roman de Khadija MENEBHI une Marrakchie amoureuse de Tanger qui l’a adoptée
[color=#999999][size=09] Le 17-04-2017 à 16:30:44 [/size][/color]
[justify][size=12][color=#000066]Dans les dédales de la médina », premier roman de Khadija Menebhi, fait suite au témoignage poignant de l’auteure sur les « années de plomb », intitulé « Morceaux choisis du livre de l’oppression » (2001), et à son recueil de nouvelles « Récits de femmes » (2013). Le roman nous plonge littéralement dans les méandres de Marrakech, vers la fin du protectorat français et au tout début de l’indépendance politique du Maroc.
L’auteure nous introduit, avec beaucoup d’empathie, dans l’intimité de la vie d’un derb de la médina de Marrakech. Elle nous fait vivre l’histoire, souvent dramatique, inextricablement liée, de deux familles de notables de la ville: celle de Lla Fatna, personnage central du roman, et celle de Hadj Abdelkader et ses filles adoptives qui deviennent les belles-filles de Lla Fatna et héroïnes du drame que vivront les trois protagonistes du roman.
En fait, ce roman tient un peu du roman ethnographique et pourrait faire penser à des écrits coloniaux du début du siècle de
ier, et même à certains romans maghrébins d’expression française.
Cependant, il n’en est rien. L’auteure, militante de la première heure des droits de la femme, aborde deux thèmes importants de notre société. Deux sujets qui demeurent d’actualité, après six décennies d’indépendance du Maroc, en dépit de toutes les évolutions – à la fois positives et négatives – que le pays a connus.
Il s’agit tout d’abord de la relation mère-fils souvent taxée de castratrice et/ou de fusionnelle par certains, et de la relation belle-mère/belle-fille, conflictuelle la plupart du temps, malgré le passage progressif de la famille large ou étendue à la famille nucléaire ou de couple. Les changements de résidence n’ayant pas entrainé, forcément, un changement des mentalités.
Le deuxième sujet qui constitue la toile de fond du roman, c’est la relation « incestueuse » entre Hadj Abdelkader et les deux belles-filles de Lla Fatna. Sujet on ne peut plus tabou que celui des relations incestueuses et pédophiles… et qui demeure occulté, car il y va de l’honneur et de la réputation des familles ! Fort heureusement, des voix s’élèvent pour mettre un terme à ce crime abject qui viole l’innocence des enfants.
En quatre chapitres et un retour à Marrakech, l’auteure – dans un style à la fois simple et fluide- nous fait découvrir le fin fond de la vie de deux familles marrakchies. Elle nous fait entrer, avec maîtrise, dans le domaine du non-dit et de l’indicible. Nous pénétrons dans les interstices de la vie de ces familles. Et après un long périple, au cours duquel nous déambulons à travers les derbs de la médina de Marrakech et fouinons dans la vie de ces familles…
Avec le recul, l’auteure nous affirme que « ce retour au passé m’a apaisée… Remontant le temps et les années de souvenirs, tout en célébrant ma mémoire… [… ]
En dépit du drame vécu par les deux jeunes femmes, la fin du roman, sans être un happy end, est loin de tout pessimisme… C’est une lueur d’espoir et d’apaisement qui pointe à l'horizon. Le temps finit par guérir toutes les blessures, même si l’oubli demeure impensable.
Trop souvent, on a tendance à réduire la « mémoire collective » aux seuls faits et événements politiques alors que cette mémoire est plurielle et multidimensionnelle.
Or comme le dit l’auteure: « Mon enfance à l’ombre de LLa Fatna avait fait de moi un témoin, la dépositaire en quelque sorte de cette mémoire familiale, partie intégrante de notre mémoire collective » (p. 142).
Un roman dont on ne saurait, aucunement, résumer l’esprit dans cette brève présentation.
En somme, c'est un livre à lire et à faire lire !..[/color][/size][/justify]