Une saison estivale sacrifiée
Lorsque le Covid-19 a fait son apparition, l’hiver dernier, avant qu’il ne fasse des ravages dans le monde entier, un espoir avait fleuri chez les humains, notamment auprès de la communauté scientifique qui supposait que la gravité de la pandémie et son impact diminueraient pendant l’été sous l’effet des grandes chaleurs pouvant réduire son élan voire y mettre un terme.
Au contraire, on a assisté, impuissants, à une forte résurgence du virus qui fait beaucoup parler d’une deuxième vague de la pandémie, les cas d’infection ayant explosé en été, surtout en ce mois d’août constituant, la période la plus chaude de l’année. On a relevé une redoutable flambée de la propagation du virus, en ce sens que le bilan enregistré au Maroc a largement dépassé le nombre des cas signalés au cours des premiers mois de l’épidémie, avec un coup fatal pour la région du nord du royaume, et un coup de grâce pour Tanger qui a vu ses portes se refermer sur elle-même et ses plages obligatoirement bouclées et désertées.
Ajoutons à cela un aéroport clos sauf pour des vols spéciaux, des voyages maritimes et terrestres limités et conditionnés, une circulation en ville réduite et strictement contrôlée, des cafés, des restaurants et des commerces fermés puis rouverts sous conditions, des plages inaccessibles, entre autres restrictions de mouvements.
On ne croise plus dans les rues ces groupes de touristes nationaux et étrangers avides de découvrir la ville et ses richesses culturelles, ni ces Marocains résidents à l’étranger (MRE) retournant dans leur pays natal pour retrouver leurs proches après une longue absence, et encore moins ces autochtones et ces visiteurs avides des soirées divertissantes tangéroises.
Ainsi, la ville du Détroit s’est aussitôt transformée d’un paradis estival de voyage, de détente et de loisirs, en une calamité sombre, avec une récession économique aux conséquences désastreuses à bien des égards.
Les premiers à en souffrir sont, évidemment, ce sont les professionnels de l’Hôtellerie et du Tourisme qui, à maintes reprises, ont tenté de sortir la tête de l’eau pour se procurer un peu d’oxygène.
Ainsi, la dernière trouvaille du Conseil régional du Tourisme de Tanger-Tétouan-Al Hoceima qui tente de sauver les meubles, se définit par une campagne de promotion estivale qui se prolongera jusqu’à la mi-septembre 2020, sous le nom de ‘‘Sba7’Nord’’, réalisée et financée avec le soutien de l’Office national marocain du Tourisme (ONMT) dans le cadre de l’initiative «Ntla9awfbladna». Elle vise à accompagner la relance touristique dans le royaume en invitant les touristes nationaux à voyager dans leur pays dès la levée de l’état d’urgence sanitaire et à contribuer au mouvement de solidarité nationale.
Quatre «produits d’appel» sont mis en avant dans cette campagne permettant de valoriser la richesse du produit régional,: l’hébergement en riad dans la médina de Chefchaouen, un week-end d’initiation à la plongée sous-marine à Al Hoceima, 3 jours de randonnée dans le parc national de Talassemtane, un séjour en hôtel 4 étoiles à Tanger, un choix de vacances , avec deux façades balnéaires (Atlantique et Méditerranée), de l’éco-tourisme entre montagnes, forêts et cascades, de la culture et des traditions (médinas de Tétouan, Ouazzane, Chefchaouen, Assilah, musées, coopératives…) et du «citybreak» avec une offre tangéroise enrichie par la nouvelle marina, les malls, la gare TGV, entre autres.
Cependant, classées dans la zone 2 définie par les critères fixés par les autorités sanitaires, les villes balnéaires de Tanger et sa voisine Assilah connaissent le maintien de leurs plages fermées, rendant leur situation incertaine pour cette saison estivale. La reprise demeure compliquée et très mitigée pour la plupart des activités touristiques et les autres commerces concernés. Ces deux villes continuent d’attendre le passage de la préfecture Tanger-Assilah à la zone 1 pour permettre la réouverture des plages dont dépend leur activité en été.
Malgré la réouverture de la majorité de ses plages, hormis celles de Tanger, la région du Nord a débuté la période estivale au ralenti, surtout que, faisant l’objet d’un contrôle et une vigilance en permanence des autorités locales et sanitaires, les plages d’Al Hoceima, M’diq, Fnideq et des autres villes côtières ont attiré beaucoup de monde, mais seulement parmi les habitants immédiats et ceux des zones avoisinantes. Une activité peu rentable pour les hôtels, les restaurants et les commerces, faute de touristes venant d’ailleurs.
Ainsi, les destinations estivales de choix semblent continuer de garder leur rythme printanier en termes d’arrivées des touristes, particulièrement des nationaux.
On remarquera, tout de même, que les efforts déployés en matière de promotion, ont eu des effets plutôt positifs, à Tétouan et sa province, par exemple, où, après des mois de léthargie à cause du coronavirus, l’activité touristique a repris de façon relative pendant cette saison estivale, apportant ainsi un brin de bonheur aux opérateurs hôteliers et restaurateurs. Seulement, cette reprise temporaire était loin de combler toutes les attentes, avec des taux d’occupation variant entre 20 et 40%, dans les hôteliers et restaurateurs des villes balnéaires de M’diq, Fnideq et la côte tétouanaise.
Contrairement aux hôtels se trouvant en bord de mer, ceux situés loin de la côte ou au centre-ville de Tétouan, d’Al Hoceima ou d’autres villes côtières continuent d’atteindre un taux très bas ne dépassant pas 10% de leur capacité d’accueil.
Le coût de grâce pour le secteur du tourisme dans la région est venu avec la fermeture de 8 villes touristiques, ce qui a créé un véritable vent de panique dans les hôtels avec des départs précipités et la multiplication d’annulations de séjours dans les hôtels du Nord, ce qui a sonné le glas à une saison estivale déjà compromise, lorsque les réceptions des hôtels ont été prises d’assaut par les touristes nationaux en vacances afin de mettre fin à leurs séjours. Ceux qui avaient prévu de voyager dans les prochains jours ont tous en annulé leur voyage.
Ainsi donc, le futur est devenu sombre pour les secteurs du Tourisme et de l’hôtellerie dans le Nord du royaume qui n’ont jamais connu une crise aussi intense et avec autant de rebondissements.
En somme, l’été 2020 se veut une saison exceptionnelle en raison des répercussions de la pandémie Covid 19 qui a changé tant de choses dans le quotidien des gens.
Une saison réellement sacrifiée…