Une crise économique serait-elle devant nous ?
Le choc massif et brutal produit par la pandémie du Coronavirus (Covid-19) et par les contraintes d’arrêt de l’activité pour enrayer sa propagation, a plongé l’économie mondiale dans une grave récession d’autant plus difficile que l’on vit sous le joug d’un virus vicieux, dont on ne connaît, finalement, que très peu de choses, et qui nous contraint à prioriser la santé et la vie de l’être humain , en sacrifiant l’économie, ce qui est indiscutablement logique.
Si l’on continue sur cette descente de plus en plus raide, et selon les prévisions de la Banque mondiale, le PIB diminuera de 5,2 %, dans le monde, ce qui représente la plus forte récession planétaire depuis 1870.
Ainsi, un nombre sans précédent de pays va enregistrer une baisse de production par habitant, ce qui équivaudra à la crise économique la plus violente connue depuis 1945, année marquant la fin de la seconde guerre mondiale.
Au Maroc, comme ailleurs, la crise du Coronavirus a entraîné une forte réduction des échanges commerciaux et de fortes variations des taux de change. Les perspectives restent très incertaines, car les risques de nouvelles vagues de contagion, d’inversion des flux de capitaux et de nouvelle diminution des échanges internationaux, se profilent à l’horizon. Et chaque nouvelle crise sanitaire en cachera une autre économique, voire sociale.
Donc, les priorités immédiates consistent à trouver d’urgence les moyens adéquats de promouvoir la reprise économique, en commençant par serrer les liens de la bourse et par enrayer le superflu et les gaspillages de tous genres.
Entre autres exemples, il y a celui flagrant qui vient immédiatement à l’esprit, qui permettrait, sans doute, un assainissement partiel des finances publiques, celui d’une réduction substantielle des hauts salaires entre autres. Cette situation favorise l’aggravation de la dette, gonfle continuellement le solde débiteur excessif de la balance des paiements et avorte la constitution de réserves.
Autre exemple de taille : celui des milliers de voitures de service affectées aux commis de l’Etat et jusqu’au simple conseiller communal, qui roulent aux frais du contribuable, sillonnant parfois inutilement et exagérément les routes. En dehors de certains véhicules dont l’utilisation est évidemment justifiée, on se demande à quoi servent certaines voitures banalisées. Ceci se voit, plus rarement, ailleurs où des responsables utilisent leur voiture personnelle pour se rendre à leur travail.
A souligner que les nombreux bénéficiaires des hauts salaires et de ces avantages, devraient logiquement être les premiers à faire vibrer leur fibre patriotique pour venir au secours de la Nation, en adoptant, en ces moments difficiles, de vraies réformes réalistes visant à accroître une véritable productivité.
Une aggravation ou une persistance de la pandémie du COVID-19 pourraient déstabiliser les échanges et les chaînes d’approvisionnement mondiaux, réduire les investissements et entraver la reprise économique mondiale.
Dans l’ensemble, de nombreux pays, dont notamment ceux émergents ou en voie de développement, présentent des facteurs de vulnérabilité préexistants à la crise pandémique et des distorsions subsistantes, particulièrement des déficits élevés de transactions courantes, une part importante de la dette en devises étrangères et de faibles réserves internationales.
La majeure partie de ces pays a été frappée par la pandémie du Covid-19 alors qu’elle présentait déjà des déséquilibres économiques et financiers persistants, sachant que les pays qui empruntent trop et trop rapidement à l’étranger, en enregistrant des déficits extérieurs, peuvent devenir plus vulnérables à un arrêt soudain des flux de capitaux, surtout que les perspectives extérieures sont désormais très incertaines, tant qu’on restera dans le contexte présent où l’économie mondiale est aux prises avec la crise du COVID-19.
Les pays qui dépendent de secteurs gravement touchés, comme le pétrole et le tourisme, ou sont tributaires des envois de fonds extérieurs, pourraient voir leur solde des transactions courantes chuter de plus de
2% du PIB
D’autres, plus vulnérables, courent, en plus, le risque de faire face à des besoins d’investissement sur le plan intérieur pour assurer une rentabilité, offrir des postes d’emploi et éviter des problèmes sociaux, sachant qu’au Maroc, 4 millions d’emplois sont en danger, soit l’équivalent du tiers de l’emploi total dans le royaume.
Ces chocs aussi sévères qui pourraient avoir des effets durables, nécessitent des ajustements économiques considérables pour contourner une telle situation qui pourrait s’avérer préjudiciable sur le plan économique mais aussi social: risques de faillites, de précarité sociale accrue, d’émergence d’importants mouvements sociaux et, dans le pire des scénarios, une faillite de l’Etat marocain.
Partant du fait lucide que le simple citoyen ne possède ni le pouvoir, ni les moyens de remédier à cette situation désastreuse face à laque il est impuissant, n’est-il pas du devoir et des responsables en tant que centralisateurs des pouvoirs, administrateurs des richesses du pays et preneurs de décisions, d’axer, particulièrement en ces moments difficiles, les efforts sur la mise en œuvre de tout dispositif d’urgence, quel qu’il soit, à même de promouvoir la reprise économique.
En fait, quelles seraient les solutions adéquates pour contourner l’hécatombe économique et réussir un redémarrage optimum des affaires, en commençant par les secteurs les plus sinistrés, dont le commerce, l’industrie, le bâtiment et travaux publics, le tourisme, les transports et la logistique, entre autres.
Les experts recommandent la réflexion à un Pacte économique «solidaire» pour sortir de la crise économique et sociale sévèrement provoquée par la pandémie du Coronavirus.
Ce pacte reposerait sur plusieurs actions que le gouvernement devrait lancer «immédiatement». Jusqu’à présent, à l’instar d’autres pays dans le monde, le Maroc a mis en place une série de mesures économiques adéquates, pour réduire l’impact de la crise du coronavirus sur l’économie, comme la création, à l’initiative royale, du Fonds spécial anti-coronavirus, ou encore des mesures mises en place par le Comité de veille économique piloté par le ministère de l’Economie et des Finances.
Si l’on doit se féliciter de ces décisions qui ont donné momentanément leurs fruits, on ne doit pas perdre de vue que ces mesures commencent à atteindre leurs limites alors que le virus Covid 19 est toujours parmi nous et pour longtemps encore, plus ravageur que jamais.
Aujourd’hui, il s’impose de passer à la vitesse supérieure, en lançant des actions immédiates afin de protéger l’économie nationale, en adoptant certaines mesures qui s’imposent notamment sur la plan social : mobiliser davantage la société marocaine, en particulier les nantis, pour renflouer continuellement le Fonds de Solidarité Covid-19, selon un quota prédéfini ; recenser l’ensemble des moyens susceptibles de renflouer la trésorerie générale, dont celui de faire prévaloir l’intérêt général en mettant notamment fin aux dépenses jugées superflues ou inutiles ; cela permettra la mise en place de mesures d’aides pour deux millions de ménages fragiles, soit au total 8 millions de personnes, jusqu’à la fin de l’alerte, avec un revenu minimal et la gratuité des services essentiels ; maintenir le bouclier social au profit des vulnérables de l’informel et des salariés ayant perdu leur emploi , comme cela est déjà fait ; inciter le système bancaire à rendre aujourd’hui la monnaie, en adoptant un plan de survie pour les grandes entreprises et assurer la trésorerie des Petites et Moyennes entreprises afin de leur éviter la faillite; assurer la continuité des secteurs essentiels (agriculture, éducation, santé, tourisme) ; évaluer les pistes pour réduire le nombre de secteurs à l’arrêt.
Parallèlement à ces questions d’urgence, l’Etat doit envisager le pire des scénarios, celui où la crise du Covid 19 se prolongerait indéfiniment dans le temps et se propagerait sans limite dans l’espace. On doit se préparer dès maintenant aux pires des perspectives à moyen et à long termes pour assurer la solvabilité du pays, sans la précipitation ni l’improvisation et encore moins l’à peu-près auxquels nous ont habitués nos gouvernants.
Il s’agirait là, sans doute, de l’affaire de grands spécialistes des sciences de l’économie et des grandes sorties de crise ; des experts nationaux et internationaux rôdés, rompus à la tâche et mondialement réputés, que l’Etat doit consulter.