Il existe un slogan arabe qui dit : « Ghadyine, ghadyine, la kheir ndirouh ! » (Partir pour partir…donc ne faisons pas de bien !) .
C’est ce qui semble se dégager chez certains responsables, en cette veille des législatives.
L’histoire qui nous intéresse, aujourd’hui, concerne une nouvelle tentative de violation du patrimoine vert de Tanger, lorsqu’un promoteur a décidé d’entreprendre des travaux de bâtiment au sein de la forêt de R’milet.
Ainsi, ce principal poumon fournisseur d’oxygène à Tanger, a failli, de nouveau, être sacrifié au profit de projets immobiliers et touristiques, dans l’indifférence de la mairie de Tanger, apparemment demeurée sans réaction.
L’intéressé détiendrait une autorisation datant de plus de quatre ans, donc périmée.
Fort heureusement, la tutelle, avec à sa tête le wali de la région Tanger-Tétouan-Al Hoceima, Mohamed M’hidia, a dit «Non» à ce massacre, stoppant net, dans la nuit de mercredi à jeudi 19
novembre, le bruit des engins destructeurs d’arbres et dévorateurs de verdure projetant de faire place à la réalisation d’un complexe immobilier et touristique lancé dans la forêt de R’milat.
Apparemment, ce projet touristique et immobilier aurait été effectivement validé par la mairie en 2016, au profit d’un promoteur immobilier natif de la province de Nador, projetant l’édification d’un complexe touristique, comprenant un hôtel classé et d’autres infrastructures.
« Au moment de la validation de ce projet, aucune opposition n’a été soulevée dans la ville » expliquerait une source proche de la commune.
La mairie n’a pas encore officiellement réagi à l’arrêt du chantier. Par contre, outre les autorités locales, plusieurs composantes de la société civile dans la région de Tanger-Tétouan-Al Hoceima, notamment le mouvement des « Jeunes Verts » estiment que ce projet est destructeur de la nature, surtout dans cette zone qui offre une véritable bouffée d’oxygène pour la population de la ville de Tanger et de ses environs.
Selon les sources d’un quotidien national arabophone « Al Akhbar » qui a soulevé le problème dans son édition du week-end des 21 et 22 novembre 2020, plusieurs actions sont, en effet, prévues par cette association pour contrer ce projet maléfique.
« Le mouvement des Jeunes Verts est monté au créneau pour dénoncer « la destruction de la forêt et l’expansion des briques qui asphyxiera la zone verte de la région » écrit le journal.
Côté « réputés » défenseurs du patrimoine à Tanger, la réaction escomptée se faisait toujours attendre, du moins jusqu’à l’heure où nous rédigions ces lignes.
En réalité, ce n’est pas la première fois que l’on tente de violer le site verdoyant de la forêt diplomatique et, sans la vigilance des Tangérois, cet écrin de verdure serait aujourd’hui envahi de béton.
En fait, de l’avis général, le site a de quoi plaire. D’une superficie de près de 70 ha, cette forêt constitue un lieu d’escapade pour les amoureux de la nature vierge, avec son parc botanique appelé «Perdicaris», du nom d’un ancien riche diplomate américain, John H. Perdicaris, propriétaire d’un terrain réaménagé avec toutes sortes de plantes exotiques et une demeure à l’architecture influencée par l’aspect cosmopolite de la ville de l’époque, aujourd’hui classée dans le patrimoine de la ville.
Situé à 4 km du cœur de Tanger, au sommet de la route de la vieille montagne, ce lieu de détente qui offre une vue imprenable sur le Détroit de Gibraltar et l’Océan tout proche, est sillonné par de petites allées ombragées où flottent les parfums délicats de l’eucalyptus, du pin noir et du mimosa, au grand bonheur des nombreux visiteurs qui viennent s’y ressourcer et goûter aux joies de la nature
La gestion de ce Site d’Intérêt Biologique et Ecologique (SIBE) est confiée à la Direction régionale des Eaux et Forêts.