Le projet de loi n°13-21, adopté en juin 2021, réglemente l’usage licite du cannabis à des fins médicales, pharmaceutiques et industrielles qui a débuté officiellement le 21 juin 2024. Il vise à transformer les cultures illicites en activités légales durables, tout en créant une Agence nationale de réglementation pour superviser les activités liées au cannabis. Les agriculteurs, organisés en coopératives, devront établir des contrats de vente avec des entités marocaines pour la transformation et la commercialisation de leurs produits. Le projet de cette loi, inclut des mesures environnementales, telles que la délimitation des zones de culture, la rotation des cultures et l’utilisation de semences certifiées, excluant les OGM. Toutefois, des interrogations subsistent quant aux effets réels sur les petits producteurs.
La loi 13-21, a été étudiée afin d’apporter plusieurs bénéfices, tels que la réintégration sociale des agriculteurs, l’amélioration de leurs revenus, des pratiques agricoles plus durables et le développement des régions du nord, selon la sociologue Kenza Afsahi. Mounir El Bouyoussfi, directeur de l’Agence pour la promotion et le développement du nord, souligne que cette loi offrira également plus de sécurité aux agriculteurs, actuellement confrontés à divers risques, notamment juridiques, sociaux et économiques. Avec la dernière Grace Royale 4.831 personnes condamnées, poursuivies ou recherchées dans des affaires liées à la culture du cannabis, vont pouvoir intégrer la vie normale. Régulariser leurs Statuts sociaux et les statuts de leurs familles, avoir droit à la Sécurité sociale, bénéficier des subventions des logements, avoir droit à la Scolarité et au Mariage pour certains. Enfin vivre en tant que citoyen et non était un fugitifs traques.
Le kif, cultivé dans le Rif, une région marocaine pauvre, représente une activité essentielle pour la survie des petits producteurs, estimés entre 90 000 et 140 000 foyers. Bien que la culture du cannabis soit illégale, elle est tolérée par les autorités pour maintenir la paix sociale dans une région souvent en conflit. En raison de la qualité médiocre des sols, d’autres cultures comme les céréales ou les olives sont beaucoup moins rentables, rendant le cannabis l’une des rares opportunités économiques viables pour les habitants.
Dans les années 1970, la culture du cannabis au Maroc était limitée et principalement destinée à la consommation locale, utilisant des semences traditionnelles. Cependant, l’essor des mouvements hippies dans les années 1960 a transformé cette économie, le cannabis devenant un produit d’exportation, notamment sous forme de « Hashish ». En 2003, les plantations de cannabis ont atteint leur maximum avec plus de 130 000 hectares cultivés, produisant plus de 47 000 tonnes de cannabis brut et générant 214 millions de dollars pour les petits agriculteurs, représentant près de 0,6% du PIB. Le chiffre d’affaires total du marché de la résine de cannabis marocaine était alors estimé à 12 milliards de dollars, principalement grâce au trafic vers l’Europe.
Cette loi, aborde les obstacles auxquels font face les petits producteurs sur le marché du cannabis thérapeutique, notamment en raison de la légalisation. Bien que celle-ci pourrait leur permettre de percevoir 12% du chiffre d’affaires dans le circuit légal, contre 4% dans l’illégal, des acteurs locaux, comme Khalid Mouna, expriment des doutes. Ils craignent que les petits cultivateurs, après avoir été exploités par des trafiquants, se retrouvent désormais à vendre leur production à des prix très bas à des multinationales.
La légalisation récente du cannabis dans plusieurs pays a révélé que les petits cultivateurs, auparavant marginalisés, rencontrent de nombreuses difficultés administratives et juridiques pour accéder aux marchés. La concurrence est particulièrement rude dans les marchés industrialisés d’Europe, d’Amérique du Nord et de Chine. Selon le Transnational Institute, sans politiques favorisant les petits producteurs, la survie de millions d’entre eux est menacée. De plus, la transformation du cannabis est essentielle pour créer de la valeur ajoutée, et il est crucial que ces unités de transformation soient localisées pour soutenir l’économie régionale et maintenir l’emploi dans la cannabiculture.
Mouna.N