Les routes marocaines ont enregistré l’année dernière 89998 accidents, faisant 3499 morts et 128313 blessés dont 9175 graves.
Quelles sont les causes de cette hécatombe?
D’une manière générale, par excès de confiance en soi, l’automobiliste installé derrière son volant, ne se considère pas comme pouvant être potentiellement sujet à un accident le de la route, étant stupidement convaincu que : « cela n’arrive qu’aux autres ! »
Ce manque de prise de conscience des dangers de la route, ajouté à beaucoup d’autres facteurs comme l’excès de vitesse ; une mauvaise formation à la conduite ; le manque de maîtrise du véhicule ; le jeune âge du chauffeur ; l’état de santé et d’esprit du conducteur ; l’usage d’alcool et de drogue, mais aussi et surtout l’absence ou l’insuffisance de mesures de contrôles dissuasives et punitives, constituent les principales causes des accidents.
Toutefois, on ne peut parler du fléau des accidents de la route au Maroc, sans évoquer le cas de la ville de Tanger qui bat tous les records, défiant la chronique chaque semaine, avec son lot d’accidents et de morts.
A travers la ville et dans sa périphérie, les automobilistes et les usagers des deux et trois roues se donnent à cœur joie. Ils sont pratiquement tous grisés par la vitesse et n’hésitent pas à appuyer sur le champignon comme dans un circuit de course folle, dédaignant les quelques panneaux de limitation de vitesse, tristement insuffisants.
Quand un conducteur essaie de rouler à vitesse normale autorisée, il ne doit pas s’étonner s’il déclenche derrière lui un concert de klaxons actionnés par des forcenés du volant. De véritables « schizophrènes » qui n’hésiteront pas à le doubler à droite, à gauche, en deuxième, voire en troisième position, le qualifiant, au passage, de « faiblard, connard, chauffard à la gomme… », avant de poursuivre leur course folle pour disparaître à l’horizon.
La circulation routière est ainsi devenue un supplice pour les conducteurs qui prêchent la prudence, et un cauchemar pour les piétons.
Malheureusement, la course effrénée des véhicules n’est évoquée qu’en cas d’accident. Et ça s’arrête là ! : aucune mesure dissuasive efficace n’est instaurée, aucune caméra de surveillance ou presque, aucun radar fixe ou presque, sinon quelques rares contrôles au radar mobile, limités dans le temps et dans l’espace, ce qui ne donne d’ailleurs aucun résultat probant.
Imaginez que tout au long de l’une des principales artères la ville, le boulevard Moulay Rachid, appelé, à juste titre, le boulevard de la mort, qui prend naissance devant l’hôpital régional Mohammed V, et qui aboutit au rond-point d’Assouak Assalam, en passant par les quartiers de Val Fleuri, Sat-village et Ziaten, on vient à peine d’installer un seul radar de contrôle. Un seul !
Autre phénomène très répandu à Tanger, celui du comportement suicidaire des conducteurs de ces minibus qui sillonnent la ville jour et nuit pour transporter le personnel des unités industrielles.
Ces individus ajoutés aux chauffeurs de taxis, sèment la terreur dans la ville où ils n’ont aucun respect pour le code de la circulation et du roulage : excès de vitesse, irrespect de la priorité, arrêts impromptus au milieu de la chaussée, démarrages spontanés et dangereuses entraves à la circulation.
Rappelons à ce propos la terrible tragédie qui a fait de samedi dernier le « Samedi Noir » de ce mois sacré de Ramadan.
Ce jour-là, deux fourgonnettes de transport de personnel d’entreprise sont entrées en violente collision au quartier de Bénimakada.
Ce drame qui a fait 5 morts dont une femme et le chauffeur de l’un des véhicules, et 13 blessés, a été provoqué par l’excès de vitesse, ce qui n’est pas étonnant outre mesure, ce genre de véhicules qui sillonnent la ville sans arrêt et dans tous les sens sont réputés pour leur conduite anarchique, l’irrespect de la priorité , les violations du code de la route et l’excès de vitesse, à cause, explique-t-on, d’un emploi de temps très serré et de contraintes exigées par les unités industrielles qui les emploient, leur exigeant de ramener le personnel à des heures précises.
Une Campagne très limitée dans le temps et dans l’espace, organisée pour tenter de ramener de l’ordre dans ce service, a dû être nettement interrompue à cause de protestations de sociétés assurant ce genre de transport
Ces exemples ne constituent que la partie apparente de l’iceberg, la circulation routière qui sème la terreur à Tanger .Devant ce phénomène social et économique qui fauche des vies à longueur d’année, et qui est à l’origine de problèmes sociaux notamment lorsque la victime est le père ou le tuteur d’une famille qui se retrouve plongée, du jour au lendemain, dans le besoin et la précarité, ou quand la personne blessée guérit tant bien que mal, avec des séquelles physiques ou psychologiques à vie.
Aujourd’hui, les citoyens ne sont pas sûrs de revenir sains et saufs à leur domicile après être sortis dans la rue et s’être mêlés à la circulation urbaine…