Monsieur le Ministre,
Après plus de 300 jours de souffrance de la part de plus de 25 000 étudiants en médecine et de leurs familles, je me permet de vous adresser cette lettre ouverte, en espérant que vous trouverez un moment pour la lire.
Je suis conscient que de nombreux parents, dans des manifestations empreintes de colère et d’émotion ont déjà tenté de vous interpeller ; cependant, j’ai choisi de vous écrire cette lettre de manière posée, avec l’espoir que cela incitera une réflexion plus profonde de votre part.
J’ai également pris la décision de vous écrire en français, une langue qui vous est chère et que vous parlez aussi couramment. Ce choix facilitera peut-être la compréhension de la gravité de la situation.
Monsieur le Ministre, Je tiens à vous rappeler qu’à peine désignée, vous avez pris l’initiative audacieuse d’annuler une réforme déjà lancée par votre précédent, Monsieur Saaïd Amzazi. À ce moment-là, nous étions nombreux à penser que vous apporterez une vision nouvelle, une réforme innovante qui contribuera réellement à répondre aux besoins de notre pays. Nous avions de l’espoir.
Aujourd’hui, trois ans après la prise de fonction du nouveau gouvernement, nous constatons avec tristesse que la situation de l’université publique marocaine n’a cessé de se dégrader. Notre système universitaire est embourbé dans une bureaucratie rigide, déconnectée de la réalité sociale et incapable de s’adapter aux besoins du secteur privé, condamnant ainsi des milliers de jeunes à l’incertitude quant à leur avenir Professionnel, en l’occurrence le vôtre, et provoquant ainsi la fuite de nombreux étudiants vers d’autres pays ainsi que d’élites marocaines inquiètes pour l’avenir de leurs enfants.
Il est à noter que cet éventuel manque de cerveaux dans un monde en chasse d’élites est considéré comme un frein au futur développement du pays.
Cette crise déjà alarmante est malheureusement aggravée avec le problème non résolu des Facultés de Médecine et de Pharmacie.
À ce propos, permettez-moi, Monsieur le Ministre, de vous poser une question simple : « Que se passera-t-il si une situation similaire se produisait en France ? »
Pensez-vous qu’un tel blocage aurait duré 10 mois sans qu’il y ait de démission, voire de condamnations ?
Je doute fort que dans ce cas, vous auriez conservé vos fonctions pendant plus d’un mois sans être évincé. Vos décisions actuelles sont dangereuses, une rue vers l’inconnu aux conséquences incalculables. Vous jouez avec la stabilité du pays. Vous manipulez une situation explosive qui, si elle venait à se dégénérer, pourrait échapper à tout contrôle.
Comme vous le savez, monsieur le Ministre, un domaine aussi crucial que la médecine nécessite une formation rigoureuse et d’excellentes
conditions d’apprentissage (accès au matériel, infrastructures, enseignement clinique, stages, etc.) Si ces éléments font défaut, cela met en péril non seulement l’avenir des étudiants, mais aussi la qualité des soins qu’ils pourront un jour fournir. Dans le cas de votre présente réforme, elle n’est pas, malheureusement, bien alignée avec les besoins réels des étudiants, et, en plus, elle n’est pas bien communiquée.
Vous savez très bien que chaque fois qu’une réforme est introduite sans une consultation adéquate avec les étudiants et le corps professoral, ces derniers pourraient percevoir cela comme un manque de considération pour leurs préoccupations, ce qui expliquerait leur réaction forte.
Monsieur le Ministre, j’espère de tout mon cœur que vous êtes conscient que les grèves, ajustements et boycotts qui durent depuis plus de 10 mois auront des conséquences majeures sur la formation des étudiants. Cela met en péril leur cursus et leur capacité à maîtriser les compétences nécessaires à leur métier. Bien que leurs revendications soient légitimes, une telle action prolongée peut aggraver la situation pour eux-mêmes, risquant de creuser un fossé difficile à combler avec le ministère de tutelle. Il semble que le manque de communications, de dialogue et de négociations constructives entre les parties soient l’un des problèmes majeurs. Si le ministère n’a pas su ou n’a pas voulu s’engager sérieusement dans un processus de médiation avec les étudiants, cela montre une rupture de la communication, ce qui peut alimenter davantage la frustration.
Le blocage persistant est en soi un indicateur d’une mauvaise gestion de la crise. Ce genre de situation nécessite un dialogue immédiat, des concessions et des solutions innovantes de la part du ministère pour éviter un enrôlement qui pénalise avant tous les étudiants et, à long terme, le système de santé marocain. Il est donc essentiel que les deux parties s’engagent dans une médiation constructive pour débloquer la situation au plus vite.
Monsieur le Ministre, vous avez déjà fait preuve de courage au début de votre mandat. Il est temps de faire preuve de ce même courage, mais cette fois pour résoudre ce problème dans les plus brefs délais et de manière efficace, sans utiliser des demi-solutions contournables ou des demi-vérités. Si vous êtes encore en position de prendre des décisions autonomes, vous n’avez que deux options : présenter des excuses sincères aux étudiants et accéder à leurs demandes légitimes ou maintenant la tête haute pour n’avoir pas pu résoudre ce problème en son temps et démissionner. Si, en revanche, vous n’avez pas cette liberté de décision, alors la situation est encore plus grave, et vous auriez dû quitter ce gouvernement depuis bien longtemps, car notre pays risque de devenir la levée de tous, sans parler des conséquences dramatiques. Sur le classement mondial de nos écoles et universités.
Je vous exige, Monsieur le Ministre, d’agir en toute conscience et de prendre les mesures qui s’imposent avant que la situation ne devienne incontrôlable. L’intérêt du pays vient avant toute considération politique, avant tout orgueil personnel, et avant tout diktat d’où ils proviennent.
Dans l’attente d’une réaction rapide et concrète de votre part, je vous adresse mes salutations distinguées.
Un père désespéré
M.Ahachad