Redémarrage conditionné des unités industrielles
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Réapparition des journaux dans les kiosques
«Retour à la vie normale !», c’est vite dit car, si la situation de la pandémie du coronavirus est relativement maîtrisée au Maroc par rapport à des pays voisins et autres de par la monde, elle est loin d’être résolue.
En plus des contagions individuelles, des clusters familiaux et des foyers de contagion industriels se font ressentir et la vigilance est plus que jamais de rigueur.
Si l’on revient sur le bilan de la première phase de la pandémie, on constatera que l’Etat a pris une batterie de mesures allant dans le sens de lutter contre la propagation du virus : fermeture des frontières, isolement des villes, confinement sanitaire, contrôle des circulations au point de faire des centres urbains des cités-fantômes notamment la nuit ; fermeture des écoles ; sensibilisation continue aux mesures préventives et hygiéniques ; port obligatoire de masque de protection ; interdiction de la presse-papier ; réglementation des commerces ; fermeture des unités industrielles, et création d’un Fonds spécial de gestion de la pandémie, servant à renforcer le système sanitaire, à soutenir l’économie nationale, à accompagner les secteurs affectés, à préserver les emplois, à contrer les retombées sociales et à venir en aide aux personnes défavorisées.
Si toutes ces mesures, logiques, louables et efficaces, tendent à préserver les vies humaines, qu’en est-il du côté économique ?
Jusque-là, la situation n’est pas tellement dramatique mais elle risque de le devenir si elle perdure.
C’est pour cela que l’on commence déjà à réfléchir à une sortie de crise.
Néanmoins, cette sortie ne doit pas se faire au détriment des résultats positifs réalisés jusqu’à maintenant, car, un retour au fonds du gouffre serait dramatique sur tous les plans, aussi bien humain, social qu’économique.
Voilà pourquoi, les mesures à prendre pour relancer l’économie doivent être mûrement étudiées, réfléchies, pesées et soupesées avant d’être mises en application.
C’est vrai, la situation n’est normale pour personne et chacun vit une période exceptionnelle, inédite et planétaire qui pourrait encore durer plusieurs semaines, voire plusieurs mois, tant qu’on n’aura pas découvert un vaccin ou un traitement contre le virus Covid 19.
Dans ce sens, les recherches sont en cours, certes, mais, ne nous leurrons pas, cela prendra du temps.
En attendant, il s’agit de composer avec ce que l’on vit actuellement.
La non disponibilité d’un vaccin efficace implique que le virus sera toujours parmi nous dans les prochains mois ce qui présente un risque qu’il faudra apprendre à apprivoiser pour vivre avec, et surtout… faire vivre l’économie sous son ombre.
Si l’on ne peut que se féliciter de la mise prioritaire et indiscutable de l’impératif sanitaire humain, et si l’on a d’abord pris des mesures allant dans le sens de la préservation des vies humaines, ce qui est très louable, il faut noter, d’autre part, que certaines de ces mesures ne peuvent durer éternellement, notamment celles ayant trait au plan socio-économique, comme la fermeture des commerces et des unités industrielles.
La relance de ces deux secteurs vitaux passe nécessairement par un déconfinement, une mesure à la fois souhaitée fébrilement et appréhendée par les Marocains, avec un mélange d’impatience et de crainte.
Si donc les indicateurs épidémiologiques sont relativement favorables, l’activité reprendra progressivement dans plusieurs secteurs qui sont à l’arrêt ou tournent au ralenti.
La relance de l’économie est urgente, voire vitale pour limiter autant que possible les dégâts économiques et sociaux inévitables, dans l’absolu. Dans ce contexte, les entreprises, notamment celles petites et moyennes qui constituent l’ossature de notre tissu économique, sont en première ligne pour se remettre au travail tout en garantissant la sécurité de leurs salariés et la préservation de la santé collective face à la pandémie du coronavirus. Il s’agit là d’un véritable défi que nos grands Groupes industriels et PME devront relever avec rigueur et engagement.
Pour certaines unités stratégiques, le redémarrage pourrait intervenir après le 10 juin 2020 , à l’image des usines Renault et PSA qui ont relancé leurs activités le 6 mai dernier, en adoptant des mesures préventives drastiques en coordination avec les autorités.
Le tout est de savoir si des unités industrielles moins bien structurées et peu procédurales pourraient mettre en place ces mesures préventives et protectrices.
Dans ce sens, le ministère de la Santé a diffusé un guide détaillé rassemblant les « Procédures et conduites à tenir sur les lieux de travail devant le risque Covid-19 », que les entreprises doivent suivre scrupuleusement pour la reprise de leurs activités. Les autorités devraient être intransigeantes avec les entreprises sur l’application stricte de ces procédures. Il en va de l’avenir du pays, et cet aspect deviendra bientôt le point névralgique (aux côtés de la gestion des transports en commun) dans le combat pour l’éradication de la pandémie Covid-19, puisque les rassemblements resteront toujours interdits.
La reprise sera donc aussi salvatrice que délicate pour des dizaines de milliers d’entreprises marocaines.
L’enjeu sera également de faire de cette relance, une reprise durable. En effet, il ne sera vraisemblablement pas facile de faire machine arrière une fois le processus lancé.
D’ailleurs, les procédures du ministère de la Santé ne se limitent pas au court terme après confinement, mais donnent des directives sur le long terme, sans exclure de probables contaminations dans la « communauté » de l’entreprise.
Les patrons, les gérants et les cadres ont pour souci de s’adapter au nouveau monde que nous sommes en train d’explorer par milliards à travers le monde. Ils auront la lourde responsabilité de maintenir la mobilisation de leurs équipes sur la durée.
Un autre point s’annonce préoccupant : celui concernant le transport du personnel d’entreprise.
Si le ministère de la Santé insiste clairement sur la nécessité de continuer à encourager le télétravail quand celui-ci est possible, de nombreuses activités nécessitent une présence physique et impliquent donc le transport de salariés vers le lieu de leur travail. C’est particulièrement le cas des industriels manufacturiers, tels que les usines du textile et de l’habillement, en grand nombre à Tanger, dont beaucoup assurent eux même le transport de leur personnel. Pour que ces entreprises puissent être conformes à la nouvelle réglementation, elles devront démultiplier leurs capacités de transport quotidien afin de garantir le maintien de la distanciation sanitaire pendant les trajets, soit en augmentant le nombre de véhicules, soit en multipliant le nombre de rotations journalières.
Cette occasion devrait être saisie pour recommander à leurs chauffeurs de faire preuve de maturité et de prudence afin de réduire, et pourquoi pas, mettre fin aux fréquents accidents de la route dont ils font une hécatombe sur les chemins des zones industrielles. Tanger bat tous les records de ce phénomène et les victimes ne se comptent plus sur les doigts.
Cette complexification pourrait s’étendre à d’autres aspects opérationnels et qu’il faudra apprendre à normaliser.
Sur ce chemin, l’innovation et l’usage de nouvelles solutions technologiques seront des facteurs clés de succès et de pérennisation. On peut citer la mise en place de caméras thermiques pour le contrôle des températures des salariés ou encore des dispositifs d’alerte sur le maintien des normes de distanciation sociales, entre autres mesures en vogue, imposées par la pandémie.
Le Journal de Tanger de retour dans les kiosques
Signalons que l’interdiction des journaux en papier qui avait également été imposée parmi les mesures de protection contre la contamination par le virus Covid 19, a été levée le 26 mai courant.
Nos lecteurs auront ainsi le plaisir de retrouver dans les kiosques leur Journal de Tanger, à compter de ce samedi 30 mai 2020.
Rappelons que nos précédentes éditions étaient publiées sous format électronique à retrouver sur le site: www.lejournaldetanger.com