Alors que, depuis quelque temps, notamment depuis le dernier sommet UE-UA, à Bruxelles, même un peu avant, le chef de gouvernement espagnol, Pedro Sánchez, allume le feu sur son passage, en tentant d’emprunter le sentier le conduisant vers le Maroc, son nouveau ministre des Affaires étrangères, José Manuel Albares, court derrière lui avec un extincteur, pour éteindre les flammes.
C’est cette image qui nous est apparue récemment encore, lorsque Sánchez a reçu Benbattoch, pendant que, tout de suite après, dans une déclaration à la presse, le ministre espagnol, s’est montré optimiste quant au présent et au futur des relations de son pays avec le Maroc, allant jusqu’à certifier que « «La crise entre l’Espagne
et le Maroc est derrière nous et maintenant nous marchons résolument vers une relation solide !»
Cette nouvelle sortie médiatique encourageante s’inscrit dans la continuité du réchauffement diplomatique amorcé par José Manuel Albares, depuis sa nomination à la place de sa précédente consœur dont on connait la triste histoire avec le même Benbattoche sur laquelle nous n’avons aucune envie de verser encore de l’encre.
Si le ministre espagnol des Affaires étrangères semble avoir bien saisi, en sa qualité de diplomate chevronné, l’enjeu des relations rapprochées entre le Maroc et l’Espagne, son chef de gouvernement ne semble pas avoir encore assez d’éclairage pour savoir où mettre les pieds.
Le chef de la diplomatie espagnole n’en est pas à sa première sortie médiatique allant dans le sens de la réconciliation. En octobre dernier, dans une interview accordée à « Jeune Afrique », il avait déjà affiché une volonté d’apaisement avec le Maroc, après des mois de tensions entre le Royaume et l’Espagne. Il avait réitéré en décembre dernier, lors de sa comparution devant la commission des Affaires étrangères du Sénat, qu’il n’y avait «pas de crise avec le Maroc en ce moment», ajoutant que l’Espagne travaillait à construire «une relation à la hauteur du XXIe siècle» avec le pays voisin ».
L’arrivée de José Manuel Albares, semble avoir été le point de départ de l’apaisement entre l’Espagne et le Maroc.
Dans son discours du 20 août 2021, tenu quelques semaines après le remaniement ministériel espagnol, le Roi Mohammed VI avait officiellement tourné la page de la crise diplomatique avec l’Espagne. Le Souverain avait alors exprimé le désir du Maroc de «continuer à travailler avec le gouvernement espagnol et son président, Pedro Sánchez, afin d’inaugurer une étape sans précédent dans les relations entre nos deux pays».
Une autre étape importante de la réconciliation avait été franchie le 18 février dernier, lors du sommet Union européenne-Union africaine à Bruxelles. Nasser Bourita, chef de la diplomatie marocaine, avait en effet eu son premier contact avec Pedro Sanchez, depuis la crise diplomatique déclenchée en avril dernier. Dans des propos rapportés par l’agence Europa Press au sortir de cette rencontre, le président espagnol avait indiqué que les deux parties avaient «souligné la nécessité de progresser dans cette relation stratégique».
En fait, si l’on regarde l’histoire des relations entre les deux pays, ça n’a jamais été une mer stable, c’est le flux et le reflux entre le Maroc et l’Espagne dans un déterminisme géographique et historique
C’est pour cela que , si l’on considère que la crise est désormais dépassée, on est en droit de se demander pourquoi une rencontre bilatérale officielle entre les deux chefs de la diplomatie n’a pour l’heure toujours pas été programmée ?