Avec une pandémie de cette ampleur, personne dans le monde ne voit bien comment tout pourrait miraculeusement revenir à la normale.
Parmi les mesures draconiennes et très judicieuses prises pour contrecarrer efficacement la propagation du virus Covid 19, le Maroc a décrété, le 20 mars dernier, avec grande célérité, le confinement sanitaire en vigueur jusqu’à ce lundi 20 avril.
Tous les regards sont donc aujourd’hui tournés vers le gouvernement qui devrait, dans les deux jours qui viennent, décider de prolonger ou d’arrêter cette situation d’urgence.
Logiquement, dans les deux cas, une stratégie de dé-confinement progressif devra être mise en place.
Mais, apparemment, tout laisse présager que l’état d’urgence et le confinement seront, dans une première étape , prolongés de quatre à six semaines.
Selon le chef de gouvernement dans sa déclaration devant le parlement « La réponse à cette grande interrogation dépendra de l’évolution de la situation épidémiologique au pays ».
Or, cette situation est en évolution, et, sans entrer dans les spéculations ou se perdre dans les conjectures, la prudence et la logique imposent le maintien de la situation actuelle jusqu’à nouvel avis.
Autre facteur cautionnant cette prudence, le mois de Ramadan est à nos portes avec tout ce qu’il représente pour les Marocains comme proximité sociale, cohue dans les souks, rupture du jeûne en famille, échanges de visites, Tarawih dans les mosquées, etc.
Ces traditions risquent de faire exploser le compteur des contaminations.
Le débat sur le dé-confinement n’est pas encore arrivé sur la scène publique nationale. Le Maroc a opéré un confinement progressif qui a commencé, le 20 mars dernier, par l’interdiction des rassemblements jusqu’au confinement total. Cette situation devrait prendre fin le 20 avril courant, c’est-à-dire dans deux jours ?
Nous devrions donc faire le chemin inverse pour retrouver un train de vie normal. Cette sortie de l’état d’urgence, quelle que soit la stratégie décidée, permettra aux autorités sanitaires de surveiller et prendre les décisions qui s’imposent au moindre risque de résurgence de foyers épidémiques ou d’un nouveau cycle de contamination.
Dans les jours et semaines à venir, les pressions économiques et sociales pour alléger les confinements nationaux vont s’accroître à mesure que l’épidémie de Covid-19 semblera marquer le pas.
A quelles conditions sortir du confinement? Les spécialistes des épidémies anticipent déjà, souvent avec crainte, cette nouvelle phase, mettant en garde contre toute levée hâtive.
La sortie du confinement est, certes indispensable à la reprise de l’activité économie et à la vie sociale, mais elle risque de ruiner tous les efforts qui ont été faits, jusqu’à présent, pour contenir la propagation du virus Covid 19.
C’est pour cela que tous les épidémiologistes et experts proches de centres de décision estiment que l’état d’urgence ainsi que le confinement doivent être prolongés au-delà du 20 avril courant.
D’ailleurs, le fait de passer du confinement total au dé-confinement total du jour au lendemain, présente le risque de redémarrer un nouveau cycle de contamination.
Ainsi, en plus de garder les gestes barrières à savoir le lavage des mains, le port du masque, la distanciation sociale, il est recommandé de ne pas revenir à une situation normale d’un seul coup.
Au contraire, il est recommandé que la sortie du confinement soit progressive, selon une stratégie alliant entre reprise des activités économiques et maintien de mesures de contrôle, pour maintenir un taux bas de reproduction du virus.
Selon le directeur général de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) le Dr Tedros Adhanom Ghebreyesusa, intervenant sur le danger d’une sortie trop rapide du confinement, estime que le fait de lever les restrictions trop rapidement pourrait entraîner une résurgence mortelle » de la pandémie, indiquant que six facteurs essentiels doivent être réunis. Ainsi, il faut :
1. que la transmission du virus soit contrôlée ;
2. que des services de santé publique et médicaux soient suffisants ;
3. minimiser le risque dans des environnements exposés comme les établissements de santé de longue durée ;
4. que des mesures préventives soient mises en place dans les lieux collectifs, tels que le travail, les écoles ainsi que les commerces, les cafés,…
5. que les risques d’importation du virus soient gérés rigoureusement ;
6. que la population soit pleinement consciente et engagée dans la transition.
Le Dr Tedros Adhanom Ghebreyesusa donne l’exemple de plusieurs pays qui ont décidé, au regard de leur situation épidémiologique, de sortir du confinement en décidant un dé-confinement progressif. C’est le cas par exemple de l’Autriche, la Norvège ou encore le Danemark.
D’ailleurs, il n’y a pas que le problème du confinement sanitaire qui appelle examen ; il y a aussi ceux des rassemblements, de la fermeture des écoles, des liaisons terrestres, aériennes et maritimes, entre autres.
Comme partout dans le monde, le Maroc nourrit un espoir sur le « freinage estival » dans la diffusion du nouveau coronavirus. Les virus respiratoires n’aiment généralement pas l’été. On sait que , généralement, il n’y a pas d’épidémie de grippe après avril. Est-ce qu’il en sera de même pour le nouveau Coronavirus ?
Toujours est-il que la prochaine semaine est décisive pour savoir si nous serons maintenus en état d’urgence sanitaire et de confinement, ou non.
Nous comptons, malgré tout, sur la clairvoyance de notre gouvernement qui, pourtant, depuis le déclenchement de la crise, ne ‘s’est pas toujours montré tout à fait clairvoyant, sachant que l’ensemble des mesures perspicaces et les stratégies judicieuses ont été adoptées par SM le Roi.