Le mois sacré de Ramadan est généralement associé à l’offre abondante des produits de consommation et leur variété dans les marchés et les grandes surfaces.
La faim et l’envie aidant, pendant la journée de jeûne, les désirs se déchaînent et la bourse se délie.
Le consommateur se trouve, ainsi, enclin à effectuer des achats excessifs qui dépassent souvent les besoins quotidiens de sa famille.
Dans certains cas, une personne pourrait même contracter un crédit afin de satisfaire sa faim avec des produits alimentaires, le plus souvent consommés à moitié. L’essentiel, c’est de nourrir les yeux autour d’une table bien colorée et bien garnie.
Peu importe que cela puisse contribuer à l’épuisement de sa santé et à l’affaiblissement de son pouvoir d’achat.
Le fait de justifier la dilapidation par le proverbe voulant que « L’œil se rassasie avant le ventre » est une illusion, rappelant que ce genre de concept a favorisé l’émergence d’une nouvelle culture et des rituels alimentaires qui découlent de la volonté de surmonter les aspects de la privation, alors que cette méthode a dépassé le domaine de la nutrition pour inclure d’autres manifestations et des traditions socioculturelles.
Ce gaspillage, lié à la satisfaction des désirs alimentaires incontrôlés, laisse émerger certaines manifestations ainsi que des comportements nuisibles et en violation flagrante avec les principes du jeûne qui constitue l’un des cinq piliers de l’Islam.
L’abondance des déchets alimentaires, d’une manière qui rompt avec les habitudes observées durant les autres mois de l’année, figure parmi ces manifestations, et cela apparait clairement à travers le volume des déchets qui s’accumulent chaque nuit, rendant la tâche des éboueurs difficile et contribuant à la pollution de l’environnement.
Dans ce cadre, les habitudes de se nourrir restent pour la majorité des fidèles loin de la sagesse derrière le jeûne qui est un mois de solidarité, de générosité et d’entraide où l’on doit penser aux couches vulnérables et aux nécessiteux.
Il est triste de voir des tas de pain et dérivés alimentaires gaspillés à un moment où le Maroc est parfois contraint d’importer plus de 50% de ses besoins en blé.
Le concept de la nutrition, en général, a beaucoup changé avec le temps et traduit une sorte d’excès, de profusion et de compétition autour des repas d’une manière qui mène à la dilapidation, ce qui, par ricochet, impacte négativement la santé, l’état psychologique et l’aspect économique.
La sagesse et la logique voudraient que l’on s’attache à une consommation rationnelle, mais aussi au partage des valeurs qui caractérisent le peuple marocain.
Le Ramadan, en tant que mois de générosité, ne tolère pas la dilapidation qui n’est acceptée ni par la raison ni par la religion, notamment en cette période de pandémie qui nous a appris une leçon importante, celle de « la bonne gestion ».