Le Rotary club Tanger Doyen a organisé, dans la soirée de mardi, en son siège à l’hôtel Solazur, une importante conférence animée par le past-présiden du club , Abdelhaï Sbaï, sur le thème de grande actualité à Tanger, de « La gestion déléguée ..
Le 18-03-2015 à 16:06:02
eur rotarien, les past-présidents et membres des clubs Rotary de Tanger, aux côtés d’un très grand nombre de représentants de l’intelligentsia et de la société civile tangéroise, outre des membres de l’association des promoteurs immobiliers de Tanger directement conce
és par le thème développé.
Au cours d’un riche débat ayant succédé à l’édifiant exposé de l’éminent conférencier, les participants, dans leur quasi-totalité, se sont accordés à mettre sur le banc des accusés, la société délégataire de distribution de l’eau et de l’électricité et de la gestion de l’assainissement liquide à Tanger « Amendis », filiale de Véolia Environnement, pour ses flagrantes violations des stipulations du cahier des charges qui la lie à la ville de Tanger, déplorant l’inertie et l’impuissance des responsables du département de tutelle devant les dépassements et les abus flagrants d’Amendis, sur plusieurs plans.
Dans son intervention, le conférencier a commencé par remonter au lendemain de l’indépendance, lorsque des régies communales avaient été créées pour la distribution de l’eau et de l’électricité et la gestion de l’assainissement liquide, soulignant le sérieux et l’efficacité de ces tâches qui donnaient entière satisfaction à la population.
« Néanmoins, au fil du temps, la qualité de service a commencé à se dégrader à cause de retards enregistrés dans l’extension des réseaux, surtout dans les zones ouvertes à l’urbanisation ; ce qui constituait un handicap pour la promotion immobilière et a favorisé la création de bidonvilles », a-t-il déploré précisant que la situation financière de ces régies s’était dégradée davantage du fait que ces entités constituaient une caisse noire pour l’Etat et un foyer de complaisance pour des privilégiés.
« C’est dans ce contexte qu’est venue l’idée de confier la gestion de ces services publics au secteur privé d’où l’arrivée dans la précipitation d’Amendis en 2002 », a indiqué M. Abdelhaï Sbaï, rappelant que cette société délégataire avait pour tâches et obligations de réaliser avec ses fonds propres, dans les cinq premières années, de grandes infrastructures telles que la desserte des quartiers non assainis, l’élimination des problèmes d’ inondations, la réhabilitation et le renouvellement des réseaux, la dépollution de la baie de Tanger ; la construction d’un émissaire en mer de 2 km de long et 1500 mm de diamètre ; la pose de 240 km de conduites de réseaux ; l’aménagement de stations de pompage, d’infrastructure de transferts et de 3 nouvelles stations d’épuration ; la réhabilitation et le renouvellement du réseau existant et des compteurs ; la réalisation de 10.000 branchements d’eau potable et d’assainissement ; la pose de 27 Km de feeders, de 14 Km de conduites pour l’adduction ; le renouvellement de 137 Km de conduites ; la réhabilitation des réservoirs et stations de pompage existants. En matière d’électricité, le délégataire devait procéder à la réalisation de 4 nouveaux postes sources ; au renforcement de 7 postes existants ; à la construction de 13 postes répartiteurs et à l’extension de 3 autres ; à la pose de 6 à 12 Km de feeders annuellement ; à l’extension, renforcement et renouvellement du réseau existant ainsi que la création d’un bureau central de conduite », a énuméré le conférencier, précisant que le montant de l’investissement en fonds propres de la société délégataire, était estimé à 3,7 milliards de dirhams.
Or, souligne M. Sbaï, les fonds propres du délégataire n’ont pas été rapatriés comme prévu ; les participations collectées ne sont pas versées au fonds des travaux ou leur versement est effectué avec retard par rapport aux délais contractuels ; en outre, ce fonds qui doit servir uniquement à financer les investissements est souvent transféré à d’autres rubriques comme les cotisations de retraite pour le personnel, les frais de fonctionnement du service du suivi et du contrôle , les rémunérations de consultants ou encore pour régler des dettes fiscales de l’ex-régie. Pire, ces dépenses sont engagées par le délégataire sans se plier à l’obligation de recueillir l’accord préalable de l’autorité délégante.
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ant les réalisations des travaux, des retards considérables sont enregistrés à cause de l’absence ou de l’insuffisance des capitaux propres, la libération tardive du capital social, la distribution anticipée des dividendes qui devaient normalement être versés au fonds des travaux. C’est le cas notamment de l’extension des réseaux d’eau et d’électricité qui accuse un important retard ou encore la dépollution de la plage communale dont les eaux sont toujours impropres à la baignade, pour ne citer que ces deux cas flagrants qui causent un grand préjudice à la population.
Toutes ces irrégularités et bien d’autres figurent dans les rapports de la Cour des comptes qui a procédé à des inspections chez le délégataire en 2009 et en 2014.
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ant les rapports des promoteurs avec le délégataire, ils sont loin d’être favorables. On reproche, entre autres, à Amendis, l’inefficacité de son guichet unique ; la lenteur exagérée dans le traitement des dossiers, dans la production de devis et dans la réalisation de branchements provisoires d’eau et d’électricité ; des irrégularités par rapport au cahier des charges, en matière de calcul de participations à payer par l’investisseur.
Les promoteurs dénoncent aussi les faits qu’après règlement du devis, les travaux à réaliser par le délégataire accusent beaucoup de retard ; que, malgré les réclamations répétées pour la fou
iture spontanée de la facture définitive détaillant les équipements et les travaux réellement réalisés, le délégataire s’obstine à considérer le devis comme définitif ; que le trop perçu n’est pas remboursé ; que des prestations déjà payées sont encaissées doublement ; l’obligation faite au lotisseur de payer un pourcentage sur la valeur des travaux réalisés par ses propres moyens ; l’autre obligation de réalisation de postes de transformation et équipements pour des puissances d’énergie supérieures aux besoins des immeubles. Cette liste n’est évidemment pas exhaustive, indique l’éminent conférencier, considérant les nombreux dépassements du délégataire Amendis comme de lourdes charges, non seulement pour les professionnels, mais pour toute la population quand on pense aux factures super-salées que reçoivent chaque mois les abonnés aux réseaux d’eau et d’électricité. Ce volet nécessite, à lui seul, une dénonciation de la part des associations de protection des consommateurs, ont estimé les nombreux participants à la conférence.
M. Abdelhaï Sbaï a proposé plusieurs alte
atives pour remédier a ces états de faits et ces abus désastreux, à travers, entre autres, la création d’une société étatique à l’instar de Agence Tanger-Med SA (TMSA) . Il préconise également la multiplication des opérateurs, comme c’est aujourd’hui le cas pour le secteur de la téléphonie.
Le débat déclenché par ces constats a créé parmi l’assistance une indignation et un rejet catégorique le main mise par la société délégataires sur des secteurs vitaux de la ville de Tanger, appelant les autorités de tutelles à prendre leurs responsabilités devant cette situation dramatique pour la population.