Où en est-on ?
par le Docteur Abdelhak BAKHAT
Une rencontre de communication sur la généralisation de la couverture médicale, a été organisée vendredi 25 novembre écoulé à Tanger, par la Chambre de commerce, d’industrie et des services de Tanger-Tétouan-Al Hoceima (CCIS-TTA), en partenariat avec la direction régionale de l’Industrie et du commerce, la direction régionale des impôts et la direction régionale de la Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS).
Cette réunion a eu pour avantage de souligner l’importance et les avantages de la couverture médicale et sociale et son élargissement aux professionnels, aux travailleurs indépendants et aux non-salariés.
En fait, c’est quoi l’Assurance Maladie Obligatoire de base ( AMO ) et où en est le chantier de sa généralisation lancé il y a plus d’une année avec l’idée qu’à la fin de 2022 tous les citoyens marocains puissent être couverts?
Cette assurance garantit pour les assurés et les membres de leur famille à charge, quel que soit le régime dont ils relèvent, la couverture des risques et frais de soins de santé liés à une maladie ou à un accident, à la maternité, et à la réhabilitation physique et fonctionnelle.
Selon la ministre de l’Economie et des Finances, Nadia Mme Fettah Alaoui le nombre de bénéficiaires des services de l’AMO a connu une hausse de 15% en 2021 et le nombre des assurés ayant le droit ouvert a atteint 2,9 millions en moyenne mensuelle.
A noter que de plus en plus de travailleurs libéraux sont désormais assujettis au Régime de l’Assurance Maladie Obligatoire
Le nombre de dossiers déposés a connu, quant à lui, une augmentation de 20% pour atteindre 5.336.632 dossiers, ce qui a porté les remboursements à un total de 5,762 milliards de dirhams, tandis que le taux de sinistralité est resté stable à 25%.
L’Agence nationale de l’assurance maladie (ANAM) fait état de 25,2 millions de bénéficiaires de la couverture médicale de base, tous régimes confondus dont 11,17 millions relèvent de l’AMO et 11 millions du Ramed.
Le chantier de la généralisation de l’assurance maladie obligatoire (AMO) au profit de tous les Marocains avance à grands pas, assure-t-on. À la veille de sa mise en œuvre, le taux de couverture médicale de base de la population s’élevait à 70,2% en 2020, soit 25,2 millions de bénéficiaires (tous régimes confondus), contre 16% en 2005. Parmi ces bénéficiaires, 11,17 millions relèvent de l’AMO et 11 millions du Ramed. «Le but est d’atteindre 100% de la population à travers l’intégration de 11 millions de travailleurs non salariés et 11 millions de bénéficiaires actuels du Ramed qui basculeront vers l’AMO (soit un total 22 millions de citoyens).
L’agence souligne, par ailleurs, qu’elle a mis en place une stratégie d’accompagnement pour atteindre l’objectif de la généralisation de l’AMO à toute la population «Cette stratégie est déclinée en mesures spécifiques que l’ANAM déploiera pour l’accompagnement des deux actions clés de l’extension progressive de la base d’assujettissement à l’AMO. La première action porte sur la participation active de l’Agence au transfert/intégration des catégories sociales bénéficiant actuellement du Ramed dans le régime AMO géré par la Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS),
Dans la même optique permettant de s’adapter à cette évolution, les infrastructures hospitalières sont elles-mêmes à développer: on sait que la grande idée de l’actuel ministre de la Santé, Khalid Aït Taleb, est de passer par les partenariats public-privé (PPP) avec les cliniques, ayant à ce propos signé en septembre 2020 une convention- cadre avec la Fédération nationale de la santé (FNS), mais il faudra nécessairement en faire plus notamment au niveau des régions les plus pauvres, où les hôpitaux ne peuvent pas vraiment être “rentables”. On ne peut toutefois qu’être encouragés par les investissements qui semblent programmés pour notamment développer les centres hospitaliers universitaires (CHU),
Le renforcement de l’offre de soins suppose également une forte amélioration de la densité de personnel soignant sur l’ensemble du territoire, et un pilotage efficace de l’offre de soins notamment au niveau régional. L’objectif est d’atteindre une densité de personnel soignant de 4,5 pour 1.000 habitants, contre 2 pour 1.000 actuellement. Cela correspond, en moyenne, à 3.600 médecins et 7.100 infirmiers formés annuellement.
Les chiffres les plus récents font état d’une moyenne de seulement 1,51 agent de santé par 1.000 habitants, alors que l’Organisation mondiale de la santé (OMS) en recommande 4,45 au minimum, soit trois fois plus, et c’est pire pour certaines régions.
Signe révélateur de ce déficit : la pandémie de Covid-19 a clairement montré que le Maroc ne pouvait pas en rester à un personnel de santé aussi bas, et c’est donc tout naturellement que l’AMO ne doit représenter qu’une première étape.
Conclusion : il reste beaucoup d’efforts à déployer… !