La campagne électorale qui a démarré le 26 août, montre d’ores et déjà ses couleurs : elle est âpre et inédite.
D’abord, elle est inédite parce qu’elle se déroule dans un contexte de crise sanitaire. Jamais auparavant les partis politiques n’avaient eu à se prêter au jeu électoral avec de fortes contraintes les obligeants à revoir profondément leurs stratégies électorales.
Cela est bien sûr déroutant, puisque l’ensemble des partis politiques ont toujours eu à miser sur les formes de communications et de marketings politiques traditionnels où le contact physique et la rhétorique à des fins de persuasions sont privilégiés au détriment de la dimension technique de la transmission des messages politiques.
Néanmoins, les différents candidats aux élections, tous partis confondus, semblent avoir compris, par obligation, que fonder sa stratégie de campagne sur les formes traditionnelles de marketing politique, ce serait se condamner à l’échec, pas loin de s’interdire les chances de victoire. La tendance à investir les réseaux sociaux pour marquer une présence politique s’est ainsi accrue, moitié pour les contraintes imposées par la crise sanitaire, moitié du fait de l’importance pris par les réseaux sociaux dans le tissu social du pays.
Cette double explication de l’importance croissante des réseaux sociaux dans la communication politique justifie donc le caractère inédit de la présente campagne électorale.
Mais, si les formes virtuelles de communication politique prennent le pas sur les autres formes, que la technique donc accompagne intimement la parole politique ou la supplante, il ne reste pas moins que la lutte pour la victoire, même sur les réseaux sociaux, est âpre et déséquilibrée.
Elle est âpre parce que tous les partis et les candidats y sont présents, à la recherche d’un maximum de visibilité face à leurs concurrents ; et elle est déséquilibrée parce que face aux strategies collectives d’investissement des réseaux sociaux, portées par les Etats major des partis politiques, s’opposent des stratégies individuelles ou plus précisément des navigations à vue mises en œuvre par les candidats eux-mêmes. Au concret, on observe, d’un côté, des affiches de campagne et des spots électoraux professionnels réalisés avec soin, rendus publics et modérés selon une temporalité précise ; d’un autre côté, on observe des supports de communication ne prenant pas en compte les exigences techniques des réseaux sociaux, et sur lesquels les candidats s’affichent sans prendre en compte l’importance de leur posture, geste, sourire, encore moins des messages qu’ils transmettent. Ce déséquilibre induit notamment des différences sur la capacité à intéresser une frange importante de l’électorat, encore qu’il ne faudrait pas oublier que sur les réseaux sociaux la circonscription de visibilité est davantage nationale voire internationale que locale.
Si dans l’ensemble, quel que soit les déséquilibres observés, les candidats peuvent toujours compter, en premier et parfois exclusivement, sur les messages d’encouragement et de soutiens de leurs amis et connaissances, il ne reste pas moins que certains ne mesurent pas le véritable enjeu derrière l’utilisation des réseaux sociaux au cours de cette campagne. La présence sur les réseaux sociaux est certes nécessaire, un effort à saluer, mais cela ne suffit pas, encore faut-il comprendre comment ils marchent, et y performer de manière stratégique, conformément aux attentes des électeurs qui sont en somme, la seule noblesse en vérité du terrain politique.
Sali B.O