Partant d’une pertinente analyse détaillée, récemment lancée sur les réseaux sociaux, révélant l’un des facteurs, sinon, le principal, qui anime une majorité de candidats à la Chambre des représentants au parlement, dont certains ont déjà lancé une campagne électorale musclée, prématurée, pour tenter l’accès ou le ré-accès à cette poule aux œufs d’or, généreuse envers ses poussins qui décident et s’accordent eux-mêmes des avantages dont un gracieux salaire mensuel + indemnités.
L’aventure avait commencé en 1963, lors de la première législature marocaine, lorsqu’un parlementaire percevait 5638,00 dirhams dont un salaire fixe de 3000,00 dirhams, ce qui est progressivement passé, au fil des législatures et de la volonté des députés, à 128 310,00 dirhams par mois, dont un salaire fixe de 40 000,00 dirhams, lors de la législature actuelle qui touche à sa fin en cette année 2021.
Certains parlementaires, notamment appartenant au parti de la Justice et du Développement (PJD), battent des records en cumulant deux ou plusieurs fonctions, touchant ainsi des salaires et des indemnités astronomiques, tels Abdelaziz El Amari (PJD), vice-président de la première Chambre et maire de Casablanca, qui touche une rente mensuelle de 75000,00 DH; Driss El Azami El Idrissi, alias Mister Biliki (PJD), maire de Fès : 75000,00 DH; Amina Mae El Aïnaïn (PJD), vice-présidente de la première Chambre et vice-présidente du Conseil régional Souss-Massa : 66000,00 DH; Abdellah Bouanou (PJD), vice-président de la commission économique et maire de Meknès : 75000,00 DH; Aziz Rebbah (PJD), ministre et maire de Kénitra : 75000, 00 DH; Mohamed Seddiiki (PJD), maire de Rabat : 75000,00 DH, Mohamed Bachir Abdellaoui (PJD) , maire de Tanger : 75000,00 DH; Mohamed Larbi Belkaïd (PJD), maire de Marrakech: 75000,00 DH, et cette liste loin d’être exhaustive.
Le plus aberrant, c’est que cela ne s’arrête pas là car, un parlementaire coûte beaucoup plus cher que ça au contribuable Marocain, si l’on tient compte des gâteries dont il bénéficie, comparativement aux minuscules tâches dont s’acquittent quelques uns qui prennent la peine de se déplacer, selon leur gré, pour assister à quelques audiences parlementaires car, en dehors de la séance officielle d’ouverture de la session législative, présidée par le Roi, ou lors des quelques rares autres assemblées officielles convoquées à cor et à cris, la coupole du parlement ne compte, généralement pas plus de 60 à 70 membres présents, sur les 395 qui composent l’effectif de l’hémicycle.
En effet, malgré ce rendement insignifiant et ce très peu d’engagement, de temps et d’intérêt consacrés à la mission parlementaire qui ne pèse pas lourd dans l’agenda de la grande majorité de nos députés, de grosses et grasses indemnités sont systématiquement accordées au parlementaire marocain pour ses déplacements, ses voyages par train ou par avion au Maroc et à l’étranger, ses frais d’hôtels 5 étoiles et de restauration, ses locations de voiture, ses dépenses de carburant et d’ingrédients, et jusqu’à l’achat de ses journaux pour lequel il perçoit une indemnité mensuelle fixe de 1200 dirhams, alors qu’un grand nombre possède à peine le niveau du primaire.
Et comme cerise sur le gâteau, le parlementaire ne quitte pas le pouvoir législatif les mains vides puisqu’il est gratifié d’une rondelette pension de retraite qu’on ne parvient pas à décimer.
Comment ne pas succomber donc à cette moelleuse tentation d’entrer dans la course aux confortables fauteuils de l’hémicycle parlementaire ? Cela explique l’engouement auquel on assiste déjà !
Les élections législatives auront lieu en septembre ou octobre prochains, à une date qui n’est pas encore fixée par le ministère de l’Intérieur. L’objectif est de renouveler, pour quatre ans, les 395 sièges de la chambre des représentants.
Alors que le scénario d’un report des élections, à cause de la pandémie du Covid 19, s’annonçait probable, on aurait finalement opté pour le maintien du calendrier électoral prévu.
Le compte à rebours semble donc avoir déjà été enclenché pour la tenue des prochaines élections législatives qui coûteraient 1 milliard et demi de dirhams pour le financement des campagnes électorales, logistique, bureaux de vote, mobilisation exceptionnelle des ressources humaines, etc.
Si les autorités concernées s’occupent ainsi de ladite logistique, certains partis politiques ont déjà sorti,, avant l’heure, leurs batteries pour tenter de se faire une place au soleil, séduire les électeurs « potentiels » et tenter de décourager, voire démolir les concurrents.
Il existe dans la course des formations politiques réfugiées depuis un certain temps dans l’ombre pour inaptitude, d’autres ayant des erreurs à se faire pardonner, comme ce parti qui s’est longtemps acharné et réussi à manœuvrer pour la destruction massive du système de l’Enseignement public marocain, dans l’objectif égoïste de favoriser les études de ses enfants à l’étranger; ou d’autres encore qui s’enfoncent dans des querelles internes stériles. Tous ces partis ressortent aujourd’hui la tête de l’eau et se remettent en selle pour se relancer dans la course au trésor et convoiter une part du gâteau parlementaire.
A propos de « gâteau « , l’histoire toute récente nous rappelle bien ces images hallucinantes d’élus du peuple repartant chez eux, avec sous le bras, des sacs de « petits-fours » et autres « friandises ».
Hélas ! ces images vont passer maintenant comme anodines face à la nouvelle bataille, plus juteuse, qui s’annonce entre des prétendants essayant de se refaire une virginité pour participer aux prochaines noces électorales… A nous spectateurs, la lugubre fête passagère, et aux heureux élus, la grande cagnotte durable…!
Les partis traditionnellement recensés pour la course sont les suivants : Parti de la justice et du développement (PJD), actuellement au pouvoir; Parti authenticité et modernité (PAM); Parti de l’Istiqlal (PI); Rassemblement national des indépendants (RNI); Mouvement populaire (MP): Union constitutionnelle (UC); Parti du progrès et du socialisme (PPS); Mouvement démocratique et social (MDS); Fédération de la gauche démocratique (FGD) : Parti de la gauche verte (PGV). D’autres formations pourraient se greffer à cette liste qui n’est pas exhaustive, vu l’exception de cette année provenant du nouveau quotient électoral qui aura un impact sur la carte politique et la configuration de la Chambre basse, tout comme la suppression du seuil électoral. Théoriquement, tous les partis politiques ne seront pas éligibles au nouveau quotient et gagneront des sièges au plus fort reste.
Les amendements introduits aux lois électorales permettront, ainsi, à plusieurs petits partis politiques d’accéder à l’institution législative. Et, au regard des nouvelles dispositions en la matière, il est d’ores et déjà prévisible que le score des premiers partis soit limité en raison de la nouvelle méthodologie de calcul. Cela donne la frousse à certaines formations traditionnelles.
Mais l’inquiétude des Marocains restera la même, la question étant de savoir ce que pourraient bien offrir de positif, les nouveaux élus, à la Nation et au peuple Marocain, la tâche du parlementaire étant lourde et exigeante sachant que le Parlement exerce le pouvoir législatif : il vote les lois, contrôle l’action du gouvernement et évalue les politiques publiques.
Il va de soi que cela exige un certain niveau intellectuel. Or, quand on dit « nouveaux élus », c’est juste une façon de parler car, assurément, il s’agirait d’une reconduction d’anciens parlementaires, à quelques unités près. On sait qu’un certain nombre parmi eux ne possède pas ou peu de connaissances ni un niveau d’instruction à la hauteur de la tâche.
Concernant les élus qui ont accès au gouvernement, ils devraient, certes être choisis parmi l’élite et c’est ce qui se fait en principe, à quelques exceptions près car, parfois, certains partis sollicités pour faire partie de la majorité gouvernementale, font avec ce qu’ils ont sous la main et proposent des membres sans habilitation. Cela est apparu nombre de fois dans des gouvernements précédents mais aussi dans celui actuel de Saâdeddine El Othmani.
Il faut néanmoins, avoir l’honnêteté de reconnaître que dans l’exécutif actuel, certains départements, du moins cinq ou six, ont brillé par leur rendement satisfaisant, en dépit des contraintes imposées par la pandémie du Coronavirus. C’est le cas notamment de l’Intérieur, les Affaires étrangères, la Santé, l’Agriculture, l’Industrie ou encore l’Economie et Finances. D’autres se sont montrés impuissants, malgré eux, contre le Coronavirus, comme le Tourisme, le Transport, l’Education. Pour le reste, quelques-uns brillent par leur carence. Le moment viendra où nous pourrions faire le point et rendre hommage à ceux qui le méritent.
Pour revenir aux prochaines législatives, le ministère de l’Intérieur estime que la réussite des prochaines élections représente un défi pour les acteurs politiques, en ce sens qu’elles sont la voie pour faire émerger des institutions capables de concrétiser les objectifs stratégiques escomptés et contribuer à l’émergence de conseils élus en mesure de mener à bien les missions qui leur sont dévolues au regard de la Constitution.
Si de nouvelles dispositions juridiques ont été mises en place pour la moralisation de l’opération électorale, cela exige de tout candidat ou tête de liste d’élaborer un compte pour sa campagne électorale, suivant un exemplaire défini selon un texte organique. Tout manquement aux nouvelles mesures conduit à la révocation du député, qui sera aussi inhabilité pour les élections législatives, locales ou celles des Chambres professionnelles pour deux mandats successifs. Les députés ont introduit un amendement important : la révocation de tout député qui s’absente des travaux de la Chambre des représentants pour une année législative, sans motif valable. A ce tour de vis s’ajoute l’élargissement des cas d’incompatibilité entre la fonction de député et celle de président de commune ou de conseils préfectoraux et régionaux dont la population dépasse 300.000 habitants. Les nouvelles dispositions renforcent, par ailleurs, la lutte contre la transhumance politique, en stipulant la déchéance du mandat de député en cas de changement d’appartenance politique ou de groupe parlementaire en cours de mandat. Cette mesure concerne aussi les parlementaires de la Chambre des conseillers. L’idée est de mettre fin au nomadisme qui nuit à l’image des acteurs politiques.
Les lois et les règlements sont donc là pour améliorer et faire avancer les choses, pourvu que les mentalités s’améliorent, changent et suivent… !
DR: Abdelhak Bakhat