par le Docteur Abdelhak BAKHAT
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Après la crise sans précédent qu’a connue le Maroc cette année, à plusieurs niveaux et pour diverses raisons, le projet de Loi de Finances 2023 (PLF 2023), était attendu pour relancer l’économie nationale tout en accélérant les grands chantiers sociaux. Le texte de cette Loi a été déposé le 20 octobre courant au Parlement, entamant ainsi le marathon législatif.
Le document détaille les grands chantiers de réformes de la Santé de l’Education, et de la Défense nationale, parmi les autres postes budgétaires.
28,12 milliards de dirhams pour la Santé
Le budget du ministère de la Santé et de la Protection Sociale connait une augmentation en 2023 passant à un montant de 28,12 milliards de dirhams (MMDH) contre 23,54 MMDH en 2022, soit une hausse de l’ordre de 4,58 MMDH (+19,5%).
Pour combler les besoins en ressources humaines, notamment en personnel médical et paramédical, le ministère, ainsi que les Centres Hospitaliers Universitaires (CHU), ont bénéficié de 5.500 postes budgétaires. Le programme de renforcement de la densité du personnel de santé (médecins, pharmaciens, médecins dentaires, infirmiers et techniciens de santé) aura un coût global de 2,45 milliards de dirhams.
Pour ce qui est du chantier de la généralisation de la couverture sociale et la cohésion sociale, le gouvernement mène actuellement une réflexion pour la mobilisation de nouvelles recettes fiscales à même d’assurer un financement pérenne de ce chantier.
Il s’agit également de la mise en service en 2023 de plusieurs hôpitaux qui sont en cours d’achèvement, tels que le CHU de Tanger, le CHP Al Hoceima, l’Hôpital de jour d’Ifrane, le CHP de Kénitra, l’Hôpital de proximité d’Erfoud et l’Hôpital de proximité de Tamesna ; la poursuite des travaux de construction et l’équipement des nouveaux CHU de Rabat, d’Agadir, de Laâyoune et le lancement du projet de construction et d’équipement du nouveau CHU d’Errachidia ; cela outre la réhabilitation des Etablissements de Soins de Santé Primaires (ESSP) au niveau national, et la création et le développement des Instituts Supérieurs des Professions Infirmières et Techniques de Santé (ISPITS)
68,95 milliards de dirhams pour l’Education nationale
Le département de l’Éducation nationale poursuit la même tendance de l’augmentation progressive de son budget qui connaitra, en 2023 une augmentation de 6,5 milliards de dirhams (MMDH) par rapport à l’année 2022, pour atteindre une enveloppe budgétaire de 68,95 MMDH.
Ce budget sera consacré à l’accélération de la mise en œuvre du programme de généralisation du préscolaire, avec une enveloppe de 2,1 milliards de dirhams. L’extension de la couverture de l’appui social aura pour sa part un budget de 1,76 milliard de dirhams, en hausse de 300 millions de dirhams par rapport à 2022. Quant au renforcement de l’offre scolaire, à travers la construction de nouveaux établissements scolaires, il aura une enveloppe budgétaire de 2,6 milliards de dirhams, ce qui permettra la création de 224 établissements nouveaux.
Pour ce qui est du rétablissement des établissements existants, il y a le remplacement des salles en préfabriqué, le raccordement au réseau d’eau potable et d’assainissement respectivement au profit de 1.245 et 2.000 établissements ; l’enveloppe est de l’ordre de 2,5 milliards de dirhams. Le ministère investira, par ailleurs, 400 millions de dirhams dans les équipements numériques.
En matière de ressources humaines, 18.000 enseignants seront recrutés, en plus de 2.000 cadres d’appui administratif et pédagogique. Pour les élèves du cycle primaire ayant des lacunes d’apprentissage, le gouvernement compte allouer un budget de 300 millions de dirhams afin de permettre à ces élèves d’acquérir les connaissances de base nécessaires.
Une enveloppe budgétaire de l’ordre de 1,76 MMDH est mobilisée pour le transport scolaire, les cantines, les internats, les écoles communautaires ainsi que pour l’amélioration de la qualité des services de l’appui social par la mise en place d’un cadre de gestion unifié privilégiant l’externalisation, fondé sur des standards de qualité.
Il est également question du renforcement du sport scolaire, notamment, à travers l’augmentation du nombre des centres sportifs au niveau du primaire et le doublement du nombre des établissements ayant une filière « sport et étude » pour atteindre un nombre d’élèves de 5.000 contre 2.885 actuellement.
Dans ce cadre, il sera procédé à la mise en œuvre de la convention de partenariat avec la Fédération Royale Marocaine de Football qui prévoit la formation de 1.500 élèves-filles dans le cadre de la filière « sport et étude », dédiée au football féminin au sein des établissements d’enseignement au niveau des académies régionales de l’éducation et de formation.
Défense nationale :un budget en nette augmentation
Le budget des Forces Armées Royales revu dans la Loi de finances 2023, devrait être affecté à l’acquisition d’armements dans les dépenses de la rubrique « Acquisition et entretien d’équipements pour les Forces Armées Royales (FAR) et soutien et développement de l’industrie de défense ».
Le projet de Loi de finances a révélé, pour la première fois, la volonté du Maroc d’allouer des fonds aux industries de défense, en plus d’acquérir des armes à l’étranger.
Selon un expert en affaires sécuritaires et militaires, la course folle entre le Maroc et l’Algérie vers l’armement date déjà d’il y a deux décennies, mais cette fois, il devient clair qu’il y a une obsession collective dans cette région avec le besoin d’avoir les dernières armes. Le régime sénile d’Alger a donc décidé de doubler le budget de ses armées sur un seul exercice budgétaire, alors qu’on sait que l’Algérie figurait déjà dans les 30 premiers budgets militaires au monde.
Pour l’expert, cela veut dire que ce pays est obsédé par la guerre aussi bien sur le plan intérieur qu’extérieur, et les dirigeants algériens considèrent que les armes disponibles dans le pays ne sont plus utilisables et doivent être réadaptées en raison du climat désertique de la région.
« Le contexte régional, qui se caractérise par l’embrasement des fronts internationaux et méditerranéens de l’Egypte au Nigeria, pousse l’Algérie à protéger sa sécurité nationale en achetant de nouvelles armes », dira encore l’expert, notant que l’avenir des guerres sera avec des drones et des missiles balistiques.
« L’Algérie essaie d’entraîner le Maroc dans la guerre au détriment du développement pour créer des problèmes sociaux et économiques à l’intérieur du Royaume », affirme l’expert notant que « le Maroc a choisi de conclure des contrats d’armement pour acquérir des armes de haute technologie et coûteuses comme les drones et les hélicoptères “Apache “ par option de la qualité au détriment de la quantité ».
« On imagine que dans un contexte de tensions entre l’Algérie et le Maroc ayant pour cause la question du Sahara Marocain, il est normal que Maroc se soit ainsi doté d’un budget militaire conséquent pour 2023 », dira l’expert, affirmant que le Royaume s’est fourni en drones et missiles auprès de la Turquie et de la Chine. Par ailleurs, Tel-Aviv devient un fournisseur d’armes sophistiquées du Maroc.
Les militaires algériens semblent être préoccupés par le saut technologique que vient de prendre l’armée marocaine et font des emplettes quantitatives.
Le Maroc, quant à lui, passe à la concrétisation de ses ambitions dans le domaine de l’industrie militaire.