Selon le ministère de la Santé, le Maroc compte désormais 24 cas avérés de contamination par le variant anglais du Covid, bien plus contagieux que le virus classique.
Alors que le Covid-19 est toujours présent dans notre pays, que la campagne de vaccination contre le virus est toujours en cours et que l’immunité collective est loin d’être atteinte, les souches du variant britannique, 30 fois plus dangereuses, continueront à se propager sur le sol marocain, ce qui incite les autorités sanitaires à insister auprès des citoyens pour respecter, plus que jamais, les mesures devenues habituelles de protection sanitaire, notamment le port du masque, la distanciation physique (plus d’un mètre) ainsi que le nettoyage régulier des mains à l’eau et au savon ou au gel hydroalcoolique, mais aussi de redoubler de vigilance face à l’apparition de ces nouveaux variants qui inquiètent et qui pourraient changer toute la donne en sapant les avancées considérables accomplies à ce jour dans la lutte contre la pandémie, et à apporter des changements au calendrier des activités nationales dont, probablement, le report des élections législatives programmées à partir de septembre prochain, afin notamment d’éviter les incontournables rassemblements politiques imposés par la campagne électorale.
Si certains partis, en particulier ceux de l’opposition, estiment qu’il n’y a aucune raison de reporter les élections et restent convaincus qu’elles auront lieu à leur échéance; d’autres formations se demandent encore, à ce stade, si les élections législatives 2021 peuvent se tenir sans risques, comme prévu cette année?
La question mérite, en effet d’être posée, surtout dans ce contexte aggravé de la crise sanitaire.
Il est vrai que le démarrage de la campagne de vaccination et l’immunité collective attendue plaident, a priori, pour la tenue de ces législatives.
Mais, à priori seulement, car, avec l’expérience vécue, le coronavirus nous a appris à ne pas trop s’aventurer dans des prévisions hasardeuses. Jusqu’à présent, le Covid 19 a déjoué tous les pronostics, comme c’est le cas, aujourd’hui, avec les nouveaux variants dont on ne connaît encore rien, sinon qu’ils sont imprévisibles et très violents.
Toujours est-il que, d’une manière ou d’une autre, le critère sanitaire doit être pris en compte pour tenir ou non ces élections, en composant avec la situation épidémiologique au niveau national dans les prochains mois voire dans les prochaines semaines.
En effet, toutes les décisions prises jusque-là par les pouvoirs publics, qu’elles soient d’ordre économique ou qu’elles relèvent des restrictions des libertés individuelles, ont pour socle commun l’évolution de la situation sanitaire. Qu’en sera-t-il d’ici septembre prochain? Le Maroc aura-t-il réussi à suffisamment maîtriser l’épidémie ?
Répondre, en ce moment précis à ces interrogations serait, pour le moins hasardeux, au moins pour deux raisons.
La première a trait au déroulé de la campagne de vaccination dont l’objectif final est d’atteindre l’immunité collective tant souhaitée, ce qui suppose que le Royaume puisse vacciner, dans les délais escomptés, toute la population cible, à savoir 25 millions de personnes.
Or, à cause d’une demande mondiale de vaccin, largement supérieure à l’offre actuelle, il n’existe, pour le moment, aucune visibilité sur le marché international des vaccins, permettant au royaume de recevoir, dans les délais impartis, les 66 millions de doses commandées.
Il est évident que si la Maroc ne reçoit pas, à temps, la totalité de sa commande, il ne pourra pas respecter son calendrier de vaccination devant, à priori, être bouclé en mai 2021, de manière à atteindre l’immunité générale en août prochain, ce qui permettrait de démarrer, sans grands risques, la campagne des législatives. Or, rien n’est moins sûr et on en voudrait pour preuve les 24 nouveaux variants du Covid qu’on vient de relever au Maroc.
La seconde raison tient au coronavirus… et à ses nombreuses mutations qui ont contraint plusieurs pays, malgré des campagnes de vaccination de grande envergure, à se barricader de nouveau. C’est à dire qu’il faudra que les vaccins actuels soient suffisamment efficaces pour permettre de neutraliser la pandémie sous toutes ses formes.
Que l’on ne s’y trompe donc pas, car ce n’est pas évident !
On peut ainsi déduire la conclusion suivante : si les yeux des responsables de haut niveau et de la population sont rivés, en priorité, sur la campagne de vaccination, certains politiques n’ont en tête que l’échéance législative qui s’approche et il devient de plus en plus visible qu’ils s’y préparent déjà de moins en moins discrètement. Au profit de qui ?
La sagesse et la logique voudraient, dans ce contexte où le Maroc compte ses malades et ses morts du coronavirus, que ces politicards aveuglés par la course au pouvoir, mais aussi et surtout par l’appât du gain facile au détriment des intérêts de la Nation et du peuple, fassent preuve de décence pour le moment. Qu’ils sachent que la crise sanitaire peut considérablement influencer les résultats des urnes si les élections sont effectivement maintenues cette année.
Concernant ceux qui sont aujourd’hui encore au pouvoir, ils doivent apprécier à leur juste valeur l’engagement Royal visionnaire, efficace et exemplaire, salué même à l’international; les efforts et les mesures drastiques prises par les autorités sanitaires et publiques, ainsi que la forte mobilisation des citoyens, qui ont permis de contenir l’épidémie jusqu’à présent.
Cette gestion sanitaire s’est, non seulement accompagnée d’un soutien économique conséquent aux différents secteurs touchés par la crise et à l’informel, mais aussi d’une forte réactivité d’une partie du tissu industriel, qui a su faire preuve de résistance à la pandémie, pour protéger, dans un sens, l’emploi, donc le calme social.
Par contre, ce qui est à la fois triste, aberrant et chagrinant, c’est que certains politicards de l’opposition semblent affolés par la perspective du report des élections législatives et militent ardemment pour la tenue, à leur échéance, de ces élections :
«Il n’y aura pas de report des élections législatives. La loi n’a prévu cette éventualité que dans deux cas de figure, à savoir une « catastrophe naturelle majeure qui devrait empêcher les citoyens d’aller voter » ou le prolongement du mandat des institutions à travers un référendum», explique un ancien ministre du gouvernement actuel et qui aurait hâte d’intégrer le prochain exécutif.
Ce personnage pourrait-il nous démontrer scientifiquement que la pandémie du Coronavirus n’est pas une « catastrophe naturelle majeure ??? » Il est inutile d’insister car, nous savons d’avance que ce n’est pas dans ses cordes…et surtout, comme beaucoup d’autres de ses semblables, il a des intérêts à défendre, autres que ceux de la Nation.
C’est aveuglant !!!
Dr: Abdelhak BAKHAT