Dans le contexte de la lutte contre la crise de l’eau, les autorités locales de Tanger ont pris une première batterie de décisions drastiques : celle de fermer les bains publics, les spas et les stations de lavage de voitures pendant trois jours chaque semaine. Ces premières mesures exceptionnelles visent à atténuer les impacts du stress hydrique qui pèse lourdement sur la région.
Cette résolution a été confirmée par les responsables de Tanger-Tétouan-Al Hoceima après des consultations approfondies avec les professionnels du secteur. Les jours de fermeture ont été définis du lundi au mercredi, permettant ainsi une gestion plus équilibrée. Il s’agit d’une initiative concrète qui s’inscrit dans le cadre des efforts nationaux visant à contrer la sécheresse et à garantir une utilisation durable de l’eau.
Cette décision découle d’une note du ministère de l’Intérieur adressée aux gouverneurs et aux autorités locales, les exhortant à prendre des mesures urgentes face à la crise de l’eau. L’intérieur déplore l’impact dévastateur des années successives de sécheresse sur les réserves d’eau du pays, appelant ainsi à une gestion prudente de cette ressource précieuse.
Dans ce document, le ministre de l’Intérieur, Abdelouafi Laftit, appelle à réactiver les commissions régionales chargées du suivi du programme national d’approvisionnement en eau potable et en eau d’irrigation, afin de veiller à l’application de mesures strictes, pour rationaliser la consommation d’eau.
Parmi les mesures qui seront appliquées, des restrictions sur les débits des eaux distribuées, ainsi que l’interdiction de l’utilisation des eaux de surface et des nappes phréatiques pour l’arrosage des espaces verts et des terrains de golf.
Cette circulaire interdit aussi de pomper illégalement les eaux des puits et des cours d’eau, d’utiliser cette ressource pour nettoyer les voies et les places publiques à grande eau, ou pour laver des camions ou des machines.
La rareté des précipitations, le taux critique de remplissage des barrages et la baisse du niveau des eaux souterraines ont accentué la menace d’une crise hydrique imminente. D’où l’adoption de mesures strictes, telles que la fermeture périodique des établissements qui dépendent de grandes quantités d’eau. Cette mesure se révèle essentielle pour assurer la stabilité des approvisionnements en eau.
La ville de Tanger se distingue ainsi en tant que modèle de responsabilité environnementale en prenant des mesures proactives et coordonnées pour faire face aux défis de la sécheresse. Cette décision témoigne de la volonté des autorités locales de mettre en œuvre des actions audacieuses afin de préserver les ressources en eau et de sensibiliser la population à l’importance cruciale de la conservation de cette ressource essentielle.
Rappelons que la question de la problématique de l’eau a fait l’objet d’une attention particulière de sa Majesté le Roi Mohammed VI, au cours d’une séance de travail tenu à Rabat, le Mardi 16 janvier. Lors de cette séance de travail, le ministre de l’Equipement et de l’Eau Nizar Baraka a présenté un exposé sur la situation hydrique qui fait ressortir, pour la période de septembre à mi-janvier 2024, un déficit pluviométrique de 70% par rapport à la moyenne, ainsi qu’un taux de remplissage des barrages de 23,2% contre 31,5% à la même période de l’année dernière.
Grâce aux actions déjà engagées suite aux orientations royales, notamment dans le cadre du Programme national d’approvisionnement en eau potable et d’irrigation 2020-2027, plusieurs provinces et régions ont pu être convenablement approvisionnées ces dernières années en eau potable. C’est le cas en particulier de la réalisation de l’interconnexion des bassins de Sebou et Bouregreg et de la mise en service des stations de dessalement d’Agadir et de Safi/Jorf Lasfar.
Le ministre a ensuite présenté devant le roi Mohammed VI le plan d’action d’urgence élaboré par les départements compétents afin de faire face à la situation actuelle et d’assurer l’approvisionnement en eau potable, particulièrement dans les villes, centres et localités déficitaires ou susceptibles de l’être.
Ce plan d’action d’urgence présenté devant le roi, et décliné au niveau des différents systèmes hydrauliques du Royaume, prévoit une diversité de mesures comprenant, à court terme, la mobilisation optimale des ressources au niveau des barrages, des forages et des stations de dessalement existantes, la réalisation d’équipements urgents d’adduction et d’approvisionnement de l’eau, et là où la situation l’exige, des mesures éventuelles de restriction de l’eau d’irrigation ou des débits de distribution.
Le roi Mohammed VI a aussi exhorté les départements et organismes concernés à redoubler de vigilance et d’effort pour relever le défi de la sécurité hydrique et assurer l’approvisionnement en eau potable à l’échelle de toutes les localités du Royaume.
A cet égard, le souverain a invité le gouvernement à instaurer une communication transparente et régulière en direction des citoyens sur les évolutions de la situation hydrique et sur le plan des mesures d’urgence qui seront mises en œuvre, tout en renforçant la sensibilisation du grand public à l’économie de l’eau et à la lutte contre toutes les formes de gaspillage ou d’usages irresponsables de cette matière vitale.