La réouverture des frontières marocaines demeure un sujet flou que personne ne s’aventure à évoquer, ni au niveau du gouvernement, ni au parlement, ni par les partis politiques, et encore moins par la presse.
La question reste taboue, à l’image de l’incertitude que l’on se fait du futur, sachant que la propagation du virus Covid 19 est d’une instabilité et d’une volatilité déconcertante.
Déjà que le déconfinement donne lieu à des inquiétudes qu’on ose à peine évoquer.
Rappelons que, confiné depuis fin mars dernier, le Maroc s’est montré particulièrement prudent face au virus et la gestion de la crise y a été saluée par la presse étrangère. Le pays a annoncé le début du déconfinement progressif à compter de jeudi 11 juin en commençant par les zones les moins atteintes et les moins peuplées. Mais les restrictions sont maintenues dans certaines villes.
Pour l’instant, le royaume prolonge l’État d’urgence jusqu’au 10 juillet 2020 et l’activité économique reprend timidement et progressivement depuis le 11 juin 2020. La stratégie de déconfinement divise le territoire en deux zones selon l’évolution de l’épidémie qui y est constatée. La zone d’allègement n°1 correspond à la partie la plus épargnée par le virus.
Sur cette partie du territoire, les attestations ne sont plus nécessaires lors des déplacements, les salons de coiffure et de beauté rouvrent de même que les jardins et les transports en commun.
Dans la deuxième zone, l’allègement où le virus est plus présent, connait des règles plus strictes. Dans cette partie qui inclue notamment de grandes métropoles comme Rabat, Casablanca, Tanger, Fès ou encore Marrakech, les autorisations de sortie sont toujours de mise, les commerces sont tenus de fermer à partir de 20 h ; les transports en commun reprennent doucement et les déplacements vers les autres villes sont toujours réservés au travail avec ordre de mission de l’employeur.
Si des rumeurs annoncent une réouverture des frontières terrestres, aériennes et maritimes pour juillet, après la levée de l’état d’urgence sanitaire, annoncée pour le 10 de ce mois, d’autres voix assurent qu’il n’en est rien et qu’il serait préférable d’attendre plus longtemps avant de faire le pas. Un pas, pour le moment jugé hasardeux par certains.
À ce jour, le pays a franchi le cap des 12 000 et la vitesse s’accélère, les contaminations allant à la hausse. Malgré tout, on se veut rassurant au département de la Santé : « Les rebonds de nouveaux cas de covid-19 seraient justifiés par l’accélération des dépistages collectifs, actifs et précoces » explique-t-on.
Cette assurance de l’autorité sanitaire encourage le Maroc à relancer les activités socio-économiques dont certaines sont à l’arrêt depuis près de 3 mois. Dont notamment les activités touristiques qui sont particulièrement tributaires de la réouverture des frontières.
Retour donc à la case départ : peut-on ou non ouvrir les frontières ?
Un fait pourtant encourageant : l’Union Européenne s’accorde sur la réouverture de ses frontières avec le Maroc dont les activités touristiques
seraient relancées, grâce à l’afflux des touristes européens qui apprécient la destination Maroc, sachant que le tourisme qui compte parmi les secteurs-clés de l’économie du pays, est en attente.
Cela n’échappe pas à nos décideurs qui y voient un point plutôt positif.
Pour ceux qui souhaitent partir vers Maroc et qui s’interrogent sur la réouverture des frontières, un fait ne leur aura pas échappé : sur le site de la compagnie aérienne nationale , Royal Air Maroc , des vols sont d’ores et déjà proposés depuis le 16 juin 2020 au départ des aéroports parisiens d’Orly et de Roissy Charles de Gaulle. Cependant, cela ne signifie pas pour autant qu’il sera possible d’y aller pour des vacances : la date officielle de la réouverture des frontières marocaines n’ayant pas encore été annoncée tandis qu’en Europe, on espère rouvrir l’espace Schengen en ce mois de juillet.
Toujours est-il qu’à ce jour, aucune annonce n’a été faite sur la réouverture des frontières marocaines, fermées depuis mi-mars, alors que les professionnels du tourisme demandent davantage de visibilité.
Le 26 juin, les ambassadeurs des pays de l’UE et de l’espace Schengen ont proposé une liste d’une quinzaine d’États, incluant le Maroc qui pourrait bénéficier d’une ouverture progressive côté UE.
Thomas Reilly, l’ambassadeur de la Grande-Bretagne à Rabat, a annoncé dans un tweet que le Maroc procéderait à l’ouverture de ses frontières à partir du 10 juillet 2020, au plus tôt : «La décision de rouvrir les frontières dépend de la situation épidémiologique internationale et locale. Cela dépend également des mesures prises par les pays, surtout voisins, pour limiter le risque de propagation du virus» a-t-il déclaré.
L’Espagne, pour sa part, a décidé, le 22 juin dernier, la prorogation de la fermeture de ses frontières avec le Maroc. En juillet les frontières du côté espagnol devraient être ouvertes mais pas de confirmation encore, du côté marocain.
Mais, si le gouvernement n’a pas encore annoncé officiellement de dates, les préparatifs sont en cours au niveau de l’Office national des aéroports (ONDA) qui a déjà adapté les aéroports à toutes les mesures sanitaires afin d’endiguer l’épidémie.
Cela ne signifie pas, pour autant, qu’il serait possible de voyager cet été vers ou à partir du Maroc, sachant que l’épidémie du coronavirus pourrait probablement impacter la saison touristique.
En attendant, plus de 30 000 voyageurs marocains, bloqués aux quatre coins du monde, attendent de rentrer chez eux. Les rapatriements ont timidement débuté pour les quelques 1 100 voyageurs, placés en quarantaine à l’arrivée. Pour les autres, on annonce qu’ils seront peu à peu rapatriés, mais selon des priorités. Sauf que leur prise en charge ne pourra plus être totale. Un pack (payant) hébergement-vol-dépistage leur sera proposé. C’est du moins ce qu’a annoncé le ministre des Affaires étrangères, de la Coopération africaine et des Marocains résidant à l’Étranger, Nasser Bourita.
Le plus déconcertant, c’est que la plupart de ces Marocains bloqués malgré eux depuis de très longues semaines à l’étranger, n’ont plus les moyens de payer leur voyage de retour, ni les autres frais qui en découlent.