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Polémique autour d’un cas de discrimination d’une jeune handicapée dans un espace de jeu à Tanger

À Tanger, une vive polémique a éclaté après qu’une jeune fille en situation de handicap, Sabrine, fille de M. Ahmed Benhsain, a été empêchée d’accéder à un espace de jeu. Selon son père et plusieurs témoins, le responsable de l’établissement lui aurait refusé l’entrée au motif pour le moins choquant que sa présence pourrait « effrayer » les autres enfants et provoquer des plaintes de la part des parents.

 

Pour la famille, ce moment fut d’une violence inouïe : voir leur fille rejetée publiquement, alors qu’elle ne demandait qu’à jouer comme les autres, fut une humiliation difficile à oublier. « C’est une douleur qu’aucun parent ne devrait jamais vivre », confie Ahmed Benhsain.

 

L’incident a immédiatement suscité l’indignation sur les réseaux sociaux. De nombreux internautes et associations ont dénoncé une discrimination flagrante, appelant l’établissement à rendre des comptes et à présenter des excuses officielles.

Mais pour le père, une seconde injustice est venue aggraver la première : la réaction de la direction de Big Fun. Dans un communiqué, celle-ci affirme que Sabrine est entrée sans problème dans la salle de jeux, preuve vidéo à l’appui, parlant d’un simple « malentendu ». Or, la réalité est tout autre.

M.Benhsain insiste : il a dû négocier durant 27 minutes devant la porte pour obtenir le droit d’entrée de sa fille, comme en témoigne une photo prise sur place. Ce n’est qu’après cet acharnement qu’un compromis humiliant lui a été imposé : trouver un accompagnateur, alors même que Sabrine a 19 ans.

 

C’est une cousine de 16 ans, plus jeune qu’elle, qui a dû jouer ce rôle. Et là encore, Sabrine a subi une deuxième discrimination : alors que tous les enfants, dès l’âge de 6 ans, pouvaient accéder seuls aux jeux, elle a été jugée uniquement sur son visage et considérée comme nécessitant une surveillance. Cette exigence n’était pas liée à sa sécurité, mais bien au préjugé qu’elle pouvait poser problème pour les autres enfants.

 

Le père dénonce aussi une manipulation : « S’ils veulent être transparents, qu’ils diffusent non pas uniquement la vidéo de Sabrine à l’intérieur, mais aussi les 27 minutes d’acharnement à l’entrée, avec Mustafa, le responsable. » Selon lui, les enregistrements audio sont sans appel : on entend Mustafa affirmer que « vu que son visage n’est pas normal, elle pourrait effrayer les enfants et susciter des réclamations des parents ».

 

« Ce n’est pas un malentendu, c’est une discrimination pure et simple », martèle M. Benhsain, qui regrette que la direction se réfugie derrière une version tronquée au lieu de se désolidariser de tels propos et de présenter des excuses publiques.

Au-delà du cas de Sabrine, cette affaire relance un débat fondamental : la place des enfants en situation de handicap dans les espaces publics et privés au Maroc. Beaucoup de parents témoignent encore d’expériences où leurs enfants sont confrontés à des barrières sociales et psychologiques qui les excluent du vivre-ensemble.

 

Des voix s’élèvent aujourd’hui pour rappeler que la véritable inclusion ne se résume pas à autoriser l’accès, mais suppose :

Pour les proches de Sabrine, ce combat dépasse le cadre d’une polémique locale. « Un sourire d’enfant ne devrait jamais être brisé par l’exclusion », rappelle son père, qui appelle à transformer cette épreuve en un électrochoc collectif.

À Tanger comme ailleurs, cette affaire met en lumière l’urgence de bâtir une société réellement inclusive, où les enfants en situation de handicap ne sont ni marginalisés ni stigmatisés, mais pleinement accueillis et respectés.

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