par le Docteur Abdelhak BAKHAT
La Ligue Arabe, officiellement « Ligue des États Arabes » est une Organisation régionale à statut d’observateur auprès de l’Organisation des Nations unies (ONU). Elle est fondée le 22 mars 1945 au Caire par six pays et compte, depuis 2015, vingt-deux États membres. L’Organisation de la Ligue arabe repose sur quatre organismes principaux : le sommet des chefs d’État dont la 31ème édition s’est tenue les 1er et 2 novembre courant à Alger, le Conseil des ministres, les comités permanents et le Secrétariat général dirigé par Ahmed Aboul Gheit depuis 2016. De plus, divers organismes ont été créés en application de traités qui complètent le pacte de 1945 et plusieurs agences spécialisées travaillent en étroite collaboration avec elle.
Depuis 2019, c’est la première fois que les membres de la Ligue Arabe se réunissent.
Si l’on veut résumer le déroulement du 31ème Sommet de la Ligue des Etats Arabes, que l’Algérie souhaitait consensuel, on peut dire que cet événement s’est déroulé sans Leaders suite aux nombreux désistements, et aussi sans les grandes valeurs requises…tout simplement parce que les décideurs du pays d’accueil, l’Algérie, grisés par leur fierté paranoïaque légendaire et leur ignorance des rigueurs protocolaires conventionnelles, ont sabordé cette rencontre régionale sensée être de haut niveau, dont ils ont, pourtant, tellement revendiqué l’organisation, chez eux, à Alger, sous le prétentieux slogan de « Rassembler le Monde Arabe ! ». En fait, le véritable objectif était de redonner de la visibilité à leur pays sur la scène internationale et lui permettre de faire un retour dans la sphère diplomatique désertée à cause de comportements marginaux.
Nous sommes samedi 29 octobre 2022. Une vingtaine de drapeaux flottent au centre de la capitale algérienne. Tous les Etats membres de la Ligue Arabe sont représentés dans ce décorum, y compris le Maroc avec lequel l’Algérie a rompu unilatéralement les relations diplomatiques, en août 2021, à cause d’une rancune maladive des dirigeants algériens qui alimentent et financent depuis un demi-siècle une guerre menée par l’intermédiaire du front polisario que les dirigeants algériens ont créé de toutes pièces en 1975 pour revendiquer, à tort, en leur nom, le Sahara Marocain. (Lire, par ailleurs, dans cette édition, l’article concernant la dernière réunion du Conseil de Sécurité).
Les responsables algériens se disent donc prêts à l’ouverture des travaux du Sommet de la Ligue Arabe dont le premier enjeu, pour eux, est la participation des Chefs d’État membres, en personne.
D’ailleurs, depuis des mois, les Algériens n’ont pas ménagé leurs efforts pour courtiser et convaincre les dirigeants Arabes de venir à Alger. Jamais depuis son retour à la tête de la diplomatie en juin 2020, le ministre algérien des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra, n’a autant voyagé à travers le monde arabe pour obtenir des accords de participation de haut niveau.
« La présence de tous est indispensable afin de prendre des décisions nécessaires pour rassembler la famille arabe », semait sur son passage le ministre, à deux semaines de l’ouverture du Sommet.
Pour le président Abdelmadjid Tebboune, les enjeux sont élevés et mesurables par la présence des Chefs d’Etat qu’il a personnellement invités, dans le dessein de valider sa crédibilité internationale.
Pour espérer réussir l’événement, les organisateurs algériens se sont pliés aux conditions dictées par le Secrétariat général de la Ligue, dont celle de ne pas inclure certains sujets sensibles dans l’ordre du jour du Sommet, comme celui du Sahara Marocain ou encore celle de veiller à la publication de la Carte complète du Royaume Chérifien avec Son Sahara.
En ce samedi donc, on affirme que tout est fin prêt pour ouvrir les travaux de la réunion préparatoire des ministres des Affaires étrangères chargés d’examiner le projet d’ordre du jour du Sommet, de formuler un projet de déclaration qui clôturera ses travaux et d’achever l’examen des questions soulevées par les délégués permanents et les Hauts responsables au cours des deux derniers jours.
Le Maroc est représenté à cette réunion préparatoire par une délégation présidée par le ministre des Affaires étrangères, de la Coopération africaine et des Marocains résidant à l’étranger, Nasser Bourita, arrivé, le jour même, à Alger.
Signalons, au passage, qu’aucun accueil n’a été réservé à la délégation Marocaine à son arrivée à l’aéroport Houari Boumedienne, contrairement à ce qui a été fait pour les autres invités.
Pourtant, la crédibilité d’un Sommet aussi important se mesurerait aussi par la qualité de l’accueil et de l’hospitalité réservés aux honorables invités, avec les convenances et la diplomatie dignes de leur rang.
A propos de diplomatie, cette grande valeur morale fondamentale et fragile compte énormément quand on reçoit chez soi des invités sollicités avec insistance et attendus pour un « rassemblement fraternelle », dit-on. Mais sûrement pas pour les dirigeants algériens aveuglés par la rancune et rongés par l’envie de se donner un accès à l’océan Atlantique à travers les territoires de u Sud Marocain. Utopique !
Ce manque de discernement a fait commettre aux dirigeants algériens, plusieurs défections menaçant le succès du Sommet d’Alger.
Pour revenir à la réunion ministérielle, l’arrivée de M. Bourita aux lieux de la rencontre a été chaleureusement salué par son homologue Mauritanien alors que l’hôte Ramtame Laamamra sensé organiser l’accueil est resté invisible.
Le projet de l’ordre du jour de cette réunion présidée par le ministre algérien Laamamra, comprenait 19 points, dont les rapports soumis au Sommet Arabe, la question palestinienne, le conflit arabo-israélien et ses évolutions, la solidarité et le soutien au Liban, l’évolution de la crise syrienne et de la situation en Libye.
Les ministres ont également examiné la situation au Yémen, le soutien à la paix et au développement au Soudan, le soutien aux républiques de Somalie et de l’Union de Comores, le dossier de l’occupation par l’Iran des trois îles émiraties, l’ingérence iranienne dans les affaires intérieures des pays arabes, l’adoption d’une position arabe unifiée concernant la violation par les forces turques de la souveraineté irakienne, le maintien de la sécurité nationale dans le monde arabe, ainsi que la lutte contre le terrorisme et le développement du système arabe de lutte contre ce fléau, cela outre des points liés à l’action arabe commune, l’amendement des dispositions du statut du Parlement arabe, en plus des projets de résolutions présentés par le Conseil économique et social, ainsi que la proposition de réforme et de développement de la Ligue Arabe.
A un moment donné, on a senti un clash entre Laamamra et Bourita qui a fait un rappel à l’ordre au ministre algérien, sur ses limites de président de séance..
Mardi, à l’heure « H » de l’ouverture des travaux du Sommet, on déplorera l’absence de Leaders Arabes, membres de la Ligue, qui se sont fait remplacer, ce qui constitue un coup dur pour l’organisation de l’événement placée sous le signe du « Rassemblement panarabe !».
Ainsi, le Prince Héritier Saoudien Mohammed ben Salmane, dirigeant de facto du royaume, ne s’est pas rendu à Alger, officiellement à cause d’un problème de santé. Les dirigeants des Émirats Arabes Unis, de Bahreïn. du Koweït, de Jordanie, d’Oman et du Liban, étaient également absents.
Une autre défection de taille : celle du Roi du Maroc, Mohammed VI qui avait été pourtant l’un des premiers Dirigeants à confirmer sa participation au Sommet d’Alger. Que se serait-il donc passé ?
En dehors du fait que les relations entre les deux pays voisins, sont constamment tendues, les raisons de cette non-venue du Roi du Maroc, seraient de plusieurs ordres.
Rabat estime tout d’abord que les autorités algériennes ont réservé un traitement peu diplomatique à Nasser Bourita et à la délégation représentant le Royaume Chérifien, ce qui ne permettrait pas au Souverain d’effectuer un séjour serein et apaisé en Algérie. Le Maroc goûte également peu la persistance des attaques dont il fait l’objet dans les médias algériens. Enfin, l’absence à ce sommet de chefs d’État que Rabat considère comme lui étant proches a également joué dans le désistement du Souverain Marocain..
Ajoutons à cela, le fait que, sans raison valable apparente, une délégation médiatique officielle marocaine représentant la chaîne de télévision «Al Aoula» du Rpyaume a été contrainte de quitter le territoire algérien, à la veille du Sommet, à cause de pressions, de harcèlements, d’interrogatoires sécuritaires et de longues heures d’attente à l’aéroport Houari Boumediene à Alger. Ce n’est pas la première que ça arrive.
Voyons maintenant un constat révélateur, publié dans le journal « Le Matin d’Algérie » dans son édition de mardi 1er novembre, jour d’ouverture des travaux du Sommet Arabe :
« Les membres les plus influents de la Ligue arabe sont absents à Alger. Le sommet [qui démarre ce mardi 1er novembre, ndlr] ne réunira au final que des ministres et quelques chefs d’États de peu d’influence. Loin des déclarations prometteuses et emphatiques du président Tebboune et ses relais. L’Arabie saoudite, le Koweït, les Émirats arabes unis, la Jordanie et le Maroc seront (en effet) représentés par de simples ministres. (…) En attendant l’annonce de la venue ou pas du président autocrate égyptien, Abdel Fattah al-Sissi, note encore Le Matin d’Algérie, Abdelmadjid Tebboune peut se contenter de l’arrivée de Ghazali Othmani, président de la République fédérale islamique des Comores et de Mohamed Younis El-Menfi, le président du Conseil présidentiel libyen. Est présent, également, le président du Conseil de souveraineté de transition de la République du Soudan, Abdel Fattah Al-Burhan, celui-là même qui réprime dans le sang les protestataires soudanais, conclue le Journal algérien. (Fin de citation).
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Nota : Nous reviendrons dans notre prochaine édition, sur le déroulement des Travaux et les recommandations du 31ème Sommet de la Ligue des Etats Arabes.