Bilan des 5 années du gouve
ement Benkirane
[color=#999999][size=09] Le 18-04-2017 à 12:24:32 [/size][/color]
[b][justify][size=12][color=#000000] Le mandat du premier gouve
ement islamiste de l'histoire du royaume, dirigé par Abdelilah Benkirane, a pris officiellement fin avec l’entrée en fonction du nouveau gouve
ement de [color=#993300]Saâdeddine El Othmani[/color], le 7 avril courant.
Durant ces cinq années à la tête du gouve
ement, Abdelilah Benkirane a confirmé le statut d’une popularité phénoménale ; il a su tenir ses troupes, tout en faisant preuve d’un grand pragmatisme pour naviguer dans son environnement national et régional , que ce soit avec le Cabinet Royal, la classe politique, le monde des affaires ou encore la rue.
Benkirane a en effet manœuvré assez habilement et son bilan quoiqu’ assez mitigé, n’a rien à envier à ceux de ses prédécesseurs…[/color][/size][/justify][/b]
[justify][size=12][color=#000066]Conce
ant ses relations avec [color=#ff0000]le cabinet Royal[/color], et pour répondre à ceux qui lui reprochaient de ne pas exploiter pleinement le potentiel de ses nouvelles prérogatives constitutionnelles, Benkirane a toujours répondu « Ne comptez pas sur moi pour aller dans la confrontation avec Sa Majesté ».
Ainsi, le [color=#ff0000]PJD [/color]a vite compris le rapport de forces entre le pouvoir attribué par les u
es et le pouvoir historique et légitime de la monarchie d’ exercer pleinement le pouvoir sur les affaires diplomatiques, militaires et religieuses.
De plus, lui qui, au début de son mandat, n’hésitait pas à fustiger librement, a calmé ses ardeurs au fil du temps. Les termes «[color=#ff0000]crocodiles[/color]» ou « [color=#ff0000]fantômes [/color]» qu’il utilisait ne faisaient plus partie de ses éléments de langage, et il réservait ses piques à ses adversaires politiques.
Au Parlement, les rendez-vous mensuels de Benkirane ont souvent tou
é au show, surtout lors de ses passages devant la Chambre des conseillers. Car le PJD a dû cohabiter jusqu’en novembre 2015 avec une seconde chambre où il n’avait aucun siège. Benkirane a dû gérer une majorité vacillante. Il a même dû la recomposer en 2013 (après le retrait de l’Istiqlal) et pactiser avec le Rassemblement national des indépendants (RNI). Au passage, il a renoncé à de grands départements, comme les Affaires étrangères ou l’Industrie et le Commerce. Dans la foulée, même le ministère de l’Intérieur, qui avait vu pour la première fois, en 2012, un responsable politique (Mohand Laenser) arriver à sa tête, est redevenu un ministère de souveraineté chapeauté par un technocrate, Mohamed Hassad.
Sur la scène politique, le mandat du PJD a coïncidé avec l’émergence d’une nouvelle classe de leaders.
Hamid Chabat et Driss Lachgar ont été élus à la tête respectivement de l’Istiqlal et de l’Union socialiste des forces populaires (USFP) en 2012. À ces deux personnages, connus pour leur agressivité envers Benkirane, est venu s’ajouter le plus redoutable de tous : Ilyas El Omari, porté en janvier de
ier à la tête du Parti Authenticité et Mode
ité (PAM). Le duel de titans entre les deux hommes à l’occasion des législatives était palpitant. Et le bilan économique du gouve
ement était l’un des principaux thèmes de campagne.
Dans ses relations avec le patronat, c’est en juin 2013 qu’on a enregistré la première faille lorsque le président turque Recep Tayyip Erdogan se rend pour la première fois au Maroc, accompagné d’une centaine d’hommes d’affaires turcs venus rencontrer leurs homologues marocains. Mais, à la surprise de tous, la Confédération générale des entreprises du Maroc (CGEM) est écartée de l’organisation du volet économique de la visite. C’est plutôt un club de patrons confidentiel, Amal Entreprises, estampillé proche des islamistes, qui prend le relais. Les membres de la CGEM voient dans cette manœuvre une tentative de favoriser l’émergence d’un nouveau patronat. L’événement tou
e au fiasco.
La situation sera plus favorable deux ans plus tard, quand la loi organique de la seconde chambre est débattue au Parlement, le PJD ne voit pas d’inconvénient à ce que la CGEM compte un groupe de huit conseillers. Le PJD a vite retenu la leçon et compris qu’il ne serait pas aisé de remplacer une confédération historique riche de ses 2 500 membres
Les rapports avec le patronat auraient été encore plus délicats pour Benkirane sans l’appui de ministres proches du milieu des affaires, comme Aziz Akhannouch et Moulay Hafid Elalamy, deux capitaines d’industrie qui ont joué les intercesseurs.
Sur les plans financier et économique, alors que Benkirane promettait un taux de croissance moyen de 5,5 %, la meilleure progression du PIB s’est limitée à 4,3 % en 2013. Idem pour le chômage, censé être ramené à 8 % à la fin du mandat, alors qu’il tou
e encore aux environs de 10 %. On estime que si le gouve
ement Benkirane n’est pas le premier à ne pas avoir atteint ses objectifs de croissance, ce gouve
ement aurait pu aller plus vite sur des dossiers cruciaux pour les entreprises.
Autre zone de turbulence: les dépenses, tous types inclus. Les dépenses de fonctionnement, d’investissement ou les dépenses relatives à la dette. Si la tendance des dépenses de fonctionnement était baissière depuis 2013, on estimait que cette baisse ne profitait pas aux dépenses d’investissement, mais plutôt aux dépenses de la dette. Celles-ci sont passées de près de 14% en 2013 à 23% en 2014.
Par ailleurs, l’endettement public a décollé entre 2012 et 2015, enregistrant une augmentation de 23% sans, pour autant, correspondre forcément à une hausse de l’investissement: il y a eu une baisse de la valeur ajoutée, une hausse des charges financières… et une baisse flagrante de l’impôt sur les sociétés versé à l’Etat, qui a été réduit de plus de la moitié entre 2012 et 2014.
Selon les experts, le fait de recourir à l’endettement pour pallier le déficit budgétaire émane principalement du manque de ressources fiscales.
Autre élément préoccupant : le taux de croissance. La moyenne de celui-ci n’a pas dépassé 3,2% sur les 5 de
ières années: «Un des taux les plus faibles depuis 1960». Le Royaume n’a pas enregistré une telle moyenne depuis les années 80, années d’adoption du plan d’ajustement structurel.
A propos de son rapport avec les syndicats, le gouve
ement a dû subir le 20 mars 2016 une énième manifestation des enseignants stagiaires qui a tou
é au sit-in contre Benkirane. À ces protestataires qui dénonçaient des décrets conditionnant leur embauche dans la fonction publique, se sont ralliés des partis comme le PAM ou l’USFP, mais aussi des syndicats. Ces de
iers se sont ligués contre le chef du gouve
ement dès 2013, lui reprochant une réforme cavalière de la caisse des retraites des fonctionnaires. On reprochait à Benkirane et à son gouve
ement d’être pleins de bonnes intentions, mais ils manquaient de savoir-faire.
D’un autre côté, Benkirane avait dos au mur devant une caisse de retraite affichant un déficit de 3 milliards de dirhams en 2015, et ses réserves devraient être totalement épuisées d’ici à 2021 sans une réforme paramétrique.
Benkirane s’est aussi retrouvé dans la même configuration au début de son mandat après la flambée des subventions des hydrocarbures. Les dépenses de la compensation avaient atteint, à fin 2012, 60 milliards de dirhams, creusant un peu plus le déficit public et obligeant le chef de gouve
ement à amorcer la décompensation. La conjoncture lui a été favorable dans la mesure où le cours du baril s’est effondré, ce qui a permis de maintenir les prix à la pompe à des niveaux raisonnables. Benkirane n’a pas pu, pour autant, lever les subventions sur d’autres produits, comme le gaz butane, la farine ou le sucre, le coût de la vie n’ayant cessé d’augmenter sous son mandat.
En outre, à cause d’un retard des pluies, les prix de certains fruits et légumes ont flambé.
Le kilo d’oignons a atteint 15 dirhams. Idem pour la hausse des prix de l’eau et de l’électricité, qui avait provoqué des manifestations à Tanger, en novembre 2015, quelques jours seulement après que le parti islamiste a décroché la présidence du Conseil de la ville. Là encore, la hausse a été plus que nécessaire pour permettre une continuité d’activité à l’Office national de l’eau et de l’électricité (ONEE), en proie à de graves difficultés financières.
Autre chantier impossible à gérer, celui de la corruption. On se souvient que lors de l’une de ses premières interviews télévisées, Abdelilah Benkirane avait affirmé : « Le gouve
ement ne pourra pas éradiquer l’économie de rente et la corruption. » Et il est vrai que, dans ces domaines, « le bilan est nul, et la volonté politique fait encore défaut. Sur la base de l’Indice de perception de la corruption, élaboré par une ONG inte
ationale, le royaume est resté figé au 88e rang mondial des pays les plus corrompus de la planète entre 2012 et 2016. Les premières listes des agréments de transport ou d’exploitation de carrières de sable, divulguées par le gouve
ement à ses débuts, ont vite tou
é aux simples effets d’annonce. Et sont restées presque sans suite.
Sur le plan moral, Benkirane a dû galement se séparer de collaborateurs empêtrés dans des scandales : Mohamed Ouzzine, l’homme aux raclettes ; El guerrouj, le ministre au chocolat ou encore le couple Choubani-Benkhaldoun, dont l’idylle a tenu en haleine l’opinion. Des affaires qui ont donné du grain à moudre aux adversaires de Benkirane.
Mais, ces échecs de parcours et ces mesures impopulaires n’ont relativement pas altéré le capital sympathie pour le PJD de Benkirane qui n’avait récolté que 107 sièges aux legislatives de 2011 alors qu’il est passé à 125 sièges en octobre 2016. Une tendance qui laisse à penser que le PJD garde encore toutes ses chances parmi l’électorat marocain, favorisé notamment par un fort déficit de confiance aux partis politiques classiques d’où un fort pourcentage d’abstentions aux élections qui avantage le parti islamiste.
Conce
ant le nouveau gouve
ement, les choses ne seront pas faciles à gérer pour Saâdeddine El Othmani car, Abdelilah Benkirane n’a pas encore digéré son éviction et, malgré les apparences, il en voudrait un peu à El Othmani d’avoir pris aussi facilement sa place.
Un fort témoignage en faveur de Benkirane : qui a juré que : « Si Driss Lachgar de l’USFP accèdait au Gouve
ement, il ne serait pas Benkirane ». Et il a tenu parole en allant jusqu’à sacrifier son poste de chef de gouve
ement…[/color][/size][/justify]
[size=9][color=#999999] Ph : DR [/color][/size]
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aldetange
ews.com]Le Jou
al De Tanger[/link][/color][/b][/size][/center]