Depuis une année maintenant, les acteurs du Tourisme dans le monde, voient leur activité fortement réduite, voire anéantie, à cause de la pandémie mondiale du Covid 19.
Entre la fermeture des frontières, les règles sanitaires mises en place et les directives gouvernementales de chaque pays, est-il possible d’envisager une reprise du Tourisme en cette année 2021? Et avec quelles évolutions? Et dans quelles conditions?
Depuis l’apparition du nouveau Coronavirus, la plupart, pour ne pas dire l’ensemble des pays de la planète, ont pris des mesures protectionnistes pour tenter de juguler la propagation du virus et limier ses effets négatifs sur la santé des populations, sur l’économie dans toutes ses formes et dimensions, et sur la liberté de mouvement aux niveaux local, national et international.
Pour certains pays, la date de levée des restrictions reste floue; pour d’autres, dont le Maroc, un calendrier sanitaire se dessine, quoique dans l’incertitude, en fonction de l’évolution de la pandémie et de l’avancement de la campagne vaccinale sur laquelle tous les espoirs son basés pour l’atteinte d’une immunité totale de la population contre le virus du Covid 19 dans toutes ses variantes.
Concernant le secteur du Tourisme au Maroc, la détresse des opérateurs est à l’image des pertes subies par le secteur, sachant que les recettes touristiques ont subi un très fort recul de 67,2% à fin janvier 2021, après une hausse de 13,9% un an auparavant, soit une perte de 4,5 milliards de dirhams.
De son côté, le volume des arrivées touristiques s’est replié de 78,9% et celui des nuitées de 72,3%, contre des hausses de 5,3% et 5,2% respectivement un an plus tôt.
Face à ce constat dramatique, les autorités concernées et les professionnels du secteur tentent d’appréhender, en cette seconde année de pandémie, des méthodes de relance, souhaitant ouvrir la voie à une reprise d’activité, sachant que le Tourisme représente 7% du produit intérieur brut national, ce qui est, en fait, l’un des secteurs majeurs de l’économie. Il est donc nécessaire de le remettre rapidement sur « les rails» car, plus il subit l’effet de la crise, plus il lui sera difficile de se «reprendre».
En admettant même que le Tourisme interne reprenne son activité, il ne pourra, en aucun cas, à lui seul, générer une source de revenus suffisante pour soutenir les composantes du secteur et préserver les emplois directs et indirects, entre autres.
Il est donc indéniablement établi que, sans clients étrangers, le secteur demeurera toujours mal en point et les professionnels ne manquent, d’ailleurs pas de le rappeler, souhaitant faire ouvrir la voie vers une reprise d’activités touristiques internationales, tout en rassurant, évidemment, sur le respect des mesures de prévention et en proposant leur coopération avec les pays en avance dans la campagne de vaccination, en vue d’une relance commune du secteur.
Le Maroc se prive de plus en plus de ses visiteurs étrangers suite à la décision prise par les autorités du pays de suspendre des vols avec 39 pays dont la France et l’Espagne qui procurent au royaume la majeure partie de sa clientèle touristique étrangère.
Ces fermetures des liaisons aériennes qui risquent de se multiplier davantage, ajoutées à une paralysie relative du tourisme national, affaiblit le secteur et asphyxie financièrement l’ensemble des villes et régions fortement dépendantes des recettes touristiques.
Certes, on ne peut renier le fait que l’ensemble des mesures appliquées actuellement par les autorités compétentes sont nécessaires pour se protéger d’une éventuelle flambée des cas de contagion à cause des nouveaux variants du Coronavirus, sachant que le virus est une réalité qui va durer encore longtemps; mais il s’agit de trouver, autant que possible, des palliatifs à ces mesures qui ne peuvent rester de mise dans une perspective de long terme, et des solutions durables doivent, ainsi, être adoptées, estime-on. Cependant,toute la question est de savoir comment car, il faut l’admettre, la solution n’est pas à portée de la main.
Dans cette optique, on souhaite que la bonne évolution de la campagne de vaccination soit une lueur d’espoir permettant de vite reprendre l’activité, mais, vu les difficulés d’approvisionnement en vaccins, on ne peut rester totalement tributaire de cette seule éventualité et attendre encore plus longtemps. Il s’agirait donc de saisir les occasions disponibles et travailler, par exemple, avec les pays qui sont bien avancés dans la vaccination et, la technologie aidant, étudier profondément la possibilité d’application de mesures d’assouplissement en instaurant, notamment, un meilleur contrôle des voyageurs à l’entrée du territoire national, par l’exigence de passeports sanitaires et de tests PCR afin de fluidifier le passage dans les ports et aéroports et ainsi améliorer les conditions d’accueil des touristes et renforcer la sécurité liée au contexte sanitaire.
Ces solutions de sortie de crise permettraient aux établissements hôteliers d’accueillir des clients étrangers, grande source de revenus pour le secteur et son écosystème.
Autre toile de fonds : les faillites des opérateurs touristiques nationaux qui s’enchaînent et d’autres qui ont de plus en plus de mal à joindre les deux bouts.
Dans cette optique, l’Etat semble avoir pris les devants en prolongeant les aides en faveur du secteur à travers l’indemnité forfaitaire mensuelle concernant les établissements classés, les agences de voyages autorisées, le transport touristique et les restaurateurs, ainsi que les guides touristiques. Cela outre plusieurs autres mesures d’appui dont le versement d’indemnités, allocations familiales ainsi que l’AMO (assurance maladie obligatoire) au profit des salariés relevant du secteur du Tourisme, ainsi que l’accès au financement aux entreprises du secteur.
De son côté, l’Office National Marocain du Tourisme (ONMT) s’est tracé une nouvelle feuille de route sous forme d’un plan stratégique, présenté jeudi 22 avril 2021, pour la promotion de la destination Maroc, aux niveaux international et national, avec pour objectif d’amorcer la relance du secteur touristique.
« Nous sommes prêts à redémarrer dès que les conditions le permettront », a indiqué Adil El Fakir, directeur général de l’Office, annonçant qu’un grand nombre d’études de marchés et de tendances ont été menées par l’ONMT sur des marchés européens, américains, chinois, notamment, afin de cerner les dynamiques émergentes et les transformations qui conditionnent le comportement des touristes et leurs attentes dans le monde, aussi bien au niveau national qu’international afin d’identifier, avec précision, les perceptions autour de la destination Maroc, son positionnement et les motivations de ses visiteurs potentiels».
Se montrant plutôt optimiste, le directeur de l’ONMT tient à rassurer les professionnels du secteur : « Il est important qu’ils soient rassurés et confiants dans la force de frappe commerciale et marketing que mettra en place l’Office au lendemain de la reprise ».
C’est-à-dire quand ? El Fakir ne l’a pas précisé ! En fait, personne n’est en mesure de prédire la date de la fin de la crise sans précédent du Covid 19, mais le dispositif de relance présenté par l’ONMT semble avoir séduit les professionnels.
Qu’en pensent-ils ?
Pour le vice-président de la Confédération nationale du Tourisme (CNT), Fouzi Zemrani, « ce plan de relance est incontestablement une des meilleures stratégies que la profession ait connu depuis 2007. D’une excellente qualité, cette stratégie rafraîchit, pour ne pas dire balaie certaines idées reçues que la profession avait sur les marchés et sur le comportement des touristes. L’ONMT a fait du bon travail mais si tout y est, aujourd’hui c’est à nous qu’il appartient de mettre à profit cette étude…».
La présidente du Conseil régional du Tourisme à Tanger-Tétouan-Al Hoceima (CRT-TTA), Rkia Alaoui, pour sa part, juge « utile » le nouveau dispositif marketing de l’ONMT, mais réfute son appellation de « plan de reprise ».
« L’étude de l’ONMT qui a abouti à un nouveau découpage des cibles est plus que d’actualité sachant que le contexte sanitaire ne permet plus de travailler de la même manière qu’avant la pandémie » dira-t-elle, ajoutant « il faut cependant préciser que ce travail n’est pas vraiment un plan car, de l’aveu même de Adel El Fakir, il faudra encore patienter avant de prendre connaissance des vraies mesures qui permettront d’accompagner la reprise ».
La présidente Alaoui semble ainsi avoir bien appris la leçon de la prudence…et ainsi abandonné le rituel « On va faire ceci, on va faire cela … » très prisé par nos responsables locaux, tous secteurs confondus.
Enfin, une autre démarche prometteuse : le Maroc doit accueillir, au 4ème trimestre 2021, à Marrakech, la 24ème Assemblée générale de l’organisation mondiale du Tourisme (OMT). On escompte que la destination Maroc bénéficiera, à l’occasion de cette rencontre, un coup inespéré de publicité mondiale pour faire redémarrer son secteur touristique.
Lors de sa récente visite au Maroc, dans le cadre des préparatifs à cet évènement international, le secrétaire général de l’OMT, Zurab Pololikashvili, a affirmé que le Royaume dispose de toutes les garanties sanitaires pour accueillir au mieux cette assemblée générale, mais aussi pour relancer le secteur touristique marocain.
on n’en doute pas !
Dr Abdelhak BAKHAT