Jamais un chef d’Etat digne de ce nom ne s’est comporté avec une légèreté aussi déconcertante et n’a commis une bavure aussi grosse que le faux-pas du président tunisien Kaïs Saïed qui, défiant toutes les convenances de la diplomatie et piétinant toutes les considérations de respect relevant du rang d’un chef d’Etat, s’est comporté, comme un novice-arriviste, en recevant, au nom du peuple Tunisien-frère et de l’Etat du Japon, avec tous les honneurs réservés aux très hautes personnalités de ce monde, un séparatiste, tortionnaire, voleur et violeur récidiviste recherché.
En accueillant officiellement le chef du polisario, Brahim Ghali alias Benbattoche, et en imposant sa présence à la 8e conférence internationale de Tokyo sur le développement de l’Afrique (TICAD-VIII), organisée les 27 et 28 août 2022 à Tunis, Kaïs Saïed a, non seulement exprimé un acte hostile contre le Maroc, mais il a également rompu la tradition qui voulait que la Tunisie n’intervienne pas dans les conflits régionaux.
Ce geste irresponsable porte aussi atteinte à la crédibilité de la Tunisie quant à sa capacité d’organiser des rencontres internationales.
Il faut préciser que le chef du polisario n’était pas invité à cette rencontre puisqu’il était convenu par les organisateurs, que toutes les invitations, sans exception, devaient être conjointement signées par le Premier ministre du Japon, Fumio Kishida, et le président tunisien, Kaïs Saïed, avant d’être adressées personnellement à chaque participant. Il apparaîtra, par la suite, du côté du Japon, que le polisario n’a pas été invité à cette manifestation, puisque ce pays ne le reconnaît pas, ce qui démontre clairement que le président tunisien a délibérément orchestré l’accueil qu’il a réservé au chef du polisario…et on peut deviner pourquoi !
Depuis cet incident, les réactions se sont enchaînées les unes après les autres.
Le Japon a dénoncé la participation des séparatistes du polisario à la 8e conférence internationale de Tokyo sur le développement de l’Afrique (TICAD-VIII). La délégation du Japon a été ainsi mise devant le fait accompli par le pays hôte qui a pris unilatéralement la liberté d’accréditer l’entité fantoche ce qui a sérieusement ébranlé la solennité et la sérénité qui devaient marquer ce rendez-vous important et attendu du partenariat Japon/Afrique.
La Tunisie n’a accordé aucune considération aux refus exprimés par le Japon.
Le Maroc a décidé de ne pas participer au 8e Sommet de la TICAD et rappelé immédiatement en consultation l’Ambassadeur de SM le Roi à Tunis.
Le Président de la Guinée Bissau et président en exercice de la Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), Umaro Sissoco Embalo a quitté la réunion de la TICAD dès la première journée des travaux. Son départ s’est fait en signe de protestation contre « la participation du polisario imposée par la Tunisie ».
Pendant un temps, Macky Sall, le président sénégalais avait envisagé de partir, mais son avion n’a pas pu faire demi-tour. En plus, en sa qualité de président en exercice de l’Union africaine, Macky Sall a présidé l’ouverture des travaux de la TICAD 8.
« Le Sénégal regrette que ce rendez-vous de la Ticad soit marqué par l’absence du Maroc, un éminent membre de l’Union africaine, faute d’un consensus sur une question de représentation », a dit Macky Sall dans son discours, ajoutant : «Nous espérons que cette question trouvera une solution durable dans l’avenir pour la bonne marche de notre organisation et de notre partenariat dans un cadre serein et apaisé ».
Le président des Iles Comores, Azali Assoumani, a apporté un soutien appuyé au Maroc. « Je voudrais exprimer notre regret pour l’absence du Maroc, un pilier de l’Afrique pour des raisons de conformité des règles établies jusqu’ici pour l’organisation de ce sommet de la Ticad », dira-t-il, ajoutant :« Nous espérons que cela n’affectera pas les attentes de nos peuples dans ce partenariat stratégique entre l’Afrique et le Japon ».
Le Libéria aurait souhaité faire suspendre les travaux du TICAD à cause de l’absence du Maroc : « Le Liberia fait part de son regret quant à l’absence du Maroc. On est surpris de la présence imposée d’une délégation en violation des procédures de la TICAD », a dit le ministre libérien des Affaires étrangères, Dee-Maxwell Saah Kemayah, appelant à « la suspension de cette session jusqu’à résolution des problèmes relatifs aux procédures ».
Au Maroc, outre la surprise et l’indignation générale qui ont secoué les réseaux sociaux à travers le pays, c’est d’abord, l’Association nationale des médias et des éditeurs (ANME) qui a dénoncé avec vigueur l’hostilité provocatrice de la Tunisie, indiquant avoir été «surprise par la démarche du président Saïed qui s’est montré insolent envers la cause nationale, sans le moindre respect des coutumes, traditions, règles de respect de bon voisinage, ou de l’histoire et du destin communs entre les deux pays». Elle a aussi ajouté « que le geste dénoncé ne représente que la présidence tunisienne et ses représentants».
La voie du Syndicat national de la presse marocaine (SNPM) s’est également élevée pour condamner l’attitude de Kaïs Saïed. Dans son communiqué, le SNPM a exhorté l’ensemble des organisations civiles, syndicales et de défense des droits de l’homme, ainsi que toutes les élites des mondes des médias et de la culture, à s’opposer à toutes les manœuvres qui ciblent l’action maghrébine commune, en visant la souveraineté des États et leur intégrité territoriale, les invitant à œuvrer et à renforcer les liens entre les peuples de la région de manière à servir la paix, la stabilité, la sûreté et la démocratie.
En fait, Kaïs Saïed n’a agi qu’en son nom personnel et sous l’impulsion d’un quelconque intérêt.
Or, pour pouvoir endosser dignement la noble Tunique d’un Chef d’Etat, on a le devoir de veiller à ses faits et gestes et la conviction du respect des autres !
Dans cette regrettable histoire, Kaïs Saïed a mis les pieds joints dans un plat trop chaud pour ses orteils.