Vibrant hommage rendu à l’intellectuelle tangéroise Notre Dame des Colonnes Rachel Muyal l’icône d’une époque
[color=#999999][size=09] Le 31-10-2016 à 12:05:15 [/size][/color]
[b][justify][size=12][color=#333333]A l’occasion de l’inauguration de son année culturelle, le Cercle des Arts a rendu un vibrant hommage à notre concitoyenne émérite Rachel Muyal, cette intellectuelle Tangéroise de naissance et de cœur, qui a été secrétaire et assistante de direction à la RCA Global Communication et gérante de la librairie des Colonnes pendant 25 ans, un quart de siècle qui a fait d’elle une ambassadrice de la culture et du savoir. Depuis sa retraite, elle participe à toutes les activités culturelles de la ville du détroit et fait partie des comités de soutien de plusieurs ONG. Témoignages :.[/color][/size][/justify][/b]
[center][img]www.lejournaldetanger.com/images/newspost_images/rachel_muyal_470.jpg[/img][/center][center][img]www.lejournaldetanger.com/images/newspost_images/temoignage.png[/img][/center]
[color=#ff0000][size][b][center] Notre dame des colonnes [/center][/b] [/size][/color][right][color=#666666]! par Zoubir Benbouchta [/color][/right]
[justify][size=12][color=#000066] Elle est l’illustration même d’un autre visage du Tanger pluriel, Rachel Mouyal devenue, avec le temps, la Dame des Colonnes. Même après son départ à la retraite, elle continue de veiller sur la Libraire contre les appendices, telle une religieuse de Mère Teresa, en s’occupant des spectres de ses écrivains rêveurs de la pensée, de la philosophie, de la poésie, du roman et de l’histoire. Des images, noir et blanc, sur le mur d’entrée, dévoré par l’humidité, me donnent le sentiment d’une perte sure, chaque fois que je monte les vagues de la librairie.
Au cours des années quatre-vingt et quatre-vingt dix, alors que Tanger dormait sur l’espérance et se réveillait sur la souffrance , la ville n’avait que des ouvertures sur la mer pour embrasser les Horizons, Mais, un beau matin, la mer est devenue , une véritable clôture assiégeant les rêves et éloignant les deux rives . Les rêveurs comme moi n’avaient plus qu’une seule porte de sortie, restée grand’ ouverte sur l’extérieur et qui s’élargissait, chaque fois que je m’arrêtais devant la façade de la librairie, émerveillé par l’élégance des ouvrages exposés qui invitaient mon âme aux plaisirs de la lecture.
La façade de la Librairie des Colonnes est devenue mon refuge qui ne cesse de s’élargir au rythme de mes horizons. J’apprends les noms de ses ouvrages et je note les titres des livres que j’espérais acquérir et lire, lorsque ma bourse le permettra , moi qui ai embrassé la religion du théâtre dans un temps de plomb , alors que l’athéisme intellectuel s’était répandu et l’intelligence humaine, reniée. J’ai découvert, alors que son dieu, Cervantès avait renoncé à la divinité de l’Art, fermé les portes de son temple à Tanger, par soumission à un dieu supérieur.
Au bout du passage flanqué de livres, , je remarquais, à travers la petite porte en vitre, à l’intérieur des Colonnes , la silhouette d’une dame assise sur une chaise en bois antique , derrière un bureau de même nature , qui était entrain de réviser des notes de son bureau d’un œil, et de l’autre, elle observait les fidèles de la librairie et les nouveaux visiteurs. Elle avait ce don rare de détecter les mordus parmi ses visiteurs et s’empressait de se diriger vers eux, avec enthousiasme, pour attirer leur attention sur tel ou tel titre. Il lui arrivait souvent de se diriger vers la petite porte de la librairie pour accueillir l’un de ses écrivains préférés venu lui rendre une brève visite.
Je savais qu’elle était liée d’amitié avec Choukri qui, chaque fois qu’il était préoccupé ou avait besoin d’un conseil, trouvait toujours le moyen de faire un petit détour sur son chemin habituel des plaisirs et des verres, pour s’arrêter à la Librairie des Colonnes. La rigueur qui marquait ses conversations avec Choukri, me provoquait. Elle s’adressait à lui comme le ferait une mère adoptive prodiguant ses conseils à un enfant privé de la tendresse d’une mère. Cependant, Choukri excellait dans le rôle d’un fils s’adressant à sa mère sur son parcours transitoire.
Chaque fois que je l’apercevais s’infiltrant depuis la porte de son immeuble, en traversant l’avenue Pasteur, du coté de la Casa de España, pour se diriger vers le trottoir d’en face, où la Librairie des Colonnes ne se trouvent qu’à peine deux pas de son lit, elle était toujours entourée des spectres de ses écrivains qui suivaient ses pas actifs. Par un effort d’imagination, je les voyais, également, abandonner en sa compagnie l’espace de la Librairie des Colonnes, le soir, comme il le faisait, à son retour, en chœur discipliné, chaque matin, ou après la sieste, pour ouvrir la petite porte de la Librairie.
Les spectres de ses écrivains n’étaient pas seuls, de nuit, de peur des altercations verbales ou physiques qui pourraient conduire à des accouplements de lit. C’est que la Dame des Colonnes est chargée, ici, d’imposer l’ordre et la bonne conduite aux « résidents de la Libraire » , et, malgré le fait que Jean Genet n’aimait pas Paul Bowles et que Tennessee Williams cherchait à cacher son ennui de ce Tanger en accompagnant Jane Bowles dans ses soirées d’alcool, ou en cherchant à séduire les enfants des ruelles voisines , l’espace de la Librairie était leur refuge spirituel préféré.
Les histoires et les anecdotes des nuits discrètes de Tanger parvenaient à Rachel sur des plats de commérages blancs. Elle était, en fait, la parraine de ses écrivains et la fidèle gardienne de leurs secrets, voire de leurs scandales.
Tanger lui a appris à ne pas mâcher leurs histoires deux fois. Il arrive parfois, qu’elle se souvienne d’une anecdote qu’ elle aura vécue avec Jean Genet , l’écrivain qui résidait entre les ports et les hôtels du monde et choisissait ses villes sur la carte Gallimard où se trouvaient des succursales de son éditeur français . Il n’avait nullement besoin d’un compte bancaire, parce que la maison d’Edition Gallimard constituait sa carte bancaire et lui conférait des ailes de vagabondage. A Tanger, la Librairie des Colonnes était l’une des guichets Gallimard où il pouvait obtenir les sommes dont il avait besoin.
Rachel raconte qu’un jour, Jean Genet était venu à la Libraire pour réclamer de l’argent. Après avoir reçu la somme dont il avait besoin, il a invité Rachel à un café sur la terrasse du Café voisin « Le Claridge ». A ce même moment, un cireur les a abordés qui a été immédiatement sollicité par Genet pour lui cirer ses chaussures. Une fois la besogne terminée, Genet tire de sa poche une liesse d’argent estimée à la moitié de la somme qu’il venait de recevoir à la Librairie et l’a tendue au jeune cireur.
[color=#ff0000][size=15][b][center] Un essai de portrait de Rachel Muyal en onze lettres [/center][/b] [/size][/color][right][color=#666666]! par Isabelle Merose[/color][/right]
6 consonnes et 5 voyelles, soit onze lettres qui vont me permettre d'esquisser un portrait de notre très chère Rachel!
R comme rire, comme rencontre. En effet, Rachel est une personne vive, enjouée qui aime rire, chanter, tout simplement la vie et faire sa rencontre est un bonheur.
A comme âge, amitié. Comme je souhaiterais lui ressembler à son age qu'elle assume totalement, sans coquetterie aucune. A la fois une forme physique, un goût intact pour s'habiller, se maquiller, se coiffer et une agilité intellectuelle impressionnante, une mémoire digne de Google … Pierre Assouline et Pasolini «se souviendront».
C comme Colonnes, culture. Non, je ne vous parlerai pas des colonnes d'Hercule mais plutôt de 25 années et quelles années dans la vie de Rachel. En effet, la librairie des Colonnes, ce temple de la multiculture à Tanger, ce passage obligé dans la ville fut la seconde ou la principale demeure de Rachel. Elle sut en faire un lieu incontou
able par les ouvrages proposés bien entendu mais également les manifestations organisées.
H comme humanisme, comme hospitalité. Sa prédilection pour les livres, pour les choses de l'Esprit lui ont permis de développer son humanisme. De plus, Rachel a toujours su accueillir les écrivains, les célébrités dans sa librairie et aujourd'hui elle le fait à merveille dans son appartement sis au cœur de la ville.
E comme Espagne. Rachel a l'image de sa ville chérie vit en Afrique avec un regard, des racines, des attaches familiales en Espagne. Ce pays fut le berceau de ses ancêtres avant qu'Isabelle « La Reine très catholique et grande prêtresse de l'Inquisition» ne décida d'y mettre un terme.
L comme légende, comme liberté. Ces deux termes sont faits sur mesure pour Rachel. Elle est une légende tangéroise et inca
e à merveille cet esprit libre qui a toujours caractérisé cette ville ouverte à toutes les cultures, les religions sans discrimination aucune.
M comme Maroc et première lettre de son patronyme – il n'y a pas de hasard !
Le pays de Rachel qui l'a vue naître et où elle désire reposer. M comme mémoire, car se promener avec Rachel dans Tanger, c'est avoir le privilège d'entendre une histoire, une anecdote devant nombre d'immeubles, au milieu d'une rue ou bien face à des grands hôtels. C'est avoir le loisir de voir les pierres devenir vivantes.
U comme universalité. Rachel ou la synthèse des trois religions du Livre de manière permanente. N'est-elle pas de tradition juive dans un pays musulman avec une présence chrétienne ?
Rachel peut réunir Juifs, Chrétiens et Musulmans à une célébration de Hanouka ou bien converser avec un Archevêque une soirée entière lors d'un fastueux mariage musulman. Jouer sur le registre des trois religions, des trois cultures lui est familier, c'est pourquoi elle est Unique.
Y comme yeux – les yeux clairs ainsi que son impeccable chignon banane sont la signature intemporelle de Rachel. Mais la lettre nous Y renvoie à Yod – dixième lettre de l'alphabet hébreu et le mot très voisin yad qui signifie main. La main, «l'instrument des instruments» selon Aristote, tient le stylo et créé les livres.
A comme anglais, comme américain. J'ai souvent entendu Rachel exprimer son admiration pour les Anglais et les Américains. Ce fut sa vie professionnelle avant les Colonnes chez RCA qui l'emmena à New York où elle disserta au sommet d'une tour de Manhattan sur les Martini de Madame PORTE pour le grand plaisir du PDG de cette entreprise.
Qui dit américain dit également Beat Generation et son cortège d'écrivains qui vint à Tanger ainsi qu'à la librairie.
L comme livre, littérature, librairie, comme les moments forts de l'existence de Rachel, comme les éléments structurants, fondamentaux dont elle a su se nourrir pour notre plus grand plaisir.
Voilà j'ai décliné les onze lettres et pour achever mon propos, j'hésite sur les 2 L qui terminent son prénom et son nom – sont-ce les ailes d'un ange, sont-ce les ailes que déploie la littérature – I don't know, no sé – ou bien évoquerai-je la lettre cachée qui pour moi est le T de Tanger et de Transmission car Rachel transmet son savoir, sa mémoire de Tanger.
Et enfin laissons parler Rachel dans son petit recueil sur les années «Colonnes»
«C'est vrai que Tanger symbolise peut être mieux qu'aucune ville au monde la rencontre de l'Europe et de l'Afrique, de deux mers, l'Atlantique et la Méditerranée, du Nord et du Sud et l'inéluctable convergence de la géographie et de l'Histoire».
[color=#ff0000][size=15][b][center]Rachel Muyal es el más perfecto y culto paradigma de la tangerinidad [/center][/b] [/size][/color][right][color=#666666]! par Leopoldo Ceballos López[/color][/right]
Rachel Muyal es, sin lugar a dudas, el más perfecto y culto paradigma de la tangerinidad y de la fusión de las tres culturas – musulmana, judía y cristiana – que han convivido, con enorme armonía, en Tánger durante muchos años. Los esfuerzos generosos que Rachel desarrolló durante un cuarto de siglo al frente y alrededor de la Librairie des Colonnes, permitieron que ésta siguiera siendo, en el Tánger post-inte
acional, el referente cultural imprescindible de la ciudad. Hoy día todos los que conocen a Rachel Muyal y, especialmente, sus amigos la reconocemos como uno de los símbolos reales y más positivos de la universalidad tangerina. Creo que merece, como muy pocos en Tánger, el homenaje y el agradecimiento por todo lo que hizo y sigue haciendo para mantener el esplendor cultural de nuestra ciudad y la más amable convivencia entre todos los tangerinos.
[color=#ff0000][size=15][b][center] il nous reste le meilleur : Rachel ![/center][/b] [/size][/color][right][color=#666666]! par Lotfi Akalay[/color][/right]
Les Espagnols ont la tortilla, les Italiens la pasta, les Vietnamiens les nems, les Français le steak frites, et nous les Marocains, et avant tout les Tangérois, eh bien, nous avons Rachel !
Les Espagnols ont l’Escorial, les Français la Tour Effel, les Egyptiens la pyramide de Chéops. Les Anglais Big Ben, les Italiens le Colisée, les Américains la statue de la Liberté. Oui, mais nous, on a mieux encore : nous avons Rachel !
Tant de Tangérois sont partis vivre sous d’autres cieux, tant de monuments ont disparu, mais il nous reste le meilleur : Rachel !
[color=#ff0000][size=15][b][center] Rachel enca
a la sal y la pimienta de la literatura l![/center][/b] [/size][/color][right][color=#666666]! par Javier Valenzuela.[/color][/right]
Rachel Muyal enca
a en una sola persona la sal y la pimienta de la literatura, la liberalidad y el cosmopolitismo judeo-sefardí sin el cual el “tayín” de Tánger no es auténticamente tangerino. Me alegra tenerla como amiga y compatriota (Rachel, que siempre fue española de espíritu, entre otras cosas, también lo es ahora en los papeles oficiales) .. [/color][/size][/justify]
[center][size=15][b][color=#006699][link=http://www.lejou
aldetange
ews.com]Le Jou
al De Tanger[/link][/color][/b][/size][/center]