiser des compétitions amateurs faute de structures aux normes. Cet investissement est donc perçu par certains habitants et associations sportives comme un déphasage entre les priorités réelles de la ville et les projets lancés par les responsables locaux.
Si les porteurs du projet défendent l’idée de diversifier l’offre sportive et d’introduire de nouvelles disciplines pour dynamiser le paysage sportif de Tanger, l’absence de concertation préalable avec les associations de quartiers et les acteurs du sport amateur alimente le sentiment d’injustice et d’exclusion. Une démarche qui divise les opinions
Dans l’attente de précisions sur la gestion et l’accès à ces terrains, plusieurs voix appellent à repenser les priorités en matière d’infrastructures sportives à Tanger, en plaçant en tête les besoins fondamentaux des jeunes et des clubs locaux avant d’investir dans des équipements destinés à une élite.