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Réunion ordinaire A Tanger du Bureau de la FEdEration de la Pêche maritime et de l’Aquaculture (F.P.M.A)

Entretien exclusif avec le président fédéral Omar Akouri

• Le Maroc dispose d’un patrimoine halieutique important qui lui confère le statut de puissance halieutique mondiale.
• Les potentialités de production de Tanger et le nord du royaume représentent globalement 20% du stock national.
• La F.P.M.A constitue l’un des plus sérieux et plus crédibles interlocuteurs du gouve
ement. Elle est désignée par décret comme seul représentant du secteur faisant partie du Conseil économique et social.

• La prochaine assemblée générale en préparation, sera focalisée sur une restructuration de la Fédération de manière à la mettre en homogénéité avec les nécessités et les exigences de la Stratégie halieutique nationale qui entre dans sa phase d’exécution.
• La pêche anarchique et de la contrebande minent le secteur et il s’agit de s’atteler de manière prioritaire contre ces fléaux afin de préserver les ressources.

• Prochaine réunion de concertation des professionnels marocains avec leurs partenaires espagnols, sur la nécessité et les moyens de sensibiliser l’opinion publique espagnole et européenne sur l’intérêt partagé de maintenir des relations bilatérales saines et durables, loin de toute polémique fabriquée.
• La thèse de migration du poisson marocain du nord vers le sud relève de la pure intoxication, la baisse des stocks étant imputable à la seule surexploitation du produit.

Les membres Bureau de la Fédération de la Pêche maritime et de l’Aquaculture (F.P.M.A) siégeant à Rabat, conduits par leur président fédéral Omar Akouri, ont tenu, jeudi à Tanger, une réunion statutaire ordinaire entrant dans le cadre de la préparation de la prochaine assemblée générale de leur Fédération.
Tanger et le nord étaient représentés à cette réunion par les vice-présidents Youssef Benjelloun et Kamal Bennouna, entre autres armateurs de la région.

A noter que la pêche maritime comprend les activités d’extraction déployées en mer, à partir des côtes ainsi que dans les lagunes. L’aquaculture consiste en toute activité d’élevage ou de culture d’organismes aquatiques tels que les poissons, les crustacés, les mollusques et les végétaux marins.

Au Maroc, les activités liées à la pêche maritime et à l’aquaculture marine sont gérées par le Ministère de l’Agriculture et des Pêches Maritimes.

« La F.P.M.A qui regroupe en son sein les armateurs de l’ensemble du royaume et qui, tout en jouissant d’une autonomie, est affiliée à la Confédération générales des Entreprises du Maroc (C.G.E.M), constitue l’un des plus sérieux et plus crédibles interlocuteurs du gouve
ement. Elle est désignée par décret comme seul représentant du secteur faisant partie du Conseil économique et social », affirme le président Omar Akouri dans un entretien exclusif accordé au Jou
al de Tanger, en marge de la réunion de jeudi.

Le président fédéral a souligné l’importance de l’assemblée générale en préparation, dont l’ordre du jour sera focalisé sur une restructuration de la Fédération de manière à la mettre en homogénéité avec les nécessités et les exigences de la Stratégie halieutique nationale qui entre dans sa phase d’exécution conformément aux Hautes orientations éclairées de SM le Roi Mohammed VI, dira-t-il, ajoutant que les plans établis ouvrent de nouvelles perspectives pour venir à bout des carences, des insuffisances et des difficultés du secteur, cumulés durant de longues années consacrées à la réflexion seulement.

Le Maroc dispose d’un patrimoine halieutique important qui lui confère le statut de puissance halieutique mondiale. Son potentiel de développement est aujourd’hui largement sous-exploité en raison de contraintes structurelles, sachant qu’il existe vingt-deux ports au Maroc : six en Méditerranée et seize sur l’Atlantique, ce qui s’avère nettement insuffisant eu égard aux exigences du secteur, selon le président de la F.P.M.A.

La nouvelle stratégie halieutique consiste en un ambitieux plan baptisé « Halieutis » érigeant le secteur en un véritable créneau de développement avec, en perspective, plus de 3 milliards de dollars d’exportations en 2020. Ce plan ambitionne de porter le nombre des emplois directs dans le secteur à 115.000 contre 61.650 actuellement.

Pour ce faire, des investissements de neuf milliards de dirhams (1,2 milliard de dollars) devront être engagés.
« Aujourd’hui, il s’agit de se mettre au travail pour surmonter l’insuffisance de moyens, rattraper le retard en matière d’infrastructures et, d’une manière générale, atteindre les objectifs que s’assigne la stratégie halieutique », indique M. Akouri se félicitant du fait que, pour la première fois, le ministère de tutelle a débloqué un budget substantiel pour financer les programmes établis dans le cadre de la nouvelle approche nationale de gestion et d’exploitation durable des ressources halieutiques visant la consolidation de la politique de pêche responsable et d’exploitation durable des ressources et de leur écosystème marin, permettant de renforcer la position du Maroc en tant que pays à vocation halieu-industrielle et pays pourvoyeur du marché mondial en produits de qualité à forte valeur marchande.

Les axes stratégiques émanant de ces orientations s’articulent autour de l’optimisation de la production, la maximisation des retombées socio-économiques, et la consolidation de la politique de proximité.
Un autre point noir est dénoncé par M. Akouri, celui de la pêche anarchique et de la contrebande qui minent le secteur et contre lesquels il s’agit de s’atteler de manière prioritaire afin de préserver les ressources, dira-t-il.
Pour le président de la F.P.M.A, la pêche maritime constitue l’un des piliers de l’économie marocaine, aux côtés de l’Agriculture et du Tourisme.

En effet, ce secteur qui pourvoit plus de 400.000 emplois directs et indirects, dont 70.000 dans la pêche artisanale, exporte annuellement quelque 13 milliards de dirhams pour plus d’un million de tonnes de captures toutes espèces confondues. Ces chiffres vont à la hausse grâce à l’engouement croissant des consommateurs étrangers pour les produits halieutiques marocains dont en premier lieu l’Espagne avec une moyenne annuelle de 50 kg de produits marins par habitant; les pays de l’Union Européenne, mais aussi les Japonais particulièrement friands de mollusques et de pélagiques avec plus de 70 kg par consommateur et par an.

«La demande extérieure en produits marocains est forte grâce à la haute qualité de notre produit », affirme M. Omar Akouri.
Baigné par les flots tièdes de la Mer Méditerranée (500 km) et de l’Océan Atlantique (3.000 km), le pays, avec ses 3.500 km de côtes, possède des eaux considérées parmi les plus poissonneuses au monde ; mais aussi parmi les plus diversifiées, entre les poissons pélagiques (sardines, anchois, thons, chinchards, maquereaux, etc.), les céphalopodes (poulpes, seiches, pieuvres, calmars) et les crustacés (crevettes, crabes, écrevisses, homards, langoustes, etc.), explique le président de la F.P.M.A.

Ce riche patrimoine biologique classe le Maroc au premier rang des producteurs mais, surtout, des exportateurs africains.
Questionné sur les retombées potentielles négatives sur le secteur, pouvant résulter de la récente crise entre le Maroc et l’Espagne, M. Omar Akouri a affiché la crainte d’une complication éventuelle de la situation, annonçant à ce propos une prochaine réunion de concertation des professionnels marocains avec leurs partenaires espagnols, sur la nécessité et les moyens de sensibiliser l’opinion publique espagnole et européenne sur l’intérêt partagé de maintenir des relations bilatérales saines et durables loin de toute polémique fabriquée.

«Il ne faut pas perdre de vue que, d’une part, beaucoup d’Espagnols ont des intérêts à préserver dans des sociétés marocaines et, d’autre part, le Maroc est lié à l’Europe par un statut privilégié», rappelle-t-il, estimant que tout cela devrait inciter les différentes parties à dépasser des problèmes artificiels fomentés par des mercenaires.

Interrogé sur la compétitivité du Maroc dans le champ concurrentiel mondial, M. Omar Akouri admet que cette concurrence peut paraître parfois déloyale pour le Maroc dans ce sens que les pays concurrents possèdent des moyens que nous n’avons pas encore acquis. Néanmoins, il se réjouit du fait que le produit marocain s’impose par sa qualité universellement reconnue.
A propos de la migration du poisson marocain du nord vers le sud ayant fait perdre au port de Safi son statut de premier port sardinier du monde, le président de la F.P.M.A. se montre formel sur le fait que cette thèse de migration du poisson marocain relève de la pure intoxication, imputant la baisse des stocks à la seule surexploitation du produit.

« Il est établi dans la réalité, qu’à une certaine époque, les stocks étaient outrageusement surexploités jusqu’à épuisement de certaines espèces. Cependant, on a fini par prendre conscience du danger et l’on assiste aujourd’hui à une reconstitution de ces stocks en différentes zones », explique M. Omar Akouri, précisant que la migration du poisson qui relève d’un phénomène naturel, se fait en cercles fermés dépassant très rarement le littoral marocain.

Invité à exprimer son avis sur la place de Tanger et du nord du royaume sur l’échiquier national du secteur de la pêche maritime, le président fédéral estime les potentialités de production de cette région représentent globalement 20% du stock national. Il a souligné les grands efforts déployés par les armateurs pour mode
iser le secteur, citant fièrement l’exemple de l’unité de congélation et d’exportation où se tenait justement la réunion de jeudi, appartenant à la société présidée par M. Youssef Benjelloun à la zone industrielle de Gzenaya: «C’est une unité unique en son genre au Maroc, répondant aux de
ières normes inte
ationales », dira M. Akouri.

Pour le vice-président Kamal Bennouna, la mesure des potentialités de la zone nord obéissent à certains critères dont celui de la liberté de la flotte hauturière de pêcher n’importe où sur les côtes marocaines, sachant ainsi que des sociétés implantées à Tanger peuvent opérer à Larache, Agadir ou ailleurs.
«Il s’agit ainsi de définir si le poids de la production du nord doit se mesurer au niveau de la zone seulement ou dans le cadre national», conclura-t-il.
M. ABOUABDILLAH

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