L’année 2024 a finalement débuté, apportant avec elle des promesses, parmi lesquelles la plus importante est la mise en place d’un bouclier social pour les familles démunis. Le versement de la première tranche de l’aide sociale directe aux familles en situation de précarité, qui a débuté fin décembre 2023, se poursuit avec une grande dynamique dans l’ensemble des régions du Royaume et concerne environ des millions de familles, soit près de 3,5 millions de Marocains, répondant au seuil d’éligibilité requis du Registre social unifié (RSU).
Ce programme qui intervient en exécution des Hautes directives royales vise à asseoir un système solide qui assure la protection sociale à de larges franges de citoyens. Il va considérablement améliorer les conditions de vie des familles ayant des enfants en âge scolaire ou en situation de vulnérabilité, et qui ne bénéficient actuellement d’aucune compensation familiale conformément aux textes législatifs et réglementaires en vigueur, dans le but de soutenir leur pouvoir d’achat. A terme, ce régime concernera de millions de familles marocaines, en particulier celles ayant des enfants de moins de 21 ans, ainsi que les familles sans enfants ou ayant des enfants de plus de 21 ans et qui sont en situation vulnérable. Cette importante politique sociale qui connait déjà une forte affluence des familles concernées dans les différentes préfectures et provinces, et mobilisant un budget annuel de 25 milliards de dirhams en 2024, est donc une avancée considérable.
Elle est d’autant plus importante que la nouvelle année qui vient de débuter ne s’annonce pas simple ! L’inflation persiste, et porte un sérieux coup au moral des ménages, dont la frange directement concernée par les aides directes. Malgré la dynamique désinflationniste ininterrompue depuis trois trimestres (et) qui s’est poursuivie au cours du quatrième trimestre 2023, l’inflation reste une sérieuse préoccupation.
En effet, selon les informations du Haut-commissariat au plan (HCP), les prix restent constamment plus élevés qu’avant la crise en Ukraine, malgré la diminution des tensions sur les prix des matières premières. Cette situation suscite la frustration de nombreuses familles qui doivent continuer à faire preuve de patience.
Cette tendance se manifeste particulièrement dans le secteur des produits alimentaires, où les prix continuent d’évoluer à des niveaux élevés, comme l’a signalé l’organisme public responsable de la production, de l’analyse et de la publication des statistiques officielles au Maroc.
Les produits frais, en particulier, connaissent la plus forte augmentation, avec une hausse de 17,3 % sur un an au quatrième trimestre, selon les observations du Haut-commissariat dans son rapport sur la conjoncture du dernier trimestre de 2023 et les perspectives pour le premier trimestre de 2024.
Une des raisons de cette persistance réside dans le déficit pluviométrique chronique depuis plus de deux ans et les conditions météorologiques exceptionnellement chaudes, qui ont eu un impact négatif sur les rendements des cultures. Cela a entraîné un resserrement de l’offre de produits agricoles sur le marché local, générant des pressions sur la formation des prix. Ce qui est encore plus préoccupant c’est que ce déficit pluviométrique fait peser la menace d’un stress hydrique au cours de l’année en cours, en particulier dans la région Tanger Tétouana Al Hoceima. Si un tel scenario venait à se réaliser, cela ne pourrait qu’aggraver la tendance inflationniste.
En clair, l’augmentation sans fin des prix et ses facteurs aggravant continuent de constituer une sérieuses menace pour le pouvoir d’achats des ménages pauvres. Les aides sociales directes pourront atténuer cette pression sur cette catégorie de la population. Néanmoins, les reformes mi figue mi raison de la Taxe sur la valeur ajoutée pourront venir jouer les trouble-fête. Si cette reforme de la TVA introduit des exonérations pour plusieurs produits, notamment sur l’importation et à l’intérieur sans droit à déduction, pour les fournitures scolaires et les produits et matières entrant dans leur composition depuis le 1er janvier 2024 ; le beurre dérivé du lait d’origine animale, les conserves de sardines, le lait en poudre et le savon de ménage, à compter du 1er janvier, etc ; elle apporte également son lot de désagrément, puisque, l’on annonce un alignement , sur une période de 3 ans, du taux de TVA appliqué à l’énergie électrique comme suit : 16% à compter du 1er janvier 2024, 18% au 1er janvier 2025 et 20% au 1er janvier 2026 ; une augmentation progressive de la TVA appliquée au sucre raffiné, de 8 % à 9% en 2025 et 10 % à partir du 1ᵉʳ janvier 2026 ; et une hausse de la TVA sur l’énergie électrique qui devrait atteindre 20 % en 2026, 16 % en 2027 et 18 % l’année suivante, indique-t-on, soulignant néanmoins que ces variations des taux de TVA n’affecteront pas les prix de vente de l’énergie électrique.
De même, le taux de TVA appliqué à l’eau destinée à un usage non domestique a été revu. À compter de cette année, il est prévu une TVA de 10 % avec droit à déduction sur les ventes et livraisons, a annoncé la Direction générale des impôts, évoquant aussi une augmentation progressive du taux de TVA sur les opérations de transport de passagers et de marchandises, à l’exception du transport terrestre, atteignant 20 % en 2026. En revanche, le taux de TVA sur les opérations de transport urbain connaitra une baisse progressive pour atteindre 10 % en 2026.
Dans l’ensemble, l’année 2024 ne s’annonce pas simple, malgré le paravent du bouclier social qui est une grande avancée, mais dont la résistance aux coups de la vie de l’année 2024 doit encore être mise à l’épreuve.