le 20 de ce mois de mai ? Perspectives d’un dé-confinement
A une vingtaine de jours de la date tampon du 20 mai 2020 marquant, en principe, la fin de la première prolongation du confinement sanitaire généralisé, imposé afin de freiner la propagation du covid-19, et alors que le Maroc subit toujours, quoiqu’à moindre mesure par rapport à d’autres pays voisins, les effets négatifs de la pandémie, les autorités marocaines mènent une réflexion proactive autour de la stratégie de sortie du confinement de manière réaliste et pragmatique, mais surtout efficace, évidemment avec le premier souci de continuer à préserver des vies humaines, à un moment où la courbe des infections enregistre un infléchissement, et où le nombre de guérisons dépasse celui des cas atteints ; mais aussi dans l’objectif de stopper la récession économique qui a déjà fait d’importants dégâts dans le pays et de relancer le monde des affaires.
C’est d’ailleurs le cas de l’ensemble des nations du monde qui cherchent à sortir de cette crise sanitaire, économique et sociale.
Cependant, la logique, la clairvoyance, la prudence et la sagesse voudraient que le déconfinement ne peut se décréter du jour au lendemain au risque de nous exposer à un rebond tant redouté. Il doit, en amont, être minutieusement anticipé et judicieusement pensé, notamment avec le professionnalisme des experts du royaume, ceux-là mêmes qui ont su parfaitement aider les autorités du pays à faire preuve d’une attitude proactive, tout au long de cette crise, sachant que le confinement a permis de freiner de manière drastique l’épidémie.
Aujourd’hui, ces autorités, toujours avec l’aide de ces experts, ont jusqu’au 20 mai courant pour édifier une stratégie tenant compte de toutes les possibilités et les contraintes marquant un retour possible à la vie normale pour les citoyens et les entreprises.
L’enjeu pour le royaume relèverait donc d’une véritable équation consistant à éviter une aggravation de la propagation de l’épidémie au niveau national, ce qui est primordial, et d’assurer la relance progressive de son économie, tout en préservant le côté social pour l’empêcher de basculer dans l’extrême fragilité. Ceci implique une veille sécurisante, la multiplication des mesures sociales d’accompagnement des entreprises et des ménages tant que nous resterons en pleine tempête qui ne prendra réellement fin que lorsqu’on aura emporté une victoire totale contre le virus.
En deux mots, on peut dire que l’enjeu est vital : maîtrise de l’épidémie et relance de l’économie…deux visions aussi complexes, l’une que l’autre, à l’heure où le nombre de cas atteints par le virus dans le monde a dépassé trois millions !
Le tableau ainsi dépeint n’est pas tellement réjouissant et toute la question est donc de savoir si la fin du confinement interviendra-t-elle réellement le 20 de ce mois de mai ?
A noter que les mesures de déconfinement ne sont pas planifiées seulement au Maroc, sachant que plusieurs autres pays européens mais aussi une dizaine d’Etats américains ont amorcé une sortie prudente du confinement, encouragés par un ralentissement des contaminations et du nombre de décès.
La condition sine qua non pour tous est celle d’aborder avec une extrême précaution cette phase qui est la plus délicate de la gestion de la crise sanitaire due au Coronavirus, et il ne faut surtout pas tomber dans la cas de l’Allemagne qui est reconnue comme étant le premier pays européen à avoir géré l’épidémie d’une manière magistrale et efficace dès le début de la crise, en ayant notamment recours à un dépistage massif généralisé, mais qui, au moment du déconfinement, a précipité les choses, ce qui a eu pour effet négatif de faire augmenter le taux de contagion.
Il s’agit donc d’entrer avec une extrême précaution, dans cette phase qui consiste à assurer les conditions minimales d’un retour, ou presque, à la normale, tout en évitant un ressaut de l’épidémie qui conduirait à saturer le système de soins et obligerait à confiner de nouveau.
La prise de risque est certes réelle, mais ne pas la tenter condamnerait le pays, en raison des dégâts causés par un enfermement trop long imposé à ses citoyens et à son état général, à un drame social et économique dont il aurait le plus grand mal à se relever. Il faut donc absolument réussir l’opération de déconfinement.
Nous sommes persuadés que si les responsables de notre pays qui ont, jusqu’à présent, géré la crise avec grande efficacité et sagesse, et qui optent aujourd’hui pour un déconfinement, c’est qu’ils sont conscients des risques encourus pour ne pas plonger la nation dans une situation hasardeuse.
Mais, si ces agents de l’Etat ont la lourde responsabilité de prendre des décisions sur mesure en s’appuyant, sans l’ombre d’un doute, sur des données solides et rassurantes, on ne peut ignorer le fait que, pour la réussite de l’opération de déconfinement, il ne faut pas tout attendre de l’Etat.
En effet, il existe un rôle dévolu à un acteur principal dans la réussite de cette phase, et qui est le citoyen lui-même, auquel est déléguée une part essentielle de la responsabilité sanitaire : entre autres, il revient à la personne bien-portante de prendre toutes les précautions au regard de sa propre santé, mais aussi de celle des autres ; il revient au malade, une fois testé, de choisir son mode de confinement et de s’y tenir.
C’est là une gageure citoyenne du citoyen envers lui-même, sa famille et ses concitoyens
Pour revenir à la probabilité des résultats attendus, signalons qu’ une récente étude réalisée par l’Université de Singapour de technologie et de design (SUTD) destinée à établir un modèle statistique concernant la fin de la pandémie du coronavirus, l’épidémie du Covid-19 devrait prendre fin dans le monde à 97% le 29 mai courant et à 100% le 8 décembre 2020.
Pour le cas du Maroc, cette étude prévoit la fin de l’épidémie le 12 juin prochain.
Si ces prévisions s’avèrent exactes, rien n’exclue la probabilité, pour les autorités marocaines, de planifier un déconfinement progressif durant la période du 20 mai au 12 juin 2020 et au-delà.
il s’agit de savoir jusqu’où pourrait s’étaler l’assouplissement des mesures restrictives qui ne concernent pas seulement les personnes confinées à domicile, mais aussi le fonctionnement d’un certain nombre d’institutions et de services dont les frontières, les écoles, les mosquées, les commerces, les unités industrielles, les voyages, les transports terrestres, maritimes et aériens, entre autres.
Dans tous les cas, ce déconfinement ramènera-t-il les citoyens marocains à leur vie d’avant l’arrivée du virus ? Rien n’est moins sûr, du moins pour un certain temps car, si la contamination sera certes atténuée ou stoppée, la vie ne sera pas la même qu’auparavant si on n’arrive pas à trouver un vaccin. Le retour à une vie quotidienne normale ne serait donc pas possible avant deux ans au moins, selon des spécialistes en recherches scientifiques.