Nommé par le Roi à la haute fonction de Chef de gouvernement, Aziz Akhannouch, président du Rassemblement national des indépendants (RNI), navigue, depuis le lundi 13 septembre, entre les différents partis vainqueurs aux dernières législatives, pour tenter de trouver un terrain d’entente en vue de former le nouveau gouvernement.
Le départ des consultations a été donné avec un premier round des négociations pour tâter le pouls des différentes formations politiques afin de déterminer celles qui aspirent à faire partie de la majorité gouvernementale.
Ensuite, le nouveau Chef de gouvernement désigné passe à l’étape stratégique de formation de l’exécutif sur la base des programmes électoraux des alliés potentiels en vue de former «une majorité cohérente, homogène et porteuse de programmes convergents» (Akhannouch dixit) .
Les consultations ne devraient pas prendre pas beaucoup de temps et Aziz Akhanouch devrait former son cabinet avant la rentrée parlementaire du 8 octobre prochain.
Mais, rien n’est encore dit et le suspense demeure car, si le deuxième vainqueur des urnes, le Parti Authenticité et Modernité (PAM) affirme n’avoir, à priori, aucune ligne rouge et que le plus important pour ce parti du Tracteur est le respect de son programme électoral, de ses grandes orientations et de ses principes démocratiques modernistes, sa participation au gouvernement n’est pas garantie.
Le Parti de l’Istiqlal, quant à lui, estime que la prochaine étape passe par la constitution «d’un gouvernement fort, solidaire et harmonieux capable de mettre en œuvre le Nouveau modèle de développement, avec une grande efficacité, en rupture avec la crise économique et sociale…». Les partisans de la Balance aspirent à faire partie de la nouvelle coalition gouvernementale pour pouvoir réaliser une partie de leurs engagements à l’égard des électeurs.
Si le gouvernement est constitué de ces trois premières formations politiques, la coalition gouvernementale sera en harmonie avec les majorités qui seront constituées au niveau des conseils régionaux et des mairies des grandes villes.
Ces trois partis seront en mesure de peser de tout leur poids à l’occasion de la constitution des nouvelles majorités au niveau local.
En cas de retrait du PAM, ce qui est fort probable, Aziz Akhannouch optera pour une alliance avec l’Istiqlal (PI) et l’Union Socialiste des Forces populaires (USFP), en intégrant éventuellement le Mouvement Populaire (MP) pour des raisons d’équilibre socioculturel.
Le Chef de gouvernement pourrait avoir d’autres choix car, à l’exception du Parti de la Justice et du Développement (PJD) qui a subi de plein fouet les foudres des urnes, les autres partis politiques souhaitent visiblement faire partie de la nouvelle majorité gouvernementale.
Mais, Akhannouch optera-t-il pour un gouvernement ramassé ? Il est encore tôt pour se prononcer sur cette question, et on croit savoir que certains estiment qu’«idéalement», la participation d’un minimum de partis serait souhaitable pour générer une majorité homogène.
Le nombre des portefeuilles ministériels est un élément-clé dans les négociations. Fort de 102 parlementaires à la Chambre des représentants, le RNI sera en mesure de négocier confortablement la répartition des portefeuilles ministériels ainsi que la nouvelle architecture gouvernementale qui devra lui permettre de mettre en œuvre son programme électoral, jugé très ambitieux par les autres partis politiques et par les électeurs.
On s’attend aussi à ce que le parti de la Colombe cède la présidence des deux Chambres du parlement à ses principaux alliés en vue de consolider la nouvelle coalition gouvernementale. Mais, rien n’est moins sûr, selon une source partisane.
Tout reste donc possible, et l’essentiel c’est d’ éviter de former une coalition fragile. Le principal enjeu, selon les observateurs, est d’éviter les erreurs du passé et de bien répartir les rôles et les responsabilités sur la base d’un programme gouvernemental très clair.
Le leadership du nouveau Chef de gouvernement est aussi déterminant pour éviter les blocages et les lenteurs au sein de la majorité gouvernementale.
A propos de leadership, il faut noter que Aziz Akhannouch s’est désisté de tous ses engagements d’ordre privé pour se libérer à sa seule responsabilité de chef de gouvernement.
Parallèlement, le Maroc a besoin, non seulement d’un gouvernement fort, mais aussi d’une opposition dynamique capable d’assumer pleinement ses missions.
À ce titre, il n’existe pas beaucoup de scénarios. Le Mouvement populaire (MP) et l’Union constitutionnelle (UC) sont des alliés traditionnels du RNI. Ces deux partis, même en dehors du gouvernement, ne seraient pas en mesure d’exercer une forte opposition. Quant au parti de l’Union nationale des Forces populaires (USFP) , il a, de tout temps, formulé le souhait d’intégrer le gouvernement plutôt que l’opposition.
Le PJD, quant à lui, à cause de son nouveau mini-poids électoral, il n’aura pas de marge de manœuvre suffisante pour exercer une opposition efficace au sein de l’institution législative. Il n’est donc pas exclu que l’un des grands partis renforce les rangs de l’opposition, allusion faite au PAM, malgré ses résultats positifs aux élections.
A. BAKHAT