Après la fantastique réhabilitation des ruelles, façades et menuiseries de l’ancienne Médina, Tanger se tourne vers son héritage patrimonial, jusque-là sombrant dans l’oubli, délaissé aux aléas climatiques et aux caprices de l’abandon.
N’en déplaise à certains s’auto-proclamant « conservateurs » des vieux résidus en déconfiture du patrimoine historique en décomposition de la ville du Détroit.
Fort heureusement, d’autres, plus réalistes, génialement conscients des réalités, faisant moins de tapages stériles et œuvrant calmement, s’efforcent de redonner un nouveau look à ce patrimoine, en en préservant l’originalité et l’aspect historique.
C’est le cas de l’ambitieux programme concocté pour la prochaine renaissance des « Arènes de Plaza Toro », ce précieux legs espagnol qui a longtemps fait, aux côtés du prestigieux « Grand Théâtre Cervantès », la fierté et la gloire de notre cité des années 1950 et les suivantes.
Dans cette optique, le wali de la région de Tanger-Tétouan-Al Hoceima, Mohamed Mhidia, a présidé, jeudi au siège de la Wilaya, une cérémonie de remise de Prix à trois projets lauréats d’un concours d’idées portant sur la restauration et la réhabilitation des « Arènes de la PlazaToro » à Tanger.
Cet événement s’est déroulé en présence de différents partenaires dont le directeur général de l’Agence pour la promotion et le développement du Nord (APDN), Mounir El Bouyoussfi, de la présidente du conseil régional, Fatima El Hassani, du maire de la ville de Tanger, Bachir Abdellaoui, ainsi que des présidents des zones du Conseil régional de l’Ordre des architectes.
Ce projet, faisant l’objet d’une convention de partenariat liant la Wilaya de la région, l’APDN, le Conseil régional et la commune de Tanger, et nécessitant une enveloppe budgétaire de 50 millions de dirhams, s’assigne pour principal objectif de faire de ces Arènes un important site touristique attractif et un levier de développement socio-économique et culturel de la ville du Détroit, comme c’était le cas avant sa décadence.
La sélection a été effectuée après une consultation architecturale élargie à laquelle ont participé une trentaine d’architectes de la ville. Le choix s’est porté sur le groupement composé par Jaouad Khattabi, Hicham Khattabi Younes Diouri, et Karim Hadj-Nassar qui aura la tâche, en plus de la conception, du suivi et contrôle des travaux de restauration et réhabilitation à l’identique des Arènes de Tanger.
Détails.
Les Arènes de Tanger, l’une des rares du continent africain, sont un bâtiment circulaire, à l’origine destiné à l’accueil de courses de taureaux. Elles ont été construites après la seconde guerre mondiale, en 1949, et inaugurées l’année suivante sous l’impulsion de Rafael Ordóñez, frère du matador El Niño de la Palma.
Des courses internationales y ont eu lieu avec des matadors français, espagnols, mexicains. Le Roi Feu Mohamed V y avait assisté à une corrida.
A l’indépendance du Maroc, les Arènes de Tanger sont fermées jusqu’en 1970, après les dernières compétitions organisées du 12 juillet au 4 octobre de la même année.
En 1993, le site est transformé en centre de rétention pour des Subsahariens candidats à l’émigration vers l’Europe.
Plus tard, une décision est prise localement, en 2005, pour la réhabilitation et la transformation des Arènes, dans l’objectif d’y organiser différents spectacles dont des corridas.
Puis, silence radio, ce projet n’ayant pas abouti. D’autres similaires ont été annoncés, sans succès.
Aujourd’hui, sous l’impulsion du wali Mohamed M’hidia qui s’est avéré être un clairvoyant en matière de réhabilitation et de protection des trésors patrimoniaux cachés de la ville et la région, on ressort le dossier des tiroirs pour le dépoussiérer et nous avons tendance à croire que cette fois, c’est la bonne, en cette reprise de conscience culturelle qui marque notre ville depuis quelque temps. En effet, le dernier engagement des responsables concernés semble sérieux et « la démarche serait en bonne voie », grâce à la démarche fructueuse du wali Mhidia, nous assure-t-on.
Pour revenir à la réunion de jeudi denier, soulignons qu’une consultation architecturale a été organisée, en première étape, afin de faire participer le plus grand nombre d’architectes autour de la réflexion sur le patrimoine de la ville et afin d’encourager la démarche créative et innovante pour l’intégration du patrimoine dans la dynamique économique de Tanger, dont le réaménagement à l’identique de la PlazaToro, afin de préserver l’aspect historique et architectural du monument.
Les trois cabinets d’architecture, lauréats de l’appel d’offre, retenus, auraient respecté les clauses et conditions générales du cahier des charges, tendant à convertir les Arènes de la PlazaToro en une zone d’animation économique, culturelle et artistique avec un programme diversifié incluant un espace de spectacle accueillant 7.000 places assises, pour revivre une panoplie d’arts de scène, ainsi qu’un espace d’expositions, de restauration, une zone commerciale. Le site sera, en outre, ceinturé d’un espace public disposant de parkings, mobiliers urbains, d’une fontaine, d’une agora pouvant accueillir 120 personnes, et d’un espace d’exposition extérieur.
Alors que le groupement architectural classé premier et donc lauréat, composé de Hicham Khattabi, Jaouad Khattabi, Younes Diouri et Karim Hadj-Nassar, a remporté le contrat de réhabilitation des Arènes de Tanger, les deux autres groupes participants, classés deuxième et troisième, sont composés de Hanae Bekkari, Malika Benjaid Laroussi, Mohammed Adrif et Yassine Sbihi , qui ont remporté le deuxième prix ; suivis du troisième groupement comptant Jamil Sefrioui, Rime Bamohammed, Abdellatif Sefiani et Saloua Ater.
Ces deux groupements ont reçu des chèques en compensation de leurs efforts et du sérieux travail fourni.
Pour l’architecte Hicham Khattabi, membre du premier groupement lauréat « il s’agit d’un projet emblématique de la ville de Tanger », dira-t-il, s’estimant fier que son groupe puisse participer à la réhabilitation de la Plaza Toro en un espace culturel.
Nous y reviendrons au fur et à mesure de l’avancement des travaux.
Félicitations et bon courage !
Dr Abdelhak BAKHAT