Les aventuriers du polisario et leur marraine l’Algérie ne se sont jamais autant sentis dans l’embarras et la déroute, que depuis la publication, vendredi 29 octobre dernier, par le Conseil de Sécurité des Nations Unies, au terme de sa dernière réunion, de la résolution n°2606 votée à l’écrasante majorité, par 13 membres et deux abstentions de la Russie et de la Tunisie, deux positions sur lesquelles nous reviendrons plus loin.
Cette nouvelle résolution qui a mis le voisin de l’Est au pied du mur et semé la débâcle au sein du polisario, entérine le processus politique comme unique solution au conflit artificiel du Sahara Marocain, enterrant ainsi définitivement tout autre processus prôné par les ennemis de l’intégrité territoriale du Royaume du Maroc.
En fait, les résultats de ce vote à la majorité absolue des membres du Conseil, qui sont en tous points conformes aux trois dernières résolutions sur le Sahara (2018, 2019 et 2020), enterre la division de la communauté internationale, brandie par Alger qui se trouve aujourd’hui avec son protégé, face à une communauté internationale soudée autour de la légalité, ne faisant plus aucune allusion ni aucune mention à un quelconque référendum d’autodétermination, irréalisable dans les faits et définitivement oublié par la majorité des nations du monde étant convaincues de l’esprit de réalisme, de compromis et de pragmatisme qui prévaut désormais comme unique voie à une solution au conflit du Sahara.
Croyant pouvoir influencer les membres du Conseil de Sécurité, l’Algérie a distribué, une semaine avant le vote de la résolution 2606, une note aux membres du Conseil de sécurité, y affirmant qu’elle n’allait pas participer aux tables rondes sur le Sahara et que sa décision était «irréversible».
Or, le chantage et les gesticulations du régime algérien sont insignifiants pour la Communauté internationale. La preuve, c’est que dans la résolution 2606, le Conseil de sécurité exhorte, bon gré, mal gré, l’Algérie à participer au processus politique, matérialisé par les tables rondes. Cela signifie donc, en toute clarté, que la junte d’Alger s’est mise dans une très mauvaise posture, en proclamant, de façon péremptoire, son refus de s’asseoir avec le Maroc, le polisario et la Mauritanie autour d’une table.
D’ailleurs, la première action concrète du nouvel envoyé personnel du secrétaire général de l’ONU, Staffan de Mistura, consistera à appliquer les recommandations du Conseil de sécurité en relançant le processus politique consubstantiel aux tables rondes auxquelles doit participer l’Algérie. On se demande comment Alger peut échapper à cette obligation qui la tétanise au point qu’Alger a perdu toute notion des convenances diplomatiques, allant jusqu’à menacer la Communauté internationale, se mettant ainsi dans une situation risible aux yeux du monde.
En effet, les feux des projecteurs sont, aujourd’hui, plus que jamais, braqués sur le voisin de l’Est qui s’est placé dans une situation embarrassante du fait que, s’il persiste dans son refus de participer au processus onusien, il sera considéré comme la partie bloquante de toute solution au conflit du Sahara qui se fera, probablement, sans lui ; et s’il reconsidère sa position, ce sera là une énième humiliation pour ce régime qui accumule les revers et les manquements à ses engagements, ne sachant plus sur quel pied danser. Le proche avenir nous dira si le régime voisin finira par retrouver la raison ou continuera inconsciemment à miner son propre pays et déstabiliser toute la région par une agitation farfelue, des comportements de névrosés, des propos excessifs, des sorties extravagantes, des bravades et menaces ciblant jusqu’à la communauté internationale. Le régime algérien n’a plus de frein et semble avoir perdu toute notion de discipline, voulant imposer ses propres lois au monde.
Concernant le Maroc, le Royaume considère la teneur de la résolution 2606 adoptée par le Conseil de sécurité, comme largement juste, logique, impartiale et satisfaisante pour toutes les parties, sauf que certains points déplaisent au régime algérien, comme celui de la demande expressément formulée par le texte de la résolution au sujet du recensement des réfugiés retenus dans les camps de Tindouf, une formalité à laquelle l’Algérie et le polisario se sont toujours opposés, annonçant des chiffres fantaisistes et hypertrophiés.
Pour revenir aux deux pays membres du Conseil de Sécurité qui se sont abstenus du vote sur la résolution 2606, il y a d’abord la Russie qui a bloqué le projet de ladite résolution rédigée par Washington, en charge du dossier aux Nations unies.
A l’origine, le texte devait être adopté, mercredi 27 octobre 2021. Ce vote n’a eu lieu que le vendredi 29 octobre, sans aucun changement à la teneur de la Résolution onusienne, alors que le mandat de la Minurso expirait deux jours plus tard.
Apparemment, Moscou n’est « pas satisfaite des paragraphes relatifs au processus politique » et appuie le refus de l’Algérie de reprendre les tables rondes.
Evidemment, la position de Moscou ne pouvait se faire autrement, l’Algérie comptant parmi ses principaux clients en matière d’armement.
A noter, cependant, que l’abstention de vote de la Russie ne peut être considérée comme une position contre le Maroc car, si Moscou avait voulu répondre aux désirs des Algériens , elle aurait dû, non seulement boycotter la résolution 2606, mais voter contre et utiliser, en plus, son droit de véto. Chose qui n’a pas été faite. Selon des experts, Il s’agirait seulement d’un exercice habituel dans la diplomatie russe vis-à-vis des Etats-Unis qui ont rédigé la Résolution..
Quant à la Tunisie, elle se trouve actuellement dans une position embarrassante parce qu’elle est membre non-permanent du Conseil de sécurité. C’est une mission passagère. Mais le pays a une frontière directe avec l’Algérie dont l’appareil militaire peut se montrer menaçant pour la Tunisie si ce pays prenait une position contre ses intérêts. C’est déjà arrivé avec la Mauritanie à l’époque de Mokhtar Ould Daddah.
Le souci de la Tunisie est de s’efforcer de garder une neutralité, quoiqu’en apparence, dans le conflit Algéro-Marocain, avec, malgré elle, un semblant de penchant pour l’Algérie agressive, menaçante et vengeresse, le Maroc étant de nature pacifique.
En somme, aussi bien la Russie que la Tunisie se voyaient contraints de contenter l’Algérie, l’une par intérêt et l’autre par contrainte, sans plus. Cela n’a rien changé à la situation et aux objectifs planifiés par la Communauté internationale.
Dr Abdelhak BAKHAT