À la veille du principal rendez-vous électoral, les enjeux sont multiples pour l’ensemble des partis politiques qui prétendent pouvoir décrocher un ou plusieurs sièges à la Première Chambre de l’Hémicycle.
Si le chemin était, jusque-là, parsemé de différents stratagèmes dont certains défiaient la probité et la moralité, pour se procurer des voix, aujourd’hui, les habitudes ont changé et les mentalités ont évolué, quoique pas totalement, et ce chemin est devenu quelque peu tortueux pour ceux qui ont pris l’habitude d’insulter aussi facilement la mémoire des Marocains.
Malgré tout, on continue à remarquer que certains partis politiques qui entrent en hibernation par intermittence et sombrent ainsi momentanément dans l’oubli, se réveillent subitement à la veille de chaque échéance électorale pour reprendre une place dans la course, pendant que d’autres continuent à bosser sans arrêt, d’une manière ou d’une autre..
Les législatives 2021 n’échappent pas à la règle puisque plusieurs enseignes politiques se sont remises en selle pour tenter de convoiter des voix lors des élections du 8 septembre prochain.
Néanmoins, les calculs ne sont plus les mêmes et il faut désormais compter avec le quotient électoral qui impose de nouvelles règles, limitant le score des grands partis, et permettant aux petites formations de gagner une place sur la scène électorale.
Ainsi, à travers ce mécanisme, de nouveaux partis pourront être représentés au sein de l’institution législative. Les «grands» partis, eux, espèrent maintenir la même position ou encore franchir un nouveau palier.
Cependant, plusieurs observateurs et politiciens estiment que le premier parti politique décrocherait à peine quelque 80 sièges. Et pour y arriver, il faudra couvrir l’ensemble des circonscriptions tant locales que régionales.
Les formations ne peuvent gagner qu’un seul siège au niveau des listes régionales dédiées principalement aux femmes, soit douze sièges dans le meilleur des cas, contrairement aux précédentes élections où la liste nationale avait permis au Parti de la Justice et du Développement (PJD) d’obtenir 27 sièges dédiés aux femmes et aux jeunes, et au Parti de l’Authenticité et de la Modernité (PAM) d’en décrocher 21.
Quoi qu’il en soit, malgré ces nouvelles contraintes organisationnelles positives, le PJD ne décroche pas, en dépit des déboires de ses deux derniers mandats; le PAM resté longtemps dans l’ombre, joue des coudes pour accéder à la première marche du podium tout comme le Rassemblement National des Indépendants (RNI) , omniprésent, et le parti de l’Istiqlal (PI), de retour, qui affichent une grande ambition. Quant à l Union Socialiste des Forces Populaires (USFP), elle espère retrouver son éclat d’antan, à l’instar du parti du Mouvement populaire (MP) qui, après hésitation, souhaite pouvoir retrouver sa position d’avant 2007. Le Parti du Progrès et du Socialisme (PPS) dont le poids électoral s’est réduit en peau de chagrin à cause de ses choix politiques, entend également renaître de ses cendres.
Pour ne se focaliser que sur les deux partis qui ont sorti la tête de l’eau lors des récentes élections des Chambres professionnelles, le RNI et le PI, on peut considérer que les Indépendants qui ont honoré leurs engagements dans des secteurs vitaux pour l’économie nationale, comme l’Agriculture et de la Pêche Maritime au sein du gouvernement actuel, possèdent des atouts pour réussir ; quant au PI, il continue à trainer derrière lui le boulet de l’arabisation forcée de l’enseignement public qui a porté préjudice à l’avenir de la Jeunesse Marocaine et longtemps freiné l’évolution de la Nation. Et il faudra plusieurs générations pour que le parti de la Balance puisse se débarrasser de ce poids lourd sur la conscience.
Bref, la question qui se pose aujourd’hui serait de savoir quelles seraient les perspectives, après le scrutin du 8 septembre prochain ?
Le parti politique arrivé en tête devra, évidemment, composer avec d’autres formations pour former le prochain gouvernement.
Le souhait de nombre d’acteurs politiques, serait d’éviter la reproduction de scénarios précédents et de former plutôt un gouvernement homogène, capable de mettre en œuvre le nouveau modèle de développement du pays. Les alliances devront se tisser donc sur des bases solides et claires, loin de calculs mercantiles.
Il reste néanmoins encore difficile de prédire la future coalition gouvernementale. Pour l’heure, les dirigeants politiques préfèrent éviter de se prononcer sur les éventuelles alliances.
Ainsi, tous les scénarios restent possibles et aucune ligne rouge n’est fixée; la question qui persiste pour le moment, à la veille des élections, est encore celle de savoir comment intéresser les électeurs et les inciter à aller voter, sachant que le taux de participation est l’un des grands enjeux.
A ce stade, on perçoit encore très mal quel parti sortira favori , mais on peut imaginer qu’il s’agira certainement du parti qui aura mobilisé un électorat avec une plus grande diversité sociale, bénéficiant d’une vaste audience incluant les militants encartés, les sympathisants, les jeunes, les notables, la classe moyenne, la classe modeste, ce qui suppose une forte participation électorale, mais qui a aussi donné des résultats concrets tangibles sur le terrain, durant ces dernières années, loin des creuses palabres de politicards rompus au discours démagogique auquel ne croient plus les Marocains.
A ce jour, le PJD n’affiche pas une franche ambition de retour au pouvoir; l’Istiqlal n’a pas affirmé clairement son vœu de diriger le prochain gouvernement, mais viserait apparemment le Perchoir; le PAM recherche encore sa voie avec des visées embrouillées; les autres partis scrutent l’horizon pour se mettre sous l’aile du Premier parti gagnant.
Pour le moment donc, seule une formations a nettement affiché ses objectifs : le Rassemblement National des Indépendants (RNI) qui a abordé les élections avec une dimension sociale très prononcée et se prépare activement avec la ferme ambition de remporter cette échéance électorale.
« Nous aspirons à remporter ces élections législatives auxquelles nous avons consacré cinq longues années de travail », affirme-t-on au sein du bureau politique du parti de la Colombe,, expliquant : « 25% de nos candidats sont des jeunes hommes et des jeunes femmes, Si nous gagnons, le RNI compte composer un gouvernement fort, homogène afin que l’action de l’Exécutif soit dynamique et efficiente », assure-t-on.
Pour ce qui est de son programme, le Parti de la Colombe compte focaliser ses actions sur les attentes des citoyens en matière sociale, dans les secteurs notamment de l’Education, de la Santé, de l’Emploi et de l’Habitat.
Nous attendons que d’autres partis prétendants affichent leurs couleurs, aussi clairement.
Or, ce que l’on constate plutôt, c’est que la plupart des partis est en panne de programme et attend de prendre le train en marche.
Dr Abdelhak BAKHAT