Entre le manque de visibilité, le risque de faillite, les crédits et les assurances…, les opérateurs du transport touristique ruminent. Les sociétés de leasing harcèlent les opérateurs pour le règlement des traites de véhicules alors que l’activité est nulle. Du côté des assurances, la CAT (Compagnie d‘Assurances Transport) rassure.
Voilà où en est, aujourd’hui, le secteur du transport touristique, tel que résumé par notre éminente consœur Lamiae Boumahrou dans cet article publié sur le site « Eco-Actu » et que nous reprenons intégralement, vu son importance pour les nombreux professionnels évoluant dans notre ville Tanger et dans sa région considérées comme des zones touristiques par excellence.
Depuis le début de l’année 2020, le monde est plongé dans une crise sanitaire et économique sans précédent. Malheureusement, après 8 mois de lutte contre ce maudit virus, nul n’arrive à voir le bout du tunnel. Le Maroc, après un début de pandémie maîtrisé, se confronte aujourd’hui à une rude réalité qui semble dépasser les pouvoirs publics. La pandémie prend de plus en plus de terrain, faisant au passage des dégâts dont l’ampleur n’est pas encore quantifiable. Les sacrifices économiques et sociaux de plus de 3 mois n’ont pas servi à grande chose.(…).
En effet, si sur le plan sanitaire, le virus sème chaque jour une dizaine de morts et contamine des centaines de personnes, sur le plan économique, le tableau n’est pas moins noir. La pandémie n’a épargné aucun secteur. Certains plus que d’autres comme c’est le cas du secteur touristique. Hormis quelques villes qui ont pu tirer leur épingle du jeu en attirant des touristes nationaux, l’année 2020 sera chaotique pour tous les intervenants du secteur.
Parmi ces acteurs, ceux du transport touristique qui ont reçu un coup dur. Aujourd’hui, ils sont dans un flou total, incapables d’imaginer l’avenir de leur activité.
Certes il va pouvoir bénéficier de l’indemnité forfaitaire CNSS de 2.000 DH pour les employés pendant 6 mois, comme annoncé récemment par la Caisse. Toutefois, les opérateurs du secteur broient du noir. Entre le manque de visibilité, le risque de faillite, les crédits et les assurances…, ils ne savent plus à quel saint se vouer.
Aujourd’hui, certains disent être dépassés par cette situation qui ne laisse rien augurer de bon pour l’avenir. Beaucoup ont des engagements avec les banques ou encore les sociétés de leasing auprès desquelles ils ont contracté des crédits pour l’achat de véhicules. « Si pour les banques les opérateurs du transport touristique sont parvenus à trouver des arrangements de report de crédits (taux d’intérêt inclus), ce n’est pas le cas des sociétés de leasing. Ces dernières (pas toutes) ne cessent de harceler les opérateurs pour le paiement des traites alors que l’activité est en arrêt total », nous a expliqué le vice-président de l’Association régionale Tanger-Tétouan-Al Hoceima, Bahir Noureddine.
Et d’ajouter que « lesdites sociétés n’ont pas tenu compte des recommandations du gouvernement à savoir être plus souple avec les opérateurs durant 6 mois ».
En effet, en l’absence de touristes, les transporteurs touristiques, comme d’autres acteurs du secteur, voient leur avenir incertain. Beaucoup ont mis la clé sous le paillasson et d’autres arrivent à peine à garder espoir.
Autre souci qui taraude les opérateurs, celui des assurances de la flotte. Rappelons que, suite au confinement, la Compagnie d’assurance Transport (CAT) avait pris des mesures en vue d’accompagner le secteur du transport touristique.
Ainsi dans un courrier datant du 29 avril dernier, la CAT avait décidé de manière exceptionnelle le retrait total ou partiel de véhicules d’une police flotte, le cas échéant, pendant cette période de crise. « Interruption des garanties y compris celle de la RC, sans conséquence sur le CRM pour la police Mono. Il est bien précisé que cette interruption des garanties ne sera acceptée pour les contrats d’assurance ayant une clause de délégation de crédit sauf main levée ou autorisation de l’organisme de crédit », lit-on dans la note de la CAT.
Sauf que les opérateurs sont restés dans le flou quant à la détermination de cette période. « Aujourd’hui nous manquons de visibilité sur l’application de cette mesure dans le temps vu que la crise a perduré. Malheureusement nous n’avons pas pu avoir une réponse claire de la part des intermédiaires de la CAT, notamment par rapport aux véhicules qui ont été retirés de la flotte et dont l’assurance a été suspendue. La question est de savoir si on doit payer la période de l’arrêt au moment de réintroduire le véhicule dans la flotte ? », déplore Bahir Noureddine.
Pour en savoir davantage sur cette question, nous avons contacté le directeur de la CAT, Bachir Baddou qui nous a affirmé que « les véhicules retirés de la flotte ne doivent payer la police d’assurance qu’au moment de leur réincorporation ».
Une confirmation qui devrait soulager, un peu, les opérateurs qui semblent déboussolés. La dernière décision du ministre des Affaires étrangères, de la Coopération africaine et des MRE d’autoriser l’accès au territoire marocain des ressortissants étrangers non soumis à la formalité du visa et disposant d’une réservation d’hôtel va-t-elle apporter une bouffée d’oxygène aux opérateurs ?