Fatéma Mernissi (1940-2015) est universitaire et chercheuse, sociologue formée en France et aux États-Unis. Elle a enseigné à l’université Mohamed V de Rabat à partir des années 1980. Elle dénonce dans ses écrits le patriarcat dans la société arabe en montrant que l’islam encourage l’égalité des sexes. Elle a reçu en 2003, avec Susan Sontag, le prix Prince des Asturies en littérature, et le prix Érasme en 2004.
Cet essai n’est pas seulement une performance scripturaire mettant en scène une galerie de personnages, il est surtout un ouvrage à thèses. Un plaidoyer solide pour une modernité apaisée, réconciliée avec l’idée d’autochtonie créative. Une thèse qui se ressource dans un humanisme laïque qui revendique le droit à la piété et à l’enchantement et qui ne voit aucun problème à ce que le Msid en constitue le lieu de naissance.
Les peurs sont nombreuses : peur de l’Occident comme lieu de l’Etrange et de l’Etranger; peur de l’individualisme et de la liberté d’opinion; peur du temps occidental devenu universel et obligatoire; peur de l’imaginaire, du pouvoir des images associé à la jahilya, le temps de l’ignorance pré-islamique.
La femme est au confluent de toutes ces peurs. Elle est associée au retour des temps obscurs, du désordre et du polythéisme. Elle modifie l’équilibre économique et familial par son apparition sur le marché du travail et sert de bouc émissaire pour toutes les crises politiques et les humiliations privées. Mais aussi, par son émergence inéluctable, elle est amenée à jouer un rôle décisif dans l’ouverture démocratique.
Dans cet ouvrage, Fatima Mernissi manie tour à tour l’analyse et la provocation, l’impertinence et la compréhension en profondeur, la mémoire personnelle et collective, et nous offre une vision originale et tonique du monde arabe qui doit assumer ses contradictions et ses peurs pour gagner le pari de la modernité.
Bonne lecture !