Par le Dr Abdelhak BAKHAT
Au départ, c’était l’euphorie ! Grisés par un sentiment bizarre de supériorité par rapport au reste du monde, les dirigeants algériens imaginent, parfois, tout ce qui peut, à leur point de vue, les propulser au-devant de la scène internationale. Selon eux, l’Algérie est le meilleur pays du monde, à tout point de vue et en toute circonstance !
En termes de psychologie, cet état d’esprit relève de la mégalomanie qui se traduit par une surestimation et un amour exclusif de soi. Ce sentiment n’existe en fait que dans la tête de certains individus désorientés, baignant dans l’erreur, et rejetant la vraie vision des réalités.
Ainsi donc, les dirigeants algériens se sont fixés sur l’organisation du 31ème Sommet de la Ligue Arabe, et n’ont pas eu beaucoup de peine à en convaincre les responsables, d’autant plus que c’est leur droit, comme c’est le cas de tout autre pays arabe, quoique le cas de l’Algérie est tout à fait spécial ! Pourquoi ? .
En effet, si l’on en croit certains observateurs avertis, Alger voudrait tirer profit de l’organisation de ce Sommet dont elle a besoin pour tenter de redorer son blason terni par la répression interne et par ses comportements marginaux qui lui font perdre continuellement du terrain, du respect et des amis sur l’échiquier international. Mais aussi pour assouvir ses sensations de supériorité.
C’est pourquoi elle a besoin de ce Sommet arabe pour tenter de réintégrer la Famille Arabe où elle est de plus en plus isolée pour ses complots marginaux allant dans le sens inverse des intérêts de la Communauté Arabe au sein de laquelle Alger ne cherche qu’à diviser dans le dessein d’affaiblir les autres nations, croyant pouvoir demeurer maître absolu sur la scène, au détriment des autres, se faisant ainsi une image erronée de ses pairs et de l’avenir.
Nous ne voudrions, pour exemple, que le cas du président-marionnette tunisien, Kaïs Saïed dont les généraux algériens ont acheté les services, le contraignant à réserver, le 26 août dernier à Tunis, un accueil officiel humiliant, au chef du mouvement séparatiste du polisario, en contrepartie de pétrodollars.
C’est aussi le cas de l’Ethiopie montée par Alger contre l’Egypte, dans le différend sur le Nil où l’Algérie voit encore une occasion de s’affirmer sur le plan régional.
Chaque fois, Alger veille à rester dans l’ombre, mais gauchement.
D’ailleurs, depuis le début des préparatifs du prochain Sommet, des incertitudes planent sur l’événement pour différentes raisons dont, entre autres, les relations de l’Algérie avec l’Iran, son manque de soutien aux nations arabes vis-à-vis de Téhéran ; son désir de ramener la Syrie au sein de la Ligue arabe et son action provocatrice dans le Maghreb, considérée comme une politique de division de la région.
Dans cette optique, le Président égyptien, Abdel Fattah Al-Sissi, a évoqué les relations crispées de son pays avec l’Algérie depuis que cette dernière a développé son partenariat avec l’Éthiopie, un pays en conflit avec l’Égypte à cause du fleuve du Nil.
Cette grosse bavure ajoutée à d’autres, a poussé le président algérien Abdemadjid Tebboune à dépêcher en urgence son chef de la diplomatie au Caire pour inviter officiellement le Président Al-Sissi.
D’autre part, pour se garantir le prestige de l’organisation du Sommet Arabe, auquel les dirigeants algériens tiennent par-dessus tout, Alger a consenti à subir les pressions des Etats Arabes.
Dans ce sens, le Président égyptien, Abdel Fattah Al-Sissi, est revenu à la charge le 14 septembre denier, pour faire allusion, dans une interview, au Maroc sur lequel l’establishment algérien s’acharne en continu, affirmant que les pays Arabes ne doivent en aucun cas traiter avec les organisations terroristes et les milices armées et doivent préserver la souveraineté et l’intégrité territoriale des pays.
Ce nouveau message du président égyptien, qui est on ne peut plus clair pour la junte militaire algérienne, qui veut passer pour un Etat aspirant à l’unité et à la coopération interarabe, mais qui est en fait un élément perturbateur ne laissant passer aucune occasion pour semer la zizanie et la discorde, l’a obligée à faire des concessions afin de montrer patte blanche vis-à-vis, notamment, du dossier du Sahara Marocain.
Dans le dossier libyen, l’Algérie soutient ouvertement le gouvernement de Tripoli afin de semer la zizanie entre les protagonistes, ne serait-ce que pour contrer l’initiative de la diplomatie marocaine qui a abouti aux accords et aux compromis prometteurs de Skhirat et de Bouznika.
En sus de cela, la répression en interne a fait perdre à l’Algérie du terrain et du respect sur l’échiquier politique international. C’est pourquoi, elle a besoin de ce Sommet Arabe pour redorer son blason.
Pour cela, Alger a déjà fait des concessions. Elle n’a pas convié le Polisario à prendre part à un forum consacré à l’examen des missions de la société civile dans la région arabe. Sur la liste des participants, la « république arabe sahraouie démocratique (rasd) » ne figure pas.
Lors de la session du 6 septembre du conseil exécutif de la Ligue arabe, Alger ne s’est pas opposée quand le comité ministériel arabe chargé de l’action pour faire cesser les mesures israéliennes à Al-Qods occupée a salué les efforts constants entrepris par le Roi Mohammed VI dans la défense de la ville sainte d’Al- Qods.
Alger a même accepté la condamnation du soutien armé de l’Iran aux milices du Polisario. Deux points qui devraient figurer sur la Déclaration d’Alger, sanctionnant le prochain sommet. Ce n’est pas tout.
Elle a fait d’autres concessions au Caire au sujet de l’ordre du jour du prochain sommet. Elle s’est vu imposer de faire impasse d’évoquer des dossiers comme la réintégration de la Syrie dans le concert arabe, le conflit libyen, la guerre au Yémen, qui se poursuit depuis 2015 entre la coalition arabe et Téhéran par procuration, ou encore la normalisation de certains pays arabes avec Israël. Ce qui revient à se demander de quoi sera fait le menu du prochain Sommet arabe.
Il est clair qu’Alger veut juste sauver la face et tirer bénéfice de l’organisation de ce Sommet.
Elle a invité officiellement le Maroc, mais on sent que la présence au Sommet du Roi Mohammed VI est pour Alger une question gênante. Si le Souveain vient, cela donnera une forte visibilité à ce grand rassemblement des Etats arabes et incitera beaucoup d’autres chefs d’Etat, particulièrement ceux des Monarchies du Golfe, à être de la partie. Si le Souverain ne participe pas, la communauté internationale conclura que ce Sommet d’Alger n’a rien de fédérateur avec l’absence d’un pays important comme le Maroc qui a tant subi les provocations et les campagnes de propagande orchestrées par l’Algérie contre son intégrité territoriale et sa stabilité.
Viendra ou viendra pas ? Cela reste du ressort de la simple spéculation, malgré les “prophéties” de certains médias comme Jeune-Afrique, car personne ne peut avoir des informations de première main sur les activités royales.
Tenue du Sommet
Le sommet de la Ligue Arabe se tient traditionnellement au mois de mars ; néanmoins l’Algérie a sollicité son report au 1er novembre 2022, date commémorant la Fête de la Révolution de ce pays.
Ainsi, le 31ème Sommet Arabe se tiendra, sauf imprévu, les 1er et 2 novembre prochain à Alger ou probablement à Oran, selon une dernière proposition des organisateurs.
Déjà, ce changement de lieu poserait problème s’il est en relation avec une question de sécurité, comme on le suppose.
Toujours est-il qu’avec les pressions subies, et les concessions faites, les Algériens finissent par se demander maintenant que, finalement, l’organisation de cet événement n’est aussi aisée qu’ils le pensaient.
La première question qui se pose à eux est la présence du Maroc. C’est déjà un gros problème, mais si c’est le Roi Mohammed VI qui doit participer, le problème prend des proportions énormes. Car il faudra bien respecter le protocole comme cela est d’usage dans de pareilles circonstances. Ensuite, il faudra bien accueillir le Roi avec tout le cérémonial nécessaire.
Une fois ce problème résolu, il faudra régler la question de la carte de la Ligue car, il n’est pas question pour les membres de la Ligue que la carte soit amputée, et le Maroc doit y être complet de Tanger à Lagouira. Il faut reconnaître que pour Alger qui a inventé sa propre carte où il affiche une république fantoche à la place des provinces séculaires du Sud du Royaume Chérifien du Maroc, ce sera une très dure décision à pendre, En plus, le monde saura que l’Algérie qui actionne cette république appelée arabe ne peut même pas lui trouver une place parmi les pays arabes. On voit clairement le nœud de la corde. Il va falloir gérer mais est-ce possible ? Peu probable !
Le Polisario apprendra ainsi que le régime algérien ne le mènera plus nulle part et que si dans le passé, il a pu l’introduire de manière illégale dans l’Union Africaine, maintenant ce n’est plus qu’une question de temps pour qu’il soit obligé de plier bagages pour quitter cette organisation africaine dont de plus en plus de pays ouvrent des consulats à Laâyoune et Dakhla.
Autre chose importante : il n’est pas question pour Alger de parler, à aucun moment du Sommet de ses protégés du polisario et doit faire comme si cette entité n’a jamais existé.
Alors, arrivé à ce niveau, on ne peut pas s’empêcher de penser à la question lancinante suivante : l’Algérie voudra-t-elle encore de ce Sommet où elle comptait marquer des points à son actif en faisant adopter par la Ligue Arabe un lien entre la milice du polisario et la Cause Palestinienne ?
Rien que ça !!! dira un politologue affirmant que « L’obsession de l’Algérie par le dossier du Sahara Marocain révèle une haine atavique et aveuglante que tout le monde dénonce, tant elle est devenue anachronique !».