Au cœur du mystère qui entoure l’histoire humaine, chaque découverte archéologique apporte une lumière nouvelle sur notre passé évolutif. Les empreintes de pieds humains, témoins fugaces de la présence de nos ancêtres, sont devenues des reliques précieuses en paléoanthropologie, qui étudie l’évolution de la lignée humaine à partir de ses vestiges fossiles. Dans ce contexte, la récente mise au jour de 85 empreintes de pieds humains sur le site côtier de Larache au Maroc, en juillet 2022, représente une percée exceptionnelle. C’est ce que révèle une équipe de chercheurs relevant des universités de Bretagne Sud (France), de la Huelva (Espagne) et d’Abdelmalek Essaadi (Tanger).
L’Afrique du Nord, bien que riche en histoire préhistorique, a longtemps été dépourvue de sites à empreintes entre le Pliocène et la fin du Pléistocène, correspondant à l’époque géologique qui s’étend d’environ 2,6 millions d’années à 11 700 ans avant notre ère. Larache, situé entre Rabat et Tanger, brise cette lacune en révélant un trésor de 85 empreintes de pieds humains.
La surface sableuse de plus de 4000 m2, vierge de tout autre matériel archéologique, a été datée au stade isotopique 5, attribuant ainsi ces empreintes à Homo sapiens.
L’assemblage ichnologique de Larache, composé de pistes et d’empreintes de pieds isolées, présente des caractéristiques anatomiques en accord avec une attribution taxinomique à Homo sapiens. Les empreintes révèlent un talon arrondi, une voute plantaire, des orteils relativement courts, et un hallux adducté, indiquent les chercheurs, tout en soulignant que, L’analyse morphométrique indique que ces empreintes ont été laissées par des individus de différentes classes d’âge, de l’enfance à l’âge adulte, avec une variabilité significative de taille (121-189 cm).
Quelles significations ?
Les empreintes de pieds de Larache constituent le plus ancien assemblage ichnologique humain en Afrique du Nord, offrant une fenêtre rare sur les comportements et la biologie des Homo sapiens du Pléistocène supérieur dans la région.
« Elles s’intègrent dans un riche registre archéologique et paléoanthropologique spatio-temporellement proche », affirment les scientifiques.
Nichées au sein d’un riche contexte archéologique et paléoanthropologique, ces empreintes promettent d’ouvrir de nouvelles perspectives sur l’histoire humaine en Afrique du Nord. La poursuite de leur étude pourrait révéler des détails fascinants sur la vie quotidienne, les déplacements et les interactions sociales de nos ancêtres dans cette région cruciale du monde.
2- Révélation Archéologique à Taforalt (Maroc) : Les Chasseurs-Cueilleurs Pré-agricoles Consommaient Abondamment des Plantes Sauvages
Une étude récente menée sur le site archéologique de Taforalt au Maroc, l’une des plus anciennes nécropoles de la région remontant à la période ibéromaurusienne, apporte de nouvelles perspectives sur la transition des stratégies de subsistance des chasseurs-cueilleurs vers l’agropastoralisme en Afrique du Nord.
Les chercheurs ont examiné les caries dentaires sur les individus inhumés et ont identifié des indices pointant vers un changement dans le mode de vie de cette population du Pléistocène, suggérant une adoption progressive d’une existence plus sédentaire. Pour mieux comprendre cette transition, les scientifiques ont analysé les compositions isotopiques en zinc et strontium de l’émail dentaire prélevé sur sept individus identifiés, ainsi que des dents non associées spécifiquement à des individus.
Les résultats ont révélé que la population de Taforalt consommait des quantités substantielles de plantes sauvages, une observation en contraste avec les conclusions isotopiques généralement associées aux groupes humains pré-agricoles. Cette découverte soulève des questions sur l’absence apparente de développement agricole en Afrique du Nord au début de l’Holocène, qui est l’époque géologique s’étendant sur les 12 000 dernières années, toujours en cours.
L’étude, qui inclut également l’analyse des isotopes de carbone et d’azote dans la dentine (l’ivoire) des dents, ainsi que du collagène osseux, offre un aperçu approfondi des pratiques alimentaires des chasseurs-cueilleurs pré-agricoles. Les résultats suggèrent des similitudes intrigantes avec d’autres peuples de cette période, connus pour leur transition vers un mode de vie semi-sédentaire et leur lien potentiel avec les débuts de l’agriculture dans la région.
Cette recherche souligne l’importance cruciale de comprendre les pratiques alimentaires pendant la transition vers l’agriculture, offrant ainsi de nouvelles perspectives sur la complexité des stratégies de subsistance dans différentes régions du monde.