par le Docteur Abdelahak BAKHAT
Après deux années de souffrance, d’intolérance, d’exigences dues à la pandémie du Covid 19, à ses variants, à ses contaminations, à sa létalité et sa énième vague, les choses sont relativement rentrées dans l’ordre grâce à une lutte acharnée engagée, sans répit, par les services de Santé du royaume et grâce aussi à la contribution massive de la population qui s’est soumise volontairement à l’application des mesures sanitaires continuellement dictées et à une campagne collective de vaccination.
C’est ainsi, par exemple, que le port continuel obligatoire du masque de protection a fini par laisser place au sourire retrouvé des personnes qui ont cru à la délivrance.
La vie a donc presque repris normalement son cours : les services de santé ont soufflé, les citoyens sont sortis dans la rue, les frontières barricadées ont été rouvertes ; les commerces ont levé le rideau et, d’une manière générale, l’espoir a commencé à renaître…
Mais, à l’heure où des milliers de nos compatriotes du Monde débarquent journellement dans les ports et aéroports avec la joie du retour au pays après un longue absence, et le plaisir de retrouver la famille pour célébrer ensemble la fête de l’Aïd Al Adha ; au moment où se multiplient les réservations des touristes à Tanger, Marrakech, Agadir, Fès ou Zagora ; à l’instant où tout le monde croit que la pandémie du Covid 19 est désormais derrière nous … c’est à ce moment que l’on se rend compte que le Covid 19 ne nous a jamais quittés !
En effet, après une trêve qui à peine duré quelques semaines, les bulletins émis par le ministère de la Santé sur la situation épidémiologique, sont de plus en plus alarmants : « La situation épidémiologique se caractérise par un passage de la circulation communautaire du Covid-19 du niveau de vigilance “vert faible” à “orange moyen”, particulièrement dans les grandes villes », annonce -t-on, ajoutant, concernant la situation épidémiologique, que « durant les dernières 24 heures, il a été enregistré : deux décès, 1.258 nouveaux cas de contamination, 691 guérisons, 10.889 de cas actifs », pour renchérir le lendemain « La pandémie a fait officiellement au moins 6.340.108 morts dans le monde depuis fin décembre 2019 et l’Organisation mondiale de la santé (OMS) estime que le bilan de la pandémie pourrait être deux à trois fois plus élevé que celui qui est officiellement établi ! ».
D’autre part, dans son dernier bilan mensuel de la situation épidémique, le ministère de la Santé et de la Protection sociale a indiqué que la situation épidémiologique du Covid-19 au niveau national n’est plus aussi confortable, annoncé que le taux de positivité des analyses a progressivement augmenté pour la quatrième semaine consécutive, et que 62 patients ont été admis en soins intensifs et en réanimation.
Ce département appelle la population à reprendre le port du masque dans les lieux fermés ou à forte fréquentation et exhorte, en particulier, les personnes âgées, immuno-fragiles ou atteintes de maladies chroniques, à recevoir la dose de rappel pour augmenter le niveau d’immunité.
D’un autre côté , il est conseillé aux personnes vulnérables ayant reçu une troisième dose du vaccin anti-Covid-19 il y a plus de six mois de prendre une dose de rappel.
« Cette quatrième dose de vaccin contre le coronavirus réduit de 80% le risque d’hospitalisation, de réanimation, et de décès» annonce-t-on, précisant que l’immunité acquise par les anciennes infections ou par la vaccination, notamment si elle est incomplète, s’érode avec le temps et qu’en l’absence de vaccination complète, y compris la dose booster, les personnes vulnérables risquent toujours de faire des formes graves de Covid-19 ».
Ceci concerne de façon prioritaire les personnes très vulnérables, à savoir celles de plus de 80 ans, les personnes âgées avec plusieurs pathologies, les hémodialysées, les personnes ayant reçu des greffes d’organes, celles qui ont des cancers déprimant l’immunité ou recevant des traitements immunosuppresseurs, entre autres.
D’ailleurs, l’élargissement de cette dose de rappel à d’autres groupes reste tributaire de l’évolution de la situation épidémique et sera d’actualité à l’approche de la saison hivernale durant laquelle toutes les maladies respiratoires connaissent un regain et le sous-variant BA5, plus transmissible, sera dominant au Maroc.
Toutes ces prudences qui sont d’ailleurs les bienvenues, ne laisseraient-elles pas supposer que le retour de la pandémie dans toute sa férocité, ne serait pas écarté ?
Selon les experts du Comité scientifique et technique de suivi du Covid-19, le Maroc vit actuellement sur le rythme de la 4ème vague épidémique. Cette conclusion a été tirée suite à la comparaison des données avec les trois autres vagues : en plus de la hausse des nombres de cas de contaminations qui s’accélère, le taux de remplissage des services de réanimation et de soins intensifs est remonté à 1% au lieu des 0,2% d’il y a deux semaines. Dominant depuis plusieurs semaines au Maroc, le sous-variant BA2 d’Omicron cède progressivement sa place à un autre de la même famille, le BA5, connu pour sa rapidité de propagation. Cette vague est appelée à prendre en ampleur à cause du relâchement observé dans le respect des mesures barrières.